Jacques Mansion
Légende :
Le premier agent envoyé en France par le 2e Bureau fut Jacques Mansion. Pour des raisons de prestige, Passy le présenta comme le premier agent débarqué sur les côtes françaises. En réalité, Mansion ne partit qu'en août, après Hubert Moreau, un jeune officier français recruté directement par l'IS.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © SHD GR 16 P 390 122 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Septembre 1940
Lieu : Angleterre
Contexte historique
Jacques Mansion est né le 7 mars 1914 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) d'un père ingénieur des Travaux Publics. Il entre à l'Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse puis devient contrôleur au Service Vente de Renault à Paris. Mobilisé au 1er Régiment d'Infanterie à Cambrai en septembre 1939, il est réformé définitif pour blessure en avril 1940 et renvoyé dans ses foyers. Refusant la défaite, il passe en Grande-Bretagne le 17 juin 1940 et s'engage dans les Forces Françaises Libres.
Affecté au SR de la France Libre que commande André Dewavrin ("Passy"), il est volontaire pour une mission spéciale et est le premier agent de ce service à partir en mission en territoire occupé. Débarqué clandestinement en France le 17 juillet 1940, il recueille, pendant plusieurs semaines des renseignements d'ordre militaire de la plus haute importance. Le 5 septembre 1940, sa mission terminée, il rentre en Angleterre depuis la Bretagne avec un opérateur radio à bord d'un bâtiment de pêche.
Volontaire pour une deuxième mission, Jacques Mansion débarque clandestinement avec un bateau de pêche, la Marie-Louise, en territoire occupé le 6 décembre 1940 en compagnie d'Emile Barlier du réseau Nemrod. Il travaille durant six mois de façon intensive pour communiquer au commandement français à Londres, notamment via Girard - alias Honoré d'Estienne d'Orves - chef de Nemrod, des informations du plus grand intérêt.
Après une tentative avortée de quitter la France en avril 1941, Jacques Mansion rentre en Angleterre en juillet 1941 avec le sous-marin Sea Lion, dans le cadre d'une opération maritime montée par le réseau "Johnny" et les services britanniques. De retour en Angleterre, très fatigué, après plus de sept mois passés en territoire occupé, il repart néanmoins pour une troisième mission. Le 3 octobre 1941, il est parachuté dans le cadre de la mission "Jacques II" avec un opérateur radio, Pétillon (alias Ker). Son poste radio étant inutilisable, traqué par la Gestapo et la police, il reçoit l'ordre, fin février 1942, de rentrer en Angleterre. Arrêté en Espagne, il est incarcéré pendant quatre mois avant de rejoindre Gibraltar puis Londres.
Jacques Mansion est alors placé à la tête de l'Ecole "Jedburgh" où, grâce à son expérience, il peut former un personnel d'élite pour le travail clandestin en France. Le 6 juin 1944, il prend la direction de l'Ecole américaine du plan "Proust" où il continue de former le personnel destiné aux missions spéciales. En août 1944, de nouveau volontaire pour une mission d'action en France occupée, il est parachuté en Bretagne pour aider les maquis et participe à la libération de Paimpol, Lézardrieux, Tréguier et Saint-Brieuc où il se distingue en se portant en terrain découvert, sous le feu d'obus antichars et de mitrailleuses, pour ramener le commandant Dupérier dangereusement blessé.
Affecté à la Division américaine du général Patton, il part pour l'Allemagne où il participe à la libération des camps de Buchenwald et de Dora avant de faire la jonction avec les Russes à Magdebourg, au printemps 1945. Jacques Mansion termine la guerre avec le grade de capitaine et devient ensuite directeur de surplus dans la Marne. Affecté en Casamance, dans le cadre du plan Marshall, il occupe ensuite différents postes dans des cabinets ministériels. Il devient enfin contrôleur à la 6e Brigade de répression du braconnage.
Jacques Mansion est décédé le 12 novembre 1990 à Olonne-sur-mer (85) où il a été inhumé.