Boruch (Boris) Lerner
Légende :
Photographie anthropométrique de Boruch Lerner, Paris, 30 juin 1943
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives de la Préfecture de Police de Paris - GB 183 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : 30 juin 1943
Lieu : France - Ile-de-France - Paris
Contexte historique
Boris Lerner est né dans une famille juive le 15 décembre 1914 dans l’empire russe à Lipcani en Bessarabie. La conquête de ce territoire par l’armée roumaine en octobre 1917 force la famille à émigrer. Sa jeune sœur meurt durant le voyage. En 1922, la famille s’installe à Cernauti (ou Tchernivtsi, aujourd’hui en Ukraine). Il va à l’école et s’engage à quinze ans dans l’organisation révolutionnaire de la jeunesse écolière, d’obédience communiste. Pour ses activités militantes, il est emprisonné quatre mois et est exclu du lycée. Il part alors pour Bucarest où il continue ses activités militantes communistes, pour lesquelles il est de nombreuses fois arrêté ; il est élu au Comité central de l’Union des jeunesses communistes.
Il quitte la Roumanie en 1938 pour s’engager, en Espagne, dans les Brigades internationales qui combattent les nationalistes aux côtés des républicains mais s’établit finalement à Paris, la guerre civile touchant à sa fin. Il s’engage dans l’armée française le 17 octobre 1939. Versé au 1er régiment de marche de volontaires étrangers (RVME), il rejoint Barcarès mais il y tombe malade et est réformé le 24 janvier 1940. De retour à Paris, il suit une formation d’ajusteur durant quelques mois. En juin 1940, il quitte la capitale avec sa compagne, Hdasa Tenenbaum, avec qui il vient d’avoir un enfant pour échapper à l’occupation allemande. Arrêté, le couple est interné au camp de Brens (Tarn) puis à celui de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) où son enfant meurt. Boris et son épouse parviennent à s’évader et regagnent la capitale, dans le XIe arrondissement, en septembre 1941.
En août 1942, il se procure des fausses cartes d’identité au nom de Ostrosky pour lui et de Mierzejski pour sa compagne. C’est sous ces identités que le couple loue un logement au 44 avenue Richaud à Arcueil (actuel Val-de-Marne).
En novembre, il rencontre par hasard un juif, « Zimmer », qui avait été détenu en même temps que lui au camp de Rivesaltes. Ce dernier lui propose de rejoindre une organisation clandestine qui lutte contre les Allemands. C’est ainsi que Boruch Lerner rejoint les communistes juifs parisiens passés dans la clandestinité et s’engage au sein du deuxième détachement des FTP- MOI où il devient l’adjoint de Meyer List. Il participe à des actions armées, notamment l’attaque à la grenade d’un hôtel d’officiers allemands boulevard Raspail ou la pose d’une bombe au ministère de la Marine, place de la Concorde (VIIIe). En décembre 1942, devenu responsable de l’armement de la région P 10, il s’occupe du dépôt d’armes situé au 18 rue Dauphine à Paris (VIe arr.) et de la fabrication des explosifs.
A partir du 28 avril 1943, les inspecteurs de la Brigade spéciale prennent Lerner en filature, lui attribuant dans leurs rapports le pseudonyme de « Moustache ». Il est ainsi vu à plusieurs reprises en compagnie de Meyer List et d’autres individus également sous surveillance. Se sachant repéré, Boruch Lerner en informe ses supérieurs qui lui suggèrent de quitter Paris pour rejoindre l’Est de la France. Il est finalement arrêté le 29 juin 1943, par trois inspecteurs de la BS2 rue Dauphine, tout comme sa compagne. Lors de la perquisition effectuée rue Dauphine, les policiers français saisissent une soixantaine d’engins explosifs et du matériel pour les confectionner. Ils trouvent également une fausse carte d’identité́ au nom de Serge Ostrovski, une fiche de démobilisation datée du 9 septembre 1940 au même nom établie à Caussade (Tarn-et-Garonne), des tickets d’alimentation et d’une quittance de loyer au nom d’Ostrovski au 43 avenue d’Ivry à Paris (XIIIe arr.). Lors de la perquisition de ce logement et du 44 avenue Réchaud à Arcueil (Seine, actuel Val-de-Marne) où Boruch Lerner habite depuis peu, d’autres faux papiers sont saisis. Il est d’abord interrogé par les policiers français qui le livrent aux Allemands. Il est condamné à mort pour "menées terroristes et activité́ de franc-tireur" le 20 septembre 1943 par le tribunal du Gross Paris qui siège rue Boissy-d’Anglas à Paris (VIIIe arr.). Il est fusillé le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) en compagnie d’autres résistants du 2e détachement juif des FTP-MOI, Nonnique Tuchklaper et André Engros et la veille de l’exécution de son chef, Mayer List. Hadassa Tenenbaum, son épouse, est internée à Drancy et déportée le 31 juillet 1943 à destination d’Auschwitz-Birkenau où elle parvient à survivre.
Auteur : Guillaume Pollack
Sources et bibliographie :
Archives de la Préfecture de Police, Paris : GB 130 Affaire Lerner
Service historique de la Défense, DAVCC Caen : AC 21P 562 304
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 365 217
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Diamant, carton 6
Notice "LERNER Boruch, dit Boria [alias OSTROVSKY]" par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 6 février 2010, dernière modification le 20 novembre 2020.