Maurice Abraham Hausner
Légende :
Dans cet extrait, Maurice Hausner relate la transition de l'Armée juive vers l'Organisation juive de Combat et évoque la Main Forte.
Cet entretien a été enregistré en 2006 pour la réalisation du film de Bryan (Barak) Bard Ich Bin Jude! Ich Bin Jude! (mars 2012).
Genre : Film
Type : Témoignage
Source : © United States Holocaust Memorial Museum Droits réservés
Détails techniques :
Durée : 5 minutes 53s
Date document : 2006
Lieu : Israël
Contexte historique
Maurice Hausner est né le 26 novembre 1921 en Pologne. Sa famille émigre à Metz en 1926.
Le 1er septembre 1939, la famille Hausner se réfugie à Dijon puis à Bordeaux où Maurice reprend sa scolarité en terminale. Bouleversé par l’entrée des Allemands à Paris le 14 juin 1940, il décide de rejoindre l’Angleterre ou l’Espagne avec six amis, Juifs comme lui. Leur tentative se solde par un échec et Maurice arrive à Toulouse fin juin 1940. Inscrit à l’université de Toulouse, il y étudie les mathématiques jusqu’à la fin de l’année 1941. Il en est expulsé du fait du numerus clausus imposé par la législation antijuive de l’Etat français.
Il intègre alors les cercles d’études juives créés sous l’impulsion de Paul Rojtman, David Knout, Arnold Mandel : "Nous nous réunissions au moins deux ou trois fois par semaine, et ce cercle nous aidait à garder notre moral, ce qui était bien nécessaire, car nous nous trouvions là, très jeunes, et pour la première fois séparés de nos familles. Ce cercle était pour nous un centre de ralliement. Nous discutions les évènements en général, et d’un point de vue juif en particulier. Knout, qui était pour nous un "ancien" avait des idées nationalistes assez poussées, plutôt "révisionnistes". (…) De ce groupe, tout naturellement sont nées les idées de résistance. (Témoignage M. Hausner).
Au sein du cercle d’études se forme un groupe d’action sociale sous la direction de René Kapel et Paul Rojtman. Il s’investit alors dans l’aide aux internés des camps du sud de la France, qu’il ravitaille ou tente de faire libérer. Il est en parallèle recruté par l’Armée juive début 1942.
Sous la direction de Léonard Zupraner, il s’occupe du service de renseignements et de faux papiers ainsi que du recrutement, et ce jusqu’en mars 1943. A cette date, il reçoit l’ordre de se rendre à Grenoble et de mettre sur pied l’Organisation juive de Combat (OJC) dans cette ville. Il s’y installe sous le nom de Maurice Jourdan.
Il établit de nombreux contacts : avec Otto Giniewski et Georges Schnek du Mouvement de jeunesse sioniste (MJS) pour le service social ; Jacques Lazarus pour le recrutement et l’instruction militaire ; Ernest et Anne-Marie Lambert pour le service de renseignements dans la région lyonnaise…
De retour à Toulouse en octobre 1943, il rejoint le maquis du Rec le mois suivant avec le capitaine Jacques Lazarus. Il prend peu après le commandement du maquis de Biques (Tarn).
En février 1944, il est chargé avec son camarade Jacques Rothmann du service de passage en Espagne et permet ainsi à des centaines de jeunes de rejoindre les armées alliées. Après l’arrestation de Rothmann, il rejoint le maquis de Lacaune avec Pierre Loeb. Il y est chargé de l’instruction militaire durant un mois environ. Il revient encore une fois à Toulouse où il s’occupe des liaisons entre les maquis et la ville et du service de passage en Espagne.
Après l’arrestation d’Ernest Lambert, chef de l’OJC à Lyon, fusillé le 8 juillet 1944, il prend le commandement de cette unité régionale. Repéré à Lyon, il part quelques temps au maquis du Chambon-sur-Lignon établir le contact avec son chef, André Bass. De retour à Lyon, il intègre un groupe de combat du Comité d'action et de défense de la jeunesse juive (CADJJ) et prend part aux combats pour la libération de Lyon. Le 2 septembre 1944, avec Lucien Lublin, il prend possession des locaux du Commissariat aux questions juives.
Pour ces faits, la médaille de la Résistance française lui est décernée par décret du 20 novembre 1946.
Ses parents et ses trois sœurs, déportés, ne sont jamais revenus de l’enfer concentrationnaire.
Après la Libération, Maurice Hausner participe à l’immigration clandestine vers le futur Etat d’Israël, en lien avec les délégués de la Haganah. A l’initiative du Mossad, il fonde à Bandol en 1945 une école maritime destinée à l’entraînement des jeunes juifs rescapés des camps. En 1948, il participe à la guerre d’indépendance et s’installe définitivement près de Tel Aviv en 1949. Il y meurt en 2006.
Auteurs : Fabrice Bourrée et Maurice Lugassy
Sources et bibliographie :
Ordre de la Libération, archives de la commission nationale de la médaille de la Résistance française.
Mémorial de la Shoah, Paris : DLXI-39, témoignage de Maurice Hausner, non daté.
Georges Brandstatter, Combattants juifs dans les armées de Libération, Rennes, Ouest France, 2015.