Gilbert Renault dit colonel Rémy
Légende :
Gilbert Renault, fondateur du réseau CND - Castille
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique noir et blanc
Date document : sans date
Lieu : France
Contexte historique
Gilbert Renault, aîné d'une famille de neuf enfants, est né le 6 août 1904 à Vannes dans le Morbihan. Son père, professeur de philosophie et d'anglais au collège de Vannes puis inspecteur général d'une compagnie d'assurances, meurt en 1925. Après des études au collège Saint-François Xavier de Vannes, il obtient son baccalauréat et suit les cours de la faculté de Droit à Rennes. Gilbert Renault est d'abord attaché à la Banque de France en 1924 avant de se lancer, à la fin des années trente, dans la production cinématographique.
Père de quatre enfants, il cherche vainement à s'engager au moment de la déclaration de guerre de septembre 1939. En juin 1940, il refuse l'armistice et, après avoir d'abord tenté de gagner l'Afrique du Nord, s'embarque pour l'Angleterre, à bord d'un chalutier amarré dans le port de Lorient, le 18 juin 1940. Il atteint le Verdon où il s'embarque à nouveau sur un cargo norvégien, le Lista, et parvient en Grande-Bretagne le 22 juin 1940. Dès son arrivée, il s'engage dans les Forces françaises libres. Affecté aux Services de renseignement, nommé chef de mission de 2e classe, il repart pour la France, via l'Espagne, dès le début du mois d'août, chargé par le général de Gaulle d'une mission de renseignement consistant à surveiller les mouvements de l'ennemi tout le long de la côte Atlantique, de Brest à la frontière espagnole.
Pour accomplir sa mission, Gilbert Renault fonde, en novembre 1940, la Confrérie Notre-Dame qui s'étendra progressivement à l'ensemble de la zone occupée et même à la Belgique. La CND travaille en liaison avec l'Organisation civile et militaire (OCM) du colonel Touny qui crée, à l'instigation de Rémy, le réseau Centurie. L'effectif des agents de la CND atteindra le chiffre de 1.375 personnes et celui de Centurie 1.682. C'est grâce aux renseignements fournis par les agents des réseaux de Gilbert Renault (qui a pris en 1941 le nom de Rémy) que peuvent avoir lieu aussi bien l'interception du Bismarck en mai 1941, que l'immobilisation des cuirassés Scharnhost et Gneisenau dans la rade de Brest - informations recueillies par le lieutenant de vaisseau Philippon et transmises par Bernard Anquetil - ou encore le raid des commandos britanniques sur Bruneval en février 1942 - rendu possible par les renseignements du capitaine Roger Dumont.
En juin 1942, Rémy, pourchassé par la Gestapo, doit quitter la France. Il transporte alors personnellement jusqu'en Grande-Bretagne le plan des défenses allemandes du Westwall, qui va de Cherbourg à Honfleur. Cette carte allemande, récupérée par des agents de Centurie, servira de base aux préparatifs du débarquement du 6 juin 1944. Le tout ayant été rendu possible grâce à un système très complet de liaisons radio, aériennes et maritimes mis en place par la CND et dont profiteront d'autres réseaux ou mouvements comme Cohors-Asturies fondé par Jean Cavaillès ou l'OCM du colonel Touny. La Gestapo, n'ayant pu parvenir à arrêter Rémy, se venge en arrêtant sa mère, ses cinq sœurs - dont deux seront déportées - et son frère Philippe qui ne reviendra pas de Déportation. De retour en France, le colonel Rémy organise également les premiers contacts entre la France combattante et les Franc-tireurs et partisans et le Parti communiste clandestin dont il accompagne à Londres le représentant, Fernand Grenier, en janvier 1943.
Au mois de novembre 1943, durement frappée à plusieurs reprises, la CND est à peu près entièrement dévastée par la trahison d'un de ses agents. Avec les éléments restants de Centurie, l'adjoint du colonel Rémy, le colonel Verrière ("Lecomte"), constitue un nouveau réseau : Castille. Au moment de la libération de Paris, à la tête d'une soixantaine d'officiers des services spéciaux et de parachutistes du 2e régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP), il est chargé de réquisitionner l'Hôtel Majestic pour y installer les services spéciaux et de mettre la main sur les archives allemandes. Après la guerre, Gilbert Renault entre pendant quelque temps au cabinet personnel du général de Gaulle et organise les grands rassemblements du RPF avant de devenir un écrivain populaire et prolifique. Gilbert Renault dit Rémy est décédé le 29 juillet 1984 à Guingamp. Ses obsèques se sont déroulées à Lanmodez dans les Côtes d'Armor. Il a été inhumé au cimetière de Kermouster sur la commune de Lézardrieux (Côtes d'Armor).
Décorations :
Commandeur de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance avec rosette, Distinguished Service Order (GB), Officier de l'Ordre de l'Empire Britannique (GB), Officier de la Legion of Merit (USA), Officier de la Couronne de Belgique, Croix de guerre Belge, Commandeur du Mérite (Luxembourg).
Notice extraite du DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004
Auteur : Vladimir Trouplin
Sources :
Archives du Musée de l'Ordre de la Libération, dossier individuel de Gilbert Renault.