Robert Endewelt
Légende :
Membre de la direction régionale parisienne des jeunes communistes juifs de la MOI, Robert Endewelt est nommé en mars 1943 à la direction parisienne de l’Union de la Jeunesse Juive. Au printemps 1944, il est chargé avec d’autres militants d’organiser des milices patriotiques juives dans la capitale.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Cliché fourni par Frédéric Dabouis pour le Maitron Droits réservés
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris
Contexte historique
Fils de Gitla Dynerman et de Szmul Endewelt, originaires de Varsovie (Pologne) et arrivés en France en 1923, Robert naît le 26 octobre 1923 à Paris (XIIe arrondissement). Après avoir suivi sa scolarité à l’école communale de Pontault-Combault (Seine-et-Marne) puis au cours complémentaire de l’école de la rue des Petits-Hôtels à Paris (Xe arrondissement), il entre en apprentissage du métier de tailleur auprès de ses parents qui exercent à domicile. Après le décès de son père en mai 1940, il devint salarié dans l’industrie de l’habillement.
En janvier 1941, il se joint à un groupe des Jeunesses communistes du Xe arrondissement et, en parallèle, au groupe de jeunes juifs de la Main d'oeuvre immigrée (MOI) du même arrondissement. Les principaux lieux de rencontre de ces jeunes sont le club sportif de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), et la salle de gymnastique du YASK (Yiddisher Arbeiter Sport Klub : Club Ouvrier Sportif Juif), 14 rue de Paradis. Il participe à plusieurs manifestations, dont celle du 13 août 1941 à la porte Saint-Denis au cours de laquelle ses camarades Henry Gautherot et Samuel Tyszelman, sont arrêtés.
Robert Endewelt entre dans la clandestinité en juin 1942 sous la fausse identité de Gabriel Rapert ("Gaby"). Il devient membre de la direction régionale parisienne des jeunes communistes juifs de la MOI. Le 23 mars 1943, il échappe au coup de filet des Brigades Spéciales de la Préfecture de police, qui entraîne l’arrestation d’Henri Krasucki et d’une cinquantaine de jeunes résistants de la MOI à Paris.
En 1943 se forme, dans les deux zones, l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) et l’Union de la jeunesse juive (UJJ). Ayant échappé à la vague d’arrestations de mars 1943, il est nommé à la direction parisienne de l’Union de la Jeunesse Juive.
Les jeunes de l’UJJ mènent des opérations de sabotage comme en témoigne Robert Endewelt : « Le sabotage contre la production destinée aux troupes allemandes a pris aussi une grande importance pour nous. Il faut savoir qu’à Paris tous les ateliers et toutes les entreprises appartenant aux professions de l’habillement, des cuirs et peaux, de la ganterie, de la fourrure et de la chaussure, étaient réquisitionnés pour les besoins de l’armée allemande. Il était crucial pour nous d’intervenir dans ce secteur, car une partie importante de la main-d’œuvre était juive, beaucoup travaillant à domicile. Ce fut pour nous, dans cette période, un objectif majeur que de ralentir et de saboter cette production. (…) Je me souviens de quelques expéditions auxquelles j’ai participé, effectuées notamment dans certains ateliers de tricoteurs où, à coups de marteaux, nous mettions hors d’usage les aiguilles des machines. (…) Certes, notre action n’a pas pu arrêter cette machine de guerre, mais elle a permis de la ralentir, de la perturber et surtout d’ouvrir à ces travailleurs juifs d’autres choix plus conformes à l’intérêt général et à celui de leur survie. »
Au printemps 1944, il est chargé avec d’autres militants d’organiser des milices patriotiques juives sous le commandement de Jean Tancerman, détaché de la zone Sud pour cette tâche d’encadrement et de préparation militaire des jeunes résistants juifs de Paris. Lors de l’insurrection parisienne d’août 1944, il participe aux ultimes combats de la caserne de la place de la République.
Engagé volontaire dans le bataillon FFI 51/22 dirigé par Boris Holban (l’un des chefs des FTP-MOI de la région parisienne), il termine la guerre avec le grade de sergent-chef dans un régiment de tirailleurs algériens, en Allemagne, dans la zone française d’occupation.
Démobilisé le 18 avril 1946, il s’installe à Paris dans le XIe arrondissement où il exerce la profession d’ouvrier mécanicien tailleur (confection pour dames) de 1947 à 1954. De 1958 à 1970, Robert Endewelt est permanent à la Fédération de Paris du PCF (membre du bureau fédéral). En novembre 1961, il est appelé au secrétariat départemental du Mouvement de la paix. En cette qualité, il est l’organisateur des grandes manifestations parisiennes contre la guerre américaine au Vietnam. Dans les années 1970, il est l’un des responsables communistes du Val-de-Marne où il s’est installé à Champigny-sur-Marne. En 1971, il quitta ses responsabilités au Mouvement de la paix et redevint collaborateur du comité central du PCF à la section de propagande. En parallèle, il se consacre activement au travail de mémoire de la Résistance : il milite à l’Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance (ANACR), est membre du Comité de Paris et secrétaire du comité local du XIXe arr. Il multiplie les témoignages dans les écoles, collèges et lycées, et participe à des colloques. Membre de l’Association Nationale des Amis du Musée de la Résistance Nationale de Champigny, il est nommé en 2008 au comité d’honneur de cette association. Membre fondateur de l’Association des amis parisiens du musée de Champigny, il en est élu « président délégué » en 2009.
Robert Endewelt décède à Paris le 17 octobre 2018.
Auteur : Fabrice Bourrée
D'après la notice « ENDEWELT Robert » par Frédéric Dabouis et Claude Pennetier, version mise en ligne le 18 janvier 2009, dernière modification le 23 juin 2019.
Bibliographie complémentaire :
Robert Endewelt, « L’engagement dans la Résistance des jeunes juifs parisiens avec la MOI (1940-1945) », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n°129, 2015, pages 139-150.
Témoignage de Robert Endewelt présenté au colloque de l’Hôtel de ville de Paris le 15 décembre 2006.
Simon Cukier, Dominique Decèze, David Diamant, Michel Grojnowski, Juifs révolutionnaires : une page d'histoire du Yiddishland en France, Paris, Messidor, 1987.