Gustava Puterflam
Légende :
Groupe de jeunes gens à la Fête de l'Humanité, clairière de Garches (Hauts-de-Seine), septembre 1937.
De gauche à droite: assis Emile Ghertman. accroupie Gustava Puterflam. Debout deux filles inconnues, Maurice Feferman, une fille inconnue, Georges Ghertman. Le sixième à droite est Serge Morizet.
Fille de l’un des principaux responsables de la section juive de la MOI qui se reconstitue dans la clandestinité au cours de l’été 1940, Gustava Puterflam fut agent de liaison de l’organisation avant d’intégrer les FTP-MOI. Elle participa notamment à l’opération la plus retentissante qui aboutit à l’exécution en plein Paris de Julius von Ritter, le responsable du STO en France.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Mémorial de la Shoah, MXII_15923 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Septembre 1937
Lieu : France
Contexte historique
Fille de l’un des principaux responsables de la section juive de la MOI qui se reconstitue dans la clandestinité au cours de l’été 1940, Gustava Puterflam fut agent de liaison de l’organisation avant d’intégrer les FTP-MOI. Elle participa notamment à l’opération la plus retentissante qui aboutit à l’exécution en plein Paris de Julius von Ritter, le responsable du STO en France.
Née à Varsovie le 30 octobre 1920, Gustava Puterflam quitte la Pologne avec sa famille pour venir s’installer à Paris, au 54 rue Custine, dans le XVIIIe arrondissement. Son père, Moszek (dit "Rex") exerce la profession de photographe et milite au sein de la section juive que le PC a constituée au sein de la MOI. Il fait partie du petit groupe qui reconstitue l’organisation dans la clandestinité et reprend la publication de Unzer Wort (Notre parole) au cours de l’été 1940. C’est même à son domicile de la rue Custine qu’a lieu la première réunion élargie de l’organisation, au début du mois de septembre 1940, avec notamment la participation de Samuel Nadler, David Kutner, Adam Rayski, Louis Gronowski et Jacques Kaminski. L’objectif est de réorganiser la section juive en rétablissant les liens et contacts avec les différents comités d’immeuble, de rue et de quartier qui existaient avant-guerre mais ont cessé toute activité depuis l’interdiction en septembre 1939 du PC et de toutes les organisations qui lui étaient affiliées.
Aux côtés de son père, Gustava participe aux activités clandestines et devient agent de liaison de l’organisation. Elle transporte des tracts et publications clandestines et effectue les liaisons nécessaires entre l’organisation juive et l’appareil du parti. Gustava est également à cette période la compagne d’Elie Wallach, qui réside comme elle dans le XVIIIe arrondissement et milite au sein des Jeunesses Communistes. Ce dernier fait partie des premières recrues des Bataillons de la jeunesse institués au cours de l’été 1941, après que le Reich ait attaqué l’URSS, pour développer la lutte armée contre l’occupant en France. Arrêté par la police française alors qu’il portait sur lui une arme après avoir participé à une opération d’intimidation contre des fourreurs qui travaillaient pour les Allemands, Elie Wallach est jugé le 24 juillet 1942 par le tribunal militaire allemand qui le condamne à mort. Il est exécuté à l’âge de 20 ans au Mont Valérien le 27 juillet 1942.
Ce lien avec Élie Wallach et la volonté de le venger après son exécution explique sans doute que Gustava Puterflam rejoigne les FTP-MOI au cours de l’année 1942. Elle sert dans l’organisation comme agent de liaison, transmettant les messages et instructions venant de l’appareil aux différents groupes armés qui agissent sur le terrain et avec lesquels elle est en contact. Ce rôle l’amène également à être présente sur les lieux à l’occasion de certains attentats à la fois pour seconder les groupes armés dans la préparation des actions et pour pouvoir en rendre compte ensuite aux responsables du parti. Elle participe ainsi le 3 septembre 1942 à l’attaque à la grenade d’une patrouille allemande qui se déplaçait entre Sannois et Argenteuil, le 5 octobre 1942 à l’opération de minage d’un camp d’exercice allemand près des Invalides qui fera 8 morts et plusieurs blessés et le 28 janvier 1943 au grenadage d’un restaurant allemand situé rue du Plan.
En février 1943, Gustava Puterflam est affecté au service de renseignements des FTP-MOI. Elle participe à ce titre aux préparatifs de l’opération visant à exécuter en plein Paris un haut dignitaire allemand. S’ils ne connaissent pas son identité exacte, les FTP-MOI ont en fait ciblé Julius Ritter, arrivé quelques semaines plus tôt dans la capitale comme représentant de Fritz Sauckel pour coordonner les opérations concernant le STO. Julius Ritter est exécuté le 28 septembre 1943 devant son domicile de la rue Pétrarque dans le XVIe arrondissement par une équipe FTP-MOI formée de Marcel Rayman, Leo Kneler, Spartaco Fontanot et Celestino Alfonso et que Gustava Puterflam avait accompagnée.
Gustava Puterflam échappe aux différentes vagues d’arrestations de l’automne 1943 qui démantèlent une grande partie des groupes FTP-MOI de la région parisienne. Elle continue d’exercer ses activités de renseignement et participe à l’insurrection parisienne en août 1944 avec le grade de sergent. Ses activités au sein de la résistance armée lui vaudront d’être décorée de la médaille de la Résistance française à la fin de la guerre.
Auteur : Fabrice Grenard
Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 493935 (dossier individuel de Gustava Puterflam).
Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Perrin, 2018.