Témoignage d’Hélène Akierman sur les parloirs

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Source : © CHRD, « Témoignage de Madame Hélène Akierman », HRT 177. Droits réservés

Détails techniques :

Extrait : 0::02:14s. Durée totale du témoignage vidéo : 89 minutes.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon

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Analyse média

Hélène Akierman, née Lewkovicz, est interviewée dans le cadre d’une collecte de témoignages oraux du CHRD (Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation) de Lyon en 1997. L’entretien est filmé dans la bibliothèque du CHRD.

Dans cet extrait, elle raconte les visites à son père, Rafaël Lewkovicz, toujours en détention à la centrale d'Eysses au printemps 1944. Agée de dix ans, Hélène se souvient du parloir de la centrale et du gardien lui refusant d’embrasser son papa mais consentant à donner l’alliance du détenu à sa mère afin qu’elle puisse la vendre.


Sources : CHRD, « Témoignage de Madame Hélène Akierman », HRT 177.

Contexte historique

Hélèna Lewkovicz est née le 24 mai 1933 à Nancy de parents émigrés polonais. Son père, Rafaël est naturalisé français dans les années vingt, sa mère Nacha Rodal le devient par mariage.

En 1940, une fois son père démobilisé et compte tenu de la situation en Lorraine, la famille juge plus prudent de quitter la ville et se réfugie à Lyon où résident déjà des parents du coté maternel. Après quelques temps passés à l’hôtel, la famille s’installe dans un logement à Villeurbanne. Le père d’Hélène s’engage alors dans un mouvement juif de résistance. Parallèlement, il intègre l’Armée secrète sous les ordres d’André Vansteenberghe, responsable du service renseignement pour la ville de Lyon. Hélène se souvient du grand nombre d’ « amis » qui viennent rendre visite à son père ou encore de cette infirmière, une résistante, qui prodigue à sa mère des soins dont elle n’a pas besoin. Un soir de mars 1943, alors que l’heure du couvre-feu est passée, le père d’Hélène ne rentre pas à la maison. Inquiets et craignant que la police ne vienne, Hélène, sa mère et son frère se réfugient chez la voisine de palier, propriétaire de l’immeuble. Dans la nuit, la police française accompagnée de son père menotté se rend à leur domicile et procède à une perquisition. Jugé et condamné, Rafaël Lewkovicz est emprisonné à la centrale d’Eysses où il participe à la révolte de février 1944 avant d’être déporté à Dachau.

Suite à l’arrestation de son mari et recevant d’incessantes convocations de la police, la mère d’Hélène décide de fuir avec ses enfants et rejoint une partie de sa famille réfugiée à Saint-Léonard-de-Noblat en Haute-Vienne. Là, ils logent dans un vieil hôtel dont la propriétaire ne les enregistre pas afin de préserver leur identité. Scolarisée, Hélène retrouve une vie quasi normale dans cette région relativement épargnée de la présence allemande. Le danger permanent qu’encourent les Juifs est toutefois bien présent comme lorsque ses cousines sont raflées et déportées alors qu’elles se rendent par le train à Limoges pour aller travailler.

Au printemps 1944, les Allemands occupent le village. Leur logeuse est alors contrainte de leur demander de partir. Hélène, sa mère et son frère sont pris en main par un jeune tchèque de leur connaissance qui les aide à rejoindre Eysses. Là, ils rendent visite à Rafaël Lewkovicz toujours en détention. Agée de dix ans, Hélène se souvient du parloir de la centrale et du gardien lui refusant d’embrasser son papa mais consentant à donner l’alliance du détenu à sa mère afin qu’elle puisse la vendre.

Sous les conseils du père, la famille Lewkovicz retourne à Lyon. Sous le nom d’Hélène Rodal, la fillette est confiée à l’internat du Vernay-Ombrosa (Caluire) où de nombreuses enfants juives sont cachées. Alors que quelques temps plus tôt, son père a pu les avertir, par un billet jeté du train et transmis par un cheminot, qu’il était en partance pour l’Allemagne, la petite Hélène pour ne pas éveiller les soupçons sur son identité, raconte au pensionnat, que son papa est prisonnier de guerre.

À l’été 1944, l’internat est investi par les Allemands. La directrice qui, durant les grandes vacances, avait gardé un certain nombre d’enfants dont Hélène, décide de les mettre en lieu sûr. Dans un premier temps, Hélène et ses camardes trouvent refuge chez un médecin de Caluire puis dans un monastère qui sert d’hôpital pour des soldats britanniques.

De la Libération, Hélène garde en mémoire les soldats américains distribuant des chewing-gum et du chocolat et le souvenir d’un GI qui s’adresse à elle en Yiddish. Après avoir retrouvé sa mère et son frère, une longue attente commence dans l’espoir du retour de son père. Au printemps 1945, un télégramme officiel informe la famille que Rafaël Lewkovicz est vivant et se trouve à Dachau. Contredit quelques mois plus tard par un nouveau leur annonçant qu’il est mort du typhus. Puis début mai 1945, alors qu’elle revient de l’école avec son frère, Hélène retrouve, à la maison, son père rentré de déportation. Aujourd’hui encore, elle se souvient de sa réaction d’enfant à cet instant : « Il sentait une drôle odeur pharmaceutique et je crois bien que je n’étais pas sûre que se soit bien lui. »

Une fois la guerre achevée, Hélène reprend ses études et suit des cours de droit à la faculté de Lyon. Puis elle se marie avec Adolph Akierman. Durant toutes ces années, elle évoque peu cette période de sa vie ; ce n’est qu’en 2002, qu’elle décide de témoigner auprès des jeunes. Et dernièrement, qu’elle entame des recherches et engage des démarches afin d’obtenir la médaille des Justes pour Antoinette Richon, directrice de l’internat du Vernay-Ombrosa.


Sources : CHRD, « Témoignage de Madame Hélène Akierman », HRT 177.