L'Unité de novembre 1943, n°2
Genre : Image
Type : Presse clandestine
Source : © Archives FNDIRP Droits réservés
Détails techniques :
Journal manuscrit et illustré. Dimensions : 26,7 x 21 cm.
Date document : Novembre 1943
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Analyse média
Parmi les journaux clandestins réalisés à la centrale d’Eysses, neuf exemplaires ont été conservés. Il s’agit notamment de quatre numéros de l’Unité, organe des embastillés d’Eysses. Ici le numéro 2 de novembre 1943.
Ces journaux permettent de comprendre les ressorts de l’organisation interne et la nature des débats engagés en détention.
On y trouve un grand foisonnement d’articles souvent critiques, permettant de saisir la vie d’une communauté nombreuse avec ses difficultés quotidiennes mais aussi ses constants efforts d’unité et d’organisation.
Auteur
: Gérard Michaut
Source : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy :
l'exemple des centrales d'Eysses et de Rennes, Paris, l'Harmattan, 2007.
Contexte historique
Les journaux clandestins écrits collectivement à Eysses entre octobre
1943 et mai 1944 sont le fruit d'une organisation élaborée, comprenant une
équipe rédactionnelle et une équipe technique. Ils permettent l'expression des
résistants de toutes tendances, communistes, gaullistes (vocable regroupant en
fait tous les résistants non communistes), républicains espagnols. Chaque
numéro, généralement en exemplaire unique, est affiché dans les préaux, passant
à tour de rôle de l'un à l'autre. Les articles répondent à des objectifs bien
précis d'efficacité immédiate pour la lutte menée en prison, et d'une formation
politique et culturelle destinée à préparer l'après-guerre. Ils permettent
également de cimenter le groupe des détenus autour des valeurs fondatrices du "collectif
d'Eysses" : l'unité, la solidarité, la combativité contre l'oppresseur et
pour la libération de la France.
Les journaux
clandestins sont écrits et dessinés à la main sur papier, généralement en un
seul exemplaire. Ils comprennent 2 ou 4 pages, calligraphiées et illustrées, en
une, deux ou même trois couleurs. Ce travail (auquel participent en particulier
Pierre Bonfante pour l'écriture et Louis Cuoq pour les dessins) est réalisé la
nuit, sous une veilleuse, entre deux rondes de surveillants. La réalisation de
ces journaux clandestins est particulièrement soignée afin de leur donner un
aspect véritablement professionnel malgré l'absence de tout moyen d'impression.
Parmi les thèmes
abordés, on trouve d'abord l'organisation et la vie des détenus à l'intérieur
de la prison. Les événements qui cimentent le groupe sont particulièrement mis
en valeur et l'unité entre tous les résistants est célébrée, même si les
difficultés rencontrées dans ce domaine ne sont pas masquées. Des informations
sont données et commentées sur la résistance extérieure et le déroulement de la
guerre. Une place est toujours réservée à la culture générale (éducation,
histoire, littérature, poésie, art...) et à l'avenir de la France libérée
(montrant des aspirations éducatives, économiques, sociales et démocratiques
proches de celles du programme du Conseil national de la Résistance). Enfin,
malgré la dureté de la situation, quelques rubriques humoristiques (comme « Qui
Eysses qui rit ? dans Le Patriote enchaîné daté du 20 décembre 1943 ») sont là pour entretenir le
moral.
Auteur
: Gérard Michaut
Source : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy :
l'exemple des centrales d'Eysses et de Rennes, Paris, l'Harmattan, 2007.