Samuel Leber
Légende :
Samuel Leber, résistant BUND / FFI-FTP
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Centre Medem-Arbeter Ring Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Lieu : France
Contexte historique
Samuel Leber est né à Paris le 3 décembre 1922, fils unique de Riwka, couturière, et David Leber, tailleur, militants bundistes polonais qui avaient émigré peu avant en France. La famille habite 30 rue Ramponneau dans le quartier de Belleville (XXe arrondissement de Paris). En 1929, David est un des huit bundistes fondateurs de la Bibliothèque Medem, devenue depuis la principale bibliothèque Yiddish d’Europe. Après 1931, c’est tout naturellement que le jeune Samuel rejoint le SKIF (Sotsyalistisher kinder-farband, union des enfants juifs socialistes, le mouvement de jeunesse du Bund) qui venait d’être créé en France par Cécile et Henri Steingart. Vers 1936, Samuel suit une formation de mécanicien tourneur-fraiseur.
En juin 1940, peu avant l’occupation de Paris, Samuel est envoyé par ses parents vers le sud de la France avec l’espoir qu’il puisse quitter le pays. Il arrive à Royan mais ne parvient pas à s’embarquer vers l’Angleterre et retourne à Paris. En novembre 1941, Samuel repasse en zone Sud et s’installe à Lyon, ses parents restant à Paris. Le 16 juillet 1942, Riwka et David Leber sont pris dans la rafle du Vel d’Hiv et déportés à Auschwitz une semaine plus tard par le convoi n°10. En novembre 1942, Samuel a l’âge pour être appelé aux Chantiers de Jeunesse qui remplacent le service militaire. Il accomplit sa période de 8 mois jusqu’en mai 1943 et retrouve un poste de tourneur à Grenoble jusqu’à la fin de l’année.
Appelé au Service du travail obligatoire (STO) pour partir en Allemagne, il rejoint comme de nombreux jeunes réfractaires le maquis en janvier 1944. Il est incorporé comme soldat dans le groupe FTP-MOI de Grenoble, détachement Liberté, « groupe de ville », 5e bataillon avec le matricule 94-103. Ses faux papiers sont au nom de Serge Rebel (soit Leber à l’envers). Il participe à la collecte d’informations sur les transports militaires et à des sabotages de voies de chemin de fer : Grenoble est un nœud ferroviaire important et le groupe a pour mission d’empêcher les mouvements de trains. Sans explosif, Samuel raconte qu’il leur suffisait de déboulonner silencieusement les éclisses de liaison des rails et de les décaler. Le déraillement du train était alors inévitable. Il participe aussi à la destruction d’usines travaillant pour l’ennemi, dont une fabrique de pelleteuses qu’il cite pour exemple dans son témoignage : des bombes artisanales ont été placées dans les ateliers et déclenchées au moment où personne n’y travaillait. Une autre action a été la mise hors de combat d’une patrouille allemande qui empruntait toujours le même chemin : Samuel Leber et ses compagnons de lutte y ont placé des explosifs qu’ils ont déclenchés au passage de la troupe. Leur commando agit aussi pour l’élimination ou l’intimidation de collaborateurs.
Bien sûr, tous ces engagements ne sont pas sans risques. Interpellés dans la rue avant la levée du couvre-feu vers 6h du matin pour un contrôle des papiers par deux soldats allemands, Samuel et un camarade dégainent immédiatement car ils ne peuvent pas prendre le risque d’être fouillés : ils transportent en effet des grenades et des munitions. Les Allemands ripostent, une balle fracture une des jambes de Samuel mais il parvient néanmoins à se cacher dans la cour d’une maison à Grenoble : il appelle "Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut soigner un résistant blessé ?" (1). Par chance, y habitent des résistants : il peut être admis clandestinement à l’hôpital le 7 mars 1944 et y passe 3 mois. Plus tard, pour cette action, Samuel a reçu la croix de guerre avec citation à l’ordre du corps d’armée. À son retour dans le groupe FTP, sa convalescence le limite à des actions de renseignement : il est promu officier fin juin 1944.
Grenoble est libérée sans combat le 22 août 1944. Comme de nombreux jeunes issus de la Résistance, Samuel s’enrôle après la Libération dans l’armée française, 1ère armée du Rhône et participe à la campagne d’Allemagne jusqu’à l’armistice du 8 mai 1945. Affecté à Berlin, Samuel est définitivement démobilisé en novembre 1945 avec un taux de réforme de 25% par suite de sa blessure.
Malgré les témoignages de ses chefs dans le maquis et ses états de service reconnus par de nombreuses médailles, le certificat de résistant FFI lui est refusé en mars 1952 par la commission militaire d’appartenance. Outre qu’il était devenu orphelin de la Shoah, est-ce la raison pour laquelle Samuel émigre la même année à Melbourne en Australie. Il y vécu jusqu’à son décès en 2011.
(1) Témoignage d’Aimé Skoutelski, entretien vidéo de février 2015 par Bernard Flam, Archives du Centre Medem
Auteur : Bernard Flam
Sources :
Archives familiales communiquées par Sylvie Leber, sa fille
Archives du Skif / Centre Medem, Intranet
Archives de la ville de Paris / Recensement de 1936, en ligne
Mémorial de la Shoah / fiches individuelles des personnes déportées de France, en ligne
Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 346087, dossier d’homologation de grade FFI.
Samuel, chantier de jeunesse de Bron, avril 1943
Samuel Leber, résistant BUND / FFI-FTP
Carte de résistant FTP
Samuel Leber, résistant BUND / FFI-FTP
Samuel Leber, résistant BUND / FFI-FTP
Samuel (2ème à droite) engagé dans l’armée française
Samuel Leber, résistant BUND / FFI-FTP
Médailles de Samuel Leber