Thomas Elek

Légende :

Ayant fui la Hongrie avec ses parents pour venir s’installer à Paris, Thomas Elek fut un militant très actif des organisations de jeunesse reconstituées dans la clandestinité par le PC avant de rejoindre en 1942 la lutte armée au sein des FTP-MOI et de participer à quelques-unes des actions de guérilla les plus spectaculaires organisées au cœur de Paris au cours du printemps et de l’été 1943.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives de la Préfecture de Police de Paris - GB 177 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie anthopométrique en noir et blanc

Date document : 22 novembre 1943

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Contexte historique

Ayant fui la Hongrie avec ses parents pour venir s’installer à Paris, Thomas Elek fut un militant très actif des organisations de jeunesse reconstituées dans la clandestinité par le PC avant de rejoindre en 1942 la lutte armée au sein des FTP-MOI et de participer à quelques-unes des actions de guérilla les plus spectaculaires organisées au cœur de Paris au cours du printemps et de l’été 1943.

Thomas Elek est né en 1924 dans une famille de Budapest d’origine juive mais qui est profondément athée. Professeur de langues vivantes, Sandor Elek, son père, est un militant actif du Parti communiste hongrois. Il a participé à la tentative d’insurrection communiste organisée par Béla Kun en 1919 et subi plusieurs années d’internement. En 1930, la famille Elek quitte la Hongrie pour venir s’installer à Paris. Sandor et Hélène Elek militent au sein du PC et participent en 1936 à l’aide en faveur des républicains espagnols développée par le Secours rouge. En juin 1940, les Elek quittent Paris avant l’arrivée des Allemands pour se réfugier à Dinard (Ille-et-Vilaine). Ils reviennent dans la capitale en octobre 1940 et se font recenser comme Juifs auprès des services de la Préfecture de Police, comme le leur impose la législation de Vichy.

Le restaurant que tient Hélène Elek, depuis 1933, rue de la Montagne Sainte-Geneviève (Ve arrondissement), le "fer à cheval", lieu de rencontre important des étudiants du quartier latin, devient une plaque tournante des premiers noyaux de résistance qui se développent au sein de la jeunesse parisienne au début de l’Occupation. Elève au lycée Louis-le-Grand, Thomas, âgé de 16 ans, noue des contacts avec certaines de ces organisations clandestines et rejoint en 1941 les Jeunesses communistes. Une cache aménagée au sein du restaurant de sa mère sert à entreposer le matériel nécessaire à la fabrication de tracts et papillons. Avec un groupe de camarades, Thomas participe régulièrement à ces diffusions de publications clandestines dans le quartier latin.

En mai 1942, les Elek refusent d’appliquer les nouvelles mesures qui visent les Juifs. Ils ne portent pas l’étoile jaune et continuent de fréquenter les lieux (cinémas, piscines) qui leur sont normalement désormais interdits. Leur statut de Juifs hongrois constitue une forme de protection relative et leur permet d’échapper à la rafle du Vel d’Hiv. Ces mesures discriminatoires nouvelles visant les Juifs amènent Thomas Elek à prendre conscience de ses origines juives et à les revendiquer. A la suite d’une bagarre provoquée avec un camarade de classe qui avait développé contre lui des injures racistes, Thomas quitte le lycée Louis-le-Grand et décide de s’engager totalement dans la Résistance.

En août 1942, Thomas Elek devient membre des FTP-MOI sous le matricule 10306. Il intègre le premier détachement composé de Roumains et de Hongrois. Les connaissances en physique-chimie acquises au cours de ses études lui permettent de fabriquer lui-même les engins explosifs. C’est lui qui est l’auteur le 9 novembre 1942 de l’attentat perpétré à la librairie franco-allemande Rive-gauche boulevard Saint-Michel. Il avait dissimulé la bombe artisanale au sein d’un volume en allemand du Capital de Karl Marx préalablement évidé. Le 29 mars 1943 Thomas Elek lance une grenade dans un restaurant réservé aux Allemands à Asnières, le 16 avril 1943, avec deux autres combattants déguisés en ouvriers, il jette une grenade au milieu d’un détachement allemand de passage place de l’Odéon et le 1er juin il fait partie du commando qui attaque à coups de pistolets et de grenades un détachement de soldats allemands à la station de métro Jean Jaurès. Au début de l’été 1943, Thomas Elek devient l’adjoint de Joseph Boczov qui dirige le 4e détachement des FTP-MOI chargé des sabotages ferroviaires. Il participe notamment à l’action qui entraîne le 28 juillet 1943 près de Château-Thierry la destruction d’un important convoi allemand.

Arrêté le 21 novembre 1943 dans le cadre de l’opération menée par les Brigades spéciales visant à démanteler les FTP-MOI de la région parisienne, Thomas Elek est jugé par le tribunal allemand de la Seine aux côtés de 23 de ses camarades lors du procès dit de l’Affiche rouge. La propagande allemande le stigmatise comme « Juif hongrois ». Condamné à mort, il est exécuté au Mont Valérien le 21 février 1944, à l’âge de 19 ans.  


Auteur : Fabrice Grenard

Sources et bibliographie
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 208407, dossier individuel de Thomas Elek.
Service historique de la Défense, DAVCC, Caen : AC 21 P 641229.
Ils étaient jeunes, juifs et résistants : Jacques, Thomas, Maia, Toïvi, quatre histoires de révolte, Paris, Omnibus, 2016.
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le Sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, 1994.
David Diamant, La jeunesse juive dans la Résistance, Paris, L’Harmattan, 1993.