Contexte historique

Né le 12 février 1918 à Thionville (Moselle) dans une famille juive pratiquante, Ernest Lambert entre en apprentissage à Strasbourg en 1932 afin de devenir électricien en bâtiment. Il est, pendant trois ans, interne à l’Ecole de travail israélite du Bas-Rhin. Il fréquente parallèlement les Eclaireurs israélites de France. Ernest, qui a combattu au printemps 1940, est fait prisonnier mais il s’évade et gagne Toulouse où il trouve un emploi dans une entreprise d’électricité. Il retrouve alors un ami, Rodolphe Furth, qui dirige le centre de l’Organisation reconstruction travail connue sous l'acronyme ORT et qui le convainc de rejoindre l’Armé Juive (AJ) en 1942. Il entre alors en contact avec Jacques Lazarus et Albert Cohen et devient un membre actif du groupe toulousain de l’AJ.

Fin 1942, il gagne Lyon, avec sa compagne Anne-Marie, où il est chargé d’établir pour l'AJ un relais clandestin avec la Suisse. Le couple permet ainsi l’entrée sur le territoire français de sommes d’argent destinées à financer le mouvement et de nombreuses informations. Ernest parvient à faire passer en Espagne un groupe de plus de quarante enfants de l’OSE. Ces enfants rejoindront ensuite la Palestine.

En septembre 1943, il prend le commandement du groupe franc de Lyon qu’il a mis en place. Au 149 Grande Rue de la Guillotière, dans une papeterie - dépôt de journaux, il gère, avec Anne-Marie, un important dépôt d’armes et de faux papiers. Le couple diffuse également le journal clandestin Quand Même. En juin 1944, il mène une incursion dans les locaux de l’UGIF pour exiger la destruction des dossiers mettant en danger des assistés menacés d’arrestation et la fermeture des bureaux. Le commando repart avec quelques dossiers et les détruit. Quelques temps plus tard, l’ultimatum n’ayant pas été respecté, le corps franc détruit à l’explosif les locaux, vides de tout personnel.

Le 29 juin 1944, Ernest Lambert est arrêté, avec Anne-Marie et Maurice Hausner, à la gare de Lyon-Perrache par les Allemands. Si Anne-Marie est libérée rapidement, Ernest, sur lequel les Allemands ont trouvé des papiers compromettants, est interné à Montluc et torturé. Il est fusillé, avec une trentaine d’otages à Portes-les-Valences en représailles de sabotage, le 8 juillet 1944. Dans un dernier sursaut, Ernest Lambert tente d’échapper à ses bourreaux mais ces derniers le retrouvent dans une cabane de cheminots et l’exécutent. Son corps est reconnu par son épouse sur présentation d’une photographie judiciaire le 21 septembre 1944.

Titulaire de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile d’argent le 7 novembre 1945, Ernest Lambert reçoit à titre posthume la médaille de la Résistance française par décret du 24 avril 1946. Sa mémoire est aujourd’hui entretenue sur la stèle des fusillés de Portes-les-Valence, à Grenoble (dans le cimetière) sur une plaque rue Jean-Jacques Rousseau, à Metz et à Paris, 27 avenue Ségur (7e arrondissement).

L'Armée juive

Le groupe franc de l’Armée juive de Lyon

Meyer Sal

Eidel Chana Geiger, dite Anne-Marie Lambert