Groupe de travailleurs étrangers (GTE) de Crest
Genre : Image
Type : Photo
Producteur : Cliché Robert Serre
Source : © Collection Robert Serre Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique couleur.
Date document : Août 1998
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest
Analyse média
Un des bâtiments du 352e GTE en août 1998. Inclus dans l’usine Rey jusqu’à sa disparition, ce bâtiment est maintenant propriété du lycée Saint-Louis. À l’exception d’une cheminée déplacée, d’ouvertures supplémentaires dans la partie droite et… d’un tag, rien n’a changé : on retrouve les tuyaux de descente, la petite fenêtre et le S de consolidation d’une fissure.
Photographie prise par Robert Serre.
Auteurs : Robert Serre
Contexte historique
Le 352e GTE, créé avec des Tchèques à Agde fin juin 1940 est transféré à Lentiol, en Isère, en bordure du camp de Chambaran, à la limite de la Drôme. En mai-juin 1941, ce camp déménage à Crest (Drôme), dans une usine désaffectée. On y trouve des ressortissants de 14 nationalités : Espagnols (33 %), Tchèques (19 %), Arméniens (16 %), Allemands (10 %) Polonais, Autrichiens, Russes, Hongrois, etc.
Un autre GTE, installé dans l’hiver 1940 à Saint-Vincent-de-Charpey pour les Espagnols, fermé en octobre 1942, est amalgamé à celui de Crest.
Quelques détenus assurent l’intendance à Crest, les autres sont répartis dans toute la Drôme, fournissant une main-d’œuvre bon marché. Ils sont détachés chez des agriculteurs ou en groupes auprès d’industriels de l’énergie qui les emploient à des coupes de bois et à la fabrication du charbon de bois pour gazogènes.
Les Allemands, rapidement, puisent aussi dans cette réserve pour leurs travaux de défense comme les fortifications du « Mur de l’Atlantique » (mission Todt). Plusieurs dizaines de détenus dont de nombreux Arméniens, ont ainsi été « déportés » vers les chantiers atlantiques, notamment à la base de sous-marins de Lorient.
Le GTE a aussi été le théâtre de plusieurs rafles de juifs en août 1942 et mars 1943 (58 au total) ou d’autres détenus en 1943 et 1944. De nombreux travailleurs étrangers du GTE de Crest ont pu gagner les rangs de la Résistance et faire profiter de la force de leurs convictions et de leur expérience des combats, souvent acquise dans les rangs des Républicains espagnols ou des Brigades internationales.
Il faudra attendre, pour certains l’année 1945, voire début 1946, pour que tous les détenus de Crest puissent recouvrer une vie « normale ».
Auteurs : Robert Serre
Sources : V. Giraudier, H. Mauran, J. Sauvageon, R. Serre, Des Indésirables. Les camps de travail et d’internement durant la Seconde Guerre mondiale dans l’Ardèche et la Drôme, éd. Peuple Libre - Notre Temps, Valence, 1999. Denis Peschanski, Des étrangers dans la Résistance, Les éditions de l’Atelier, Paris, 2002.