Lucien Rubel
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives nationales 19770906/283 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Contexte historique
Fils d’Abraham Salomon Rubel et de Kajla Mitelmann, Lucien naît le 16 décembre 1923 à Lwow (Pologne). La famille s'installe en France en 1924 alors que Lucien n'a que 8 mois. Jusqu'en 1939, il fréquente le lycée de Metz où la famille Rubel demeure au 21 rue Pasteur. A la déclaration de guerre, ils se réfugient à Angoulême où Lucien reprend ses études jusqu'en juin 1942. C'est à cette date qu'il quitte Angoulême pour Lectoure (Gers) où il se cache jusqu'en janvier 1943 pour échapper aux persécutions raciales.
Installé ensuite à Grenoble, il favorise le passage d’enfants juifs vers la Suisse au départ cette ville pour le compte de l’Œuvre de secours aux enfants (OSE).
Lorsque Tony Gryn implante le Mouvement de Jeunesse sioniste (MJS) à Paris, Lucien Rubel y devient son adjoint. Il met en place un service de renseignement et un service de faux papiers en lien avec Maurice Loebenberg, responsable du service des faux papiers du Mouvement de libération nationale (MLN).
Début 1944, il est l’un des fondateurs avec Ernest Appenzeller du corps franc de l’Organisation juive de combat (OJC) dans la capitale. Il affilie ce groupe de combat au corps franc Alerte du capitaine Charcot-Neuville (Pierre Galais de son vrai nom). Après la vague d’arrestations qui frappe l’OJC à Paris le 18 juillet 1944, Lucien Rubel prend en charge la direction militaire du corps franc de l’OJC. Le corps franc est alors dirigé par un trio : Lucien Rubel, Simon Levitte pour la direction civile et Rachel Cheigam en qualité de responsable des agents de liaison.
Le 17 août 1944, Lucien Rubel est promu lieutenant FFI par le colonel Rol-Tanguy. Le lendemain, il fait partie du groupe qui prend possession du camp de Drancy, où est internée sa fiancée Patricia Graff. Du 19 au 25 août 1944, Lucien participe aux combats pour la libération de Paris en assurant la défense du quartier général de Rol-Tanguy, place Denfert-Rochereau, et en participant à la défense de l’île de la Cité au pont Saint-Michel. C’est également son groupe qui, sur ordre de Rol-Tanguy, s’empare des locaux parisiens de l’Union générale des israélites de France (UGIF).
Le 28 août 1944, le commandant Marroy, chef du bataillon République, le nomme aux fonctions de chef de section au sein de son bataillon. Le 25 septembre 1944, Rubel est blessé d’un éclat d’obus au pied droit au cours des combats de Gravelotte. C’est durant cette même bataille que Pierre Galais, dit Charcot-Neuville, est tué.
Du 17 au 31 octobre 1944, il effectue une mission pour le 2e bureau de l’état-major national FFI sur le front de l’Atlantique. A compter du 15 novembre 1944, affecté à la direction des FFI du ministère de la Guerre, il prend les fonctions d’adjoint du capitaine Roger, responsable du service des Transports. Le 28 novembre 1944, il contracte un engagement pour la durée de la guerre et est envoyé en stage à l’école de Sceaux du 16 février au 17 mars 1945. Le 14 février 1945, son grade de lieutenant FFI est homologué par la commission nationale. A sa sortie de l’école de Sceaux, il est affecté à la subdivision de Seine-et-Marne et suit un stage à l’école interrégionale des cadres à Fontainebleau du 9 avril au 11 juin 1945. Par décret du 26 mai 1945, Lucien Rubel est promu sous-lieutenant de réserve d’infanterie à titre temporaire (il l’est à titre définitif à compter du 1er juin 1945).
Le 13 février 1945, il épouse Patricia Rachel Graff qui avait également combattu au sein de l’Armée Juive et de l’OJC. Internée à Fresnes puis à Drancy, elle en avait été libérée lors de l'insurrection parisienne et avait repris le combat au sein du corps franc Alerte.
Lucien Rubel reprend ses études en 1945 et s'inscrit à la faculté des sciences en vue de préparer un certificat de biologie. En sa qualité d'officier de réserve, il sert comme instructeur, quelques heures par semaine, au centre de formation prémilitaire n°70.
Cité à l’ordre de la division le 11 décembre 1944 avec attribution de la croix de guerre avec étoile d’argent pour sa participation aux combats de la libération de Paris, Lucien Rubel reçoit également la Bronze Star américaine le 27 février 1945 "pour sa conduite héroïque le 25 septembre 1944 dans les environs de Gravelotte". Il a été homologué au titre du MLN pour la période du 1er juillet 1944 au 25 août 1944. Par décret du 7 juin 1947, Lucien Rubel est naturalisé français. En novembre 1957, il est promu au grade de capitaine de réserve. Le 16 mars 1970, Lucien Rubel est nommé au grade de chevalier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur. Il décède le 6 mai 1970 à Mulhouse avant d’avoir pu se voir remettre cette distinction.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 527 151.
Archives nationales :
- Base Léonore, dossier d’attribution de la Légion d’honneur.
- 19770906/283 - 34900X45, dossier de naturalisation.
Mémorial de la Shoah, Paris : DLXI-15, témoignage de Rachel Cheigam.
Anciens de la résistance juive de France, Organisation juive de combat : résistance-sauvetage, France 1940-1945, Paris, Autrement, 2006.