Le groupe de Nice de l’Organisation juive de Combat

Légende :

Attestation du "Cdt. Rot", Armand Rottenberg, chef du 2e bureau FFI et des groupes francs du département des Alpes-Maritimes, soulignant la part prise par le "Groupe franc israélite de l'organisation juive de Combat" dans la résistance à Nice, 22 octobre 1944.

Genre : Image

Type : Document

Source : © Mémorial de la Shoah / Coll. Diamant Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : 22 octobre 1944

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Alpes-Maritimes - Nice

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Contexte historique

La section niçoise de l’Armée juive, plus connue sous l’appellation d’Organisation juive de Combat (OJC), est mise en place au printemps 1943 par des éléments issus pour la plupart du Mouvement de Jeunesse Sioniste (MJS) et des Eclaireurs israélites de France (EIF).

Le fondateur et premier responsable de cette section est Jankiel Wajntraub, juif d’origine polonaise. Né le 13 mai 1920 à Parczyn (Pologne), Jankiel Wajntraub est arrêté à Paris et interné au camp de Pithiviers d’où il s’évade en décembre 1941. Il est alors envoyé à Nice comme responsable local du MJS. Après la capitulation italienne, Nice voit un afflux de réfugiés juifs. Les Allemands qui occupent désormais la région se lancent dans leur traque. Jankiel Wajntraub pour le MJS et Claude Gutmann pour les Eclaireurs israélites de France s’engagent dans la fabrication et la distribution de milliers de faux-papiers. Le laboratoire de faux-papiers ne cesse de fournir de fausses identités grâce à l’inlassable activité de Maurice Loebenberg, dit Cachoud. Faussaire brillant et actif, il est muté à Paris en mai 1944 en qualité de chef du service faux-papiers du Mouvement de libération nationale. Le 23 septembre 1943, Wajntraub est arrêté lors d’une rafle. Trouvé en possession de nombreux faux-papiers, il est transféré à Drancy d’où il est déporté à Auschwitz le 28 octobre 1943 où il est assassiné.

Après l’arrestation de son chef, Henry Pohorylès prend la direction du MJS et du groupe-franc de l’OJC qui se spécialise, surtout à partir du printemps 1944, dans la chasse aux dénonciateurs et indicateurs au service de la Gestapo. Le groupe se dote d’un service de renseignement (SR) chargé d’établir fiches et dossiers sur les traîtres à supprimer. Les jeunes femmes du groupe - parmi lesquelles Annette Zyman, Charlotte Sorkine ou encore Micheline Kaplan - sont chargées de filer les indicateurs et noter leurs habitudes et leurs fréquentations. Le travail qu’elles fournissent est essentiel pour la bonne réussite des opérations menées par le groupe franc. Selon plusieurs témoignages, le service de renseignements a constitué plus de 500 dossiers sur des cibles potentielles. Se basant sur les informations communiquées par les agents du SR, les membres du groupe franc mènent de nombreuses opérations de représailles, blessant grièvement ou exécutant plusieurs dénonciateurs dont Georges Karakaïef, abattu le 23 mai 1944. En parallèle et de façon bien distincte du groupe-franc d’action immédiate, le service des faux-papiers poursuit son activité d’assistance aux pourchassés et persécutés.

Le quartier général du groupe-franc est installé dans un appartement situé en plein cœur de la ville et baptisé « Le Bonnard », du nom de sa locataire, Anne-Marie Lambert alias Bonnard. C’est là que sont stockées armes et matériel destinés aux opérations. C’est également le lieu de réunion des agents de l’OJC venus de Lyon ou Toulouse.

En juin 1944, la direction de l’OJC envoie Henry Pohorylès en mission à Paris afin de terminer d’importantes négociations en vue de la livraison d’armes à son organisation par l’Intelligence Service. Avec son départ, le groupe de Nice perd son caractère propre.

Les 18 et 19 juillet 1944, la section parisienne de l’OJC est démantelée par une vague d’arrestations. Afin de la reconstituer au plus vite en vue des combats de la Libération, la direction de l’OJC envoie à Paris des militants des groupes de Nice et de Lyon. Parmi ceux de Nice figurent notamment Rachel Cheigam et sa sœur Nelly, Charlotte Sorkine, Isidore Pohorylès (le frère d’Henry) et Marc Levy.

Les combattants de l’OJC restés à Nice participent aux combats de la libération aux côtés des FFI au sein du groupe-franc Eclair.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 482 950 (Henry Pohorylès) ; GR 16P 482 951 (Isidore Pohorylès) ; GR 16P 125 756 (Rachel Cheigam)
Mémorial de la Shoah, Paris :
- DLXI-76, témoignage d’Henry Pohorylès, février 1973
- DLXI-15, témoignage de Rachel Cheigam
Archives Yad Vashem, dossier Jacques Weintraub
Musée de la Résistance azuréenne, Nice.

Organisation juive de combat – France – 1940-1945, Paris, éditions Autrement, 2006.
Anny Latour, La Résistance juive en France, Paris, Stock, 1970
Juifs au Combat, témoignage sur l’activité d’un mouvement de résistance, par Jacques Lazarus (Capitaine Jacquel) chef du groupe parisien de l’Organisation Juive de Combat, Centre de Documentation Juive Contemporaine, Série « Etudes et monographies » n°9, Paris, Editions du Centre, 1947.