César Chamay

Légende :

César Chamay (à droite) avec un groupe d'internés au camp de Mérignac, 1943. 

Résistant à Bayonne dès la fin de l'année 1940, César Chamay est arrêté une première fois en décembre 1942. Le 7 décembre 1943, il est déporté de Drancy à destination d’Auschwitz mais parvient à s'évader du train. Début 1944, il est chef du service de renseignement de l'OJC à Paris jusq'à sa seconde arrestation le 18 juillet 1944. Déporté le 17 août 1944, il réussit une seconde fois à s'évader du convoi dans la région de Saint-Quentin.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Mémorial de la Shoah / Coll. Cheigam Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique

Date document : 1943

Lieu : France

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Contexte historique

Fils de Joseph Chamay et Esther Menasen, juif d’origine syrienne, César Chamay naît le 2 janvier 1910 à Alexandrie (Egypte). Son père décède le 22 juillet 1918 à La Haye (Hollande) ; suivant une décision judiciaire, sa mère est nommée tutrice. Ils partent vivre à Bruxelles puis en Suisse avant de s’installer à Paris vers 1920, square du Trocadéro puis au n°1 rue Le Nôtre dans le XVIe arrondissement. Etudiant à l’Ecole libre des sciences politiques, César est naturalisé français par décret du 21 novembre 1930. En 1931, il effectue son service militaire au 6e bataillon de chasseurs alpins. Le 10 juin 1934, il épouse à Paris Anne Hugues, de nationalité américaine. De cette union naissent deux enfants en 1935 et 1936.
Jusqu’en septembre 1939, César Chamay est gérant du bureau parisien de la maison Loeb et Liverpool, 18 place de la Madeleine. Mobilisé en septembre 1939, il est démobilisé le 8 juin 1940. Sa femme et ses enfants partent en Amérique début 1940. Jusqu’en juin 1940 et la réquisition allemande de son immeuble, César Chamay habite au 10 boulevard Suchet à Paris (XVIe).

En décembre 1940, il rejoint un groupe lié au Mouvement de libération nationale (préfiguration du mouvement Combat) à Bayonne. Sa mission principale consiste à convoyer de Narbonne à Perpignan des personnes souhaitant rejoindre la France libre. Arrêté le 8 décembre 1942 (ou le 12 selon les sources), incarcéré à la prison Saint-Michel à Toulouse, puis au fort du Hâ à Bordeaux, il est envoyé ensuite au camp de Mérignac où il se rapproche du rabbin Stourzé. Après la déportation du rabbin, César Chamay est nommé chef des Juifs du camp, ce qui lui permet notamment d’avoir des contacts avec l’extérieur.

Le 25 novembre 1943, il est transféré à Drancy, d’où il est déporté par le convoi n°64 parti de la gare de Bobigny le 7 décembre 1943 à destination d’Auschwitz. César Chamay et trois autres déportés (Jacques Emesy, Félix Dratwa et Francis Pluntz) parviennent à s’évader en sautant du train le 8 décembre. Ils arrivent le soir même à Paris et prennent contact avec la résistance juive par l’intermédiaire de Jacqueline Amar. César Chamay reprend alors aussitôt le combat en région parisienne, devient chef du service de renseignement de l’Organisation juive de combat et participe aux actions du corps franc de Paris commandé par Ernest Appenzeller.

Dans sa séance du 20 octobre 1943, la commission de révision des naturalisations retire sa nationalité française à César Chamay (décret du 4 mai 1944 publié au Journal officiel du 13 mai 1944). En effet, l’enquête menée par la Préfecture de Police à la demande de la Commission a révélé que César Chamay a été vainement recherché et qu’ils ignorent ce qu’il est devenu depuis 1940.

Arrêté le 18 juillet 1944 dans la souricière de la rue Erlanger, Chamay est torturé par la Gestapo de la rue de la Pompe. Il est emprisonné à Fresnes, puis déporté avec les chefs de l'OJC le 17 août 1944 par le convoi dit des 51 otages. Le 21 août 1944, il s'évade avec de nombreux camarades dans la région de Saint-Quentin, après avoir arraché les barreaux de la lucarne du wagon. Les 23 évadés se scindent en petits groupes de deux ou trois ; César Chamay rentre à Paris avec André Amar le 25 août, jour de la libération de la ville.

César Chamay est décoré de la médaille de la Résistance française par décret du 10 octobre 1945 transformée en médaille de la Résistance avec rosette par décret du 17 mai 1946. Il décède en 1960 à Paris à l’âge de 49 ans.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie
Archives nationales : BB/11/12367 (Dossier de naturalisation 23200 X 29)
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 117 588 (dossier d'homologation) ; 2010 PA 52 (fonds du MLN).
Ordre de la Libération, commission nationale de la médaille de la Résistance française.
Mémorial de la Shoah, Paris :
- CMXX-2 fonds Lublin, monographies de résistants membres de l‘OJC ;
- DLXI_13, témoignage manuscrit de César Chamay, 1973.

Muriel Flicoteaux et Sabi Soulam, « Engagements, Résistances » in Mémorial des Judéo-Espagnols déportés de France, Paris, édition Muestros Dezaparesidos, 2019.
Organisation juive de combat – France – 1940-1945, Paris, éditions Autrement, 2006.
Juifs au Combat, témoignage sur l’activité d’un mouvement de résistance, par Jacques Lazarus (Capitaine Jacquel) chef du groupe parisien de l’Organisation Juive de Combat, Centre de Documentation Juive Contemporaine, Série « Etudes et monographies » n°9, Paris, éditions du Centre, 1947, 153 p.