Alter Goldman dit Albert
Légende :
Membre du groupe lyonnais de la section juive de la MOI depuis 1942, Albert Goldman rejoint l’UJRE à sa création en 1943 où il est chargé de former le premier groupe de combat à Lyon. En juin 1944, il est nommé responsable militaire de la zone Sud pour l'UJRE. Il prend part aux combats de la libération de Lyon.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Mémorial de la Shoah / Coll. MJP Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon
Contexte historique
Fils de Berek Lejb Goldman et Chaja née Choren, Alter Moïse Goldman naît 17 novembre 1909 à Lublin (Pologne). Son père décède le 22 novembre 1910 alors qu'Alter a tout juste un an. En 1925, âgé de quinze ans, il quitte la Pologne pour fuir l’antisémitisme qui règne dans son pays natal. En 1976, il déclare dans un entretien qu’il a déjà lorsqu’il quitte la Pologne quatre ans d’activisme derrière lui, notamment au sein de la section juive du parti communiste. Il travaille six mois en Allemagne puis gagne la France en juin 1925, pays symbole à ses yeux de la liberté depuis la Révolution française. Refusant de poursuivre la profession de tailleur, un « métier de juif » comme il le dit lui-même, il se fait embaucher dans les mines de Trémuson en Bretagne où il reste de juillet à septembre 1925, puis en septembre 1926. Il réside ensuite dans la Nièvre à Fleury-sur-Loire de 1926 à 1927 et enfin à Paris où il trouve un emploi d’ouvrier dans un atelier de confection, 104 rue des Couronnes dans le XXe arrondissement.
Naturalisé français par décret du 13 juillet 1930 (Journal officiel du 27 juillet 1930), il contracte la même année un engagement de deux ans au 5e régiment de Chasseurs d’Afrique. Revenu à Paris, il devient ouvrier tailleur et pratique le football au YASK (Yiddishe Arbeiter Sporting Klub) à Puteaux. Proche des communistes, il garde néanmoins une distance critique.
Mobilisé au 11e régiment de Dragons portés le 5 septembre 1939, il est cité à l’ordre du régiment pour sa bravoure au front et décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze. Démobilisé le 3 août 1940, il reprend son métier à Paris jusqu’en mai 1941 puis à Lyon jusqu’en novembre 1942, date à laquelle il devient clandestin.
En 1942 et 1943, son dossier est étudié à deux reprises par la commission de révision des naturalisations mise en place par le régime de Vichy, qui prive plus de 15 000 Français récemment naturalisés de toute nationalité, sans possibilité de se défendre. Il échappe au statut d'apatride grâce à un passé peu bruyant et à un commentaire dans son dossier faisant mention de ses blessures au combat, d'une citation et d'une période de captivité.
Entré dans la résistance organisée en août 1942 au sein du groupe lyonnais de la section juive de la MOI, il rejoint l’Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE) à sa création en 1943. Jacques Ravine, responsable de l’UJRE pour la zone Sud, le charge en octobre 1943 de former à Lyon le premier noyau des groupes de combat de l’organisation. La première réunion se tient au 151 rue Paul-Bert à Lyon. Dans son témoignage recueilli par David Diamant, Goldman écrit : "Au début, nous n’étions que cinq camarades, après quinze jours nous étions déjà quatre groupes". Dépourvus d’armes, les premiers revolvers qui équipent le groupe sont fournis par les FTP. Après quelques semaines, les premiers groupes sont disloqués pour des raisons de sécurité. Une nouvelle direction est mise en place et renforcée notamment par l’arrivée de Jacob Tancerman, responsable militaire régional fin 1943.
A Lyon et ses environs, les actions des groupes de combat de l’UJRE se multiplient : sabotage de transformateurs, attentat contre une maison de repos destinée aux Allemands à Lyon, attentats contre les locaux de l’UGIF rue Sainte-Catherine au cours desquels les archives sont subtilisées, sabotages de machines-outils à Villeurbanne… En juin 1944, Goldman est nommé responsable militaire de la zone Sud, succédant à Jacob Tancerman parti pour la capitale. Il organise alors des groupes de combat à Toulouse, Marseille, Agen, Grenoble ou encore Avignon. Il assure la répartition du matériel nécessaire aux différents groupes, contrôle leurs directions, dirige le fonctionnement général.
Avec les groupes de combat de l’UJRE de Lyon, il prend part aux opérations de la libération de Villeurbanne, occupe le consulat allemand, le bureau de placement pour l’Allemagne et le siège du Parti populaire français.
Mis en congé à la dissolution des groupes de combat de l’UJRE en octobre 1944, Goldman est cité à l’ordre du régiment (avec attribution de la croix de guerre avec étoile de bronze) le 31 mai 1947 pour ses activités dans la Résistance. Alter Goldman se marie en juin 1949 avec Ruth Ambrunn, une résistante juive née à Munich en 1922, dont la famille s’était installée à Lyon en 1933. Ils s’installent avenue Gambetta dans le XXe arrondissement de Paris pus à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). Le couple tient un magasin d’articles de sport. En 1988, Alter Goldman est décoré de la Légion d’honneur pour son action dans la Résistance. Il décède en décembre de la même année. Il était le père de quatre enfants : Pierre (né en 1944), Evelyne (née en 1950), Jean-Jacques (né en 1951) et Robert (né en 1953).
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 261 811
Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine : 12369 X 1930 (dossier de naturalisation)
Mémorial de la Shoah, Paris : CMXXV-12-2 ; CMXXV-11-1-2 (témoignage manuscrit d’Albert Goldman)
AACCE, Les Juifs ont résisté en France, 1940-1945, 2009
Eric Le Bourhis, Le mystère Goldman - Portrait d'un homme très discret, Paris, Prisma, 2014
Jacques Ravine, La Résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973
« Entretien avec Alter Goldman par Wladimir Rabi » (19 janvier 1976 à Montrouge), Supplément aux Temps Modernes , numéro 353, décembre 1976 [en ligne]