Ernest Appenzeller

Légende :

Adjoint d'Henry Pohorylès, chef du groupe franc niçois de l'Armée juive à partir de septembre 1943, Ernest Appenzeller est chargé début 1944 d'organiser et de diriger un corps franc similaire dans la capitale. Arrêté par la Gestapo le 18 juillet 1944, il est déporté à destination de Buchenwald le 17 août 1944 mais parvient à s’évader du train dans l'Aisne où il se met à la disposition de la résistance locale.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Mémorial de la Shoah, Paris (France) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

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Contexte historique

Fils du rabbin Israël Appenzeller et de Frida Zierber, Ernest naît le 9 mai 1926 à Vienne (Autriche). Arrivé en France le 23 mars 1939 comme réfugié israélite, il est hébergé au château de la Guette (Seine-et-Marne), maison dirigée par Flore et Georges Loinger qui accueille des enfants réfugiés d'Allemagne et d'Autriche pour la plupart rescapés de la nuit de Cristal. Après l’invasion allemande, les enfants sont évacués à La Bourboule (Puy-de-Dôme). Ernest Appenzeller se retrouve ensuite avec plusieurs adolescents juifs dans un collège franciscain à Brive-la-Gaillarde, où ils sont ravitaillés pendant trois mois par Edmond Michelet (reconnu « Juste parmi les nations » en 1995). Il arrive enfin à Nice où il est placé dans une école professionnelle.

En octobre 1942, Ernest Appenzeller se rend à Moissac munis de faux papiers d’identité fournis par les Eclaireurs israélites au nom de Leboucher Ernest. Il y reste quelques mois avant de revenir à Nice où il rejoint le groupe-franc Surcouf sous les ordres du commandant Armand Rottenberg dit « Ro ». Il participe également aux activités clandestines du Mouvement de Jeunesse sioniste à Nice.

En septembre 1943, contacté par Henry Pohorylès, Appenzeller intègre l’Organisation juive de combat (OJC) et y devient son adjoint au sein du groupe-franc de Nice. Arrêté le 15 octobre 1943 à l’hôtel du Mont-Blanc, interné au camp de Drancy, il nie être juif et, grâce à des papiers envoyés de Nice, il est libéré le 31 janvier 1944. De retour à Nice, il reprend ses fonctions dans le groupe franc et participe à la plupart de ses actions, notamment celles menées contre des Russes blancs, agents de la Gestapo.

Peu de temps après, il reçoit l’ordre du comité directeur de l’Armée juive à Toulouse, de se rendre à Paris afin de prendre en main les actions du corps franc de l’OJC. Sous le nom de Jean-Claude Lamy, il se met en rapport avec Maurice Loebenberg (Maurice Cachoud), chef du service des faux papiers du MLN, qu’il a connu à Nice, ainsi qu’avec André Amar et César Chamay de l’OJC. Le groupe-franc qu’il coordonne désormais coopère très activement aux actions menées par le groupe franc Alerte du capitaine Charcot-Neuville. Les armes et munitions du groupe, ainsi que les tampons destinés aux faux papiers, sont stockés dans son appartement du 90 boulevard de Courcelles.

Le 18 juillet 1944, il tombe dans une souricière tendue par la Gestapo de la rue de la Pompe au 70 rue Erlanger à Paris. Emprisonné à Fresnes puis à Drancy, il est déporté à destination de Buchenwald le 17 août 1944 dans le convoi dit des 51 otages. Il parvient à s’évader du train le 21 août 1944 à proximité de Saint-Quentin (Aisne) avec quelques camarades. Hébergé par le docteur Hebert, Ernest Appenzeller se met à la disposition de Jacques Marchandise, chef départemental du service de renseignements de l’OCM. Celui-ci lui demande de prendre contact avec les éléments américains qui, venant de Laon, se dirige sur Saint-Quentin, afin de leur communiquer les renseignements dont le groupe dispose sur les forces allemandes. Ernest Appenzeller établit cette liaison avec les Américains à La Fère.

Ernest Appenzeller s’installe à Tel-Aviv en 1946 où il exerce la profession de sculpteur puis d’architecte-décorateur. Il est décoré de la médaille de la Résistance française par décret du 25 juin 1946 (Journal Officiel du 11 juillet 1946).


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 15672 (dossier d'homologation) ; 2010 PA 52 (fonds du MLN).
Ordre de la Libération, commission nationale de la médaille de la Résistance française.
Mémorial de la Shoah, Paris : CMXX-2 fonds Lublin, monographies de résistants membres de l‘OJC.

Organisation juive de combat – France – 1940-1945, Paris, éditions Autremen, 2006.
Juifs au Combat, témoignage sur l’activité d’un mouvement de résistance, par Jacques Lazarus (Capitaine Jacquel) chef du groupe parisien de l’Organisation Juive de Combat, Centre de Documentation Juive Contemporaine, Série « Etudes et monographies » n°9, Paris, éditions du Centre, 1947, 153 p.