Analyse média

On peut y lire : " Dans cet établissement tenu par M. Picot, sous l'occupation ennemie et jusqu'à la libération de Paris se réunissaient les responsables du mouvement de résistance Libération-Nord, sections Police Patrie DP et police d'Etat, sous la direction de Henri Ribière, Pierre Combes, Roger Priou-Valjean et Jean Angousset. "

L'établissement en question était en fait un restaurant, tenu par M. Picot, où avaient coutume de se réunir les membres de la section Police et Patrie du quartier. Aujourd'hui, ce restaurant existe toujours, il s'agit du Voltaire.

Contexte historique

Police et Patrie est crée en 1943 par le socialiste Roger Priou-Valjean, responsable du réseau Brutus pour la région parisienne et du secteur Paris-Nord de Libération-Nord, à la demande d'Henri Ribière. L'initiative vient du groupe socialiste du Ve arrondissement de Paris. Jean Straumann, inspecteur principal au service technique de la préfecture de police de Paris, se trouve chargé de recruter dans les milieux de la police des éléments sûrs capables d'apporter de l'aide à la Résistance sous la forme de cartes d'identité et d'alimentation, de travail ainsi que des certificats de démobilisation aux réfractaires et aux prisonniers évadés. Le groupe constitué doit également récupérer des armes et du matériel susceptible d'être mis à disposition de la Résistance le moment venu. Il distribue en parallèle les journaux clandestins Libération et Le Populaire.
Au 27 quai Voltaire, le restaurant Roger Picot sert de permanence au nouveau réseau, tandis que les réunions se tiennent à l'Ecole supérieure de physique et chimie. La création du groupe répond également à la nécessité politique, pour le parti socialiste, de renforcer sa légitimité résistante et d'occuper le terrain de la propagande et de l'action en vue de la formation des Comités locaux de Libération face au parti communiste plus précocement et plus efficacement engagé dans l'offensive contre l'occupant. La jeunesse est plus particulièrement visée par le recrutement comme l'indique une circulaire du groupe non datée : "Sur le plan de la jeunesse. Recrutez des jeunes, le maximum de jeunes. Faites leur comprendre la beauté de notre idéal. Expliquez leur la magnanimité du Socialisme et son réalisme. Donnez un sens politique à leur action militaire. Faites leur comprendre le rôle particulier que le Socialisme doit jouer dans la Résistance. De simples combattants faites des partisans. De partisans faites des apôtres." Ainsi la création de Police et Patrie s'inscrit dans un contexte plus large de reconquête politique, dans le but de former des cadres, éprouvés et garantis par la Résistance, pour la future organisation du Parti à la Libération. Le réseau, édifié par Priou-Valjean, aidé de Pierre Combes et de Jean Angousset sous les ordres desquels se trouvent le commissaire André Michel, le commissaire divisionnaire Lamboley et Jean Straumann. Outre le recrutement, le groupe est chargé de contrer l'action des policiers collaborateurs et d'organiser des groupes francs qui seront à l'origine de la prise de la Préfecture de police le 19 août 1944, haut fait d'armes du groupe. Au total les effectifs, modestes, sont estimés à 200 hommes mais contribuent à affirmer la présence de Libération-Nord lors des grands moments de l'insurrection parisienne.
Entre avril et août 1944, le groupe fait imprimer un tract, intitulé "Police et Patrie", qui comporte en tout cinq numéros. A cette activité s'ajoute celle du renseignement, transmis grâce à deux chaînes radio installées dans le Sud du département de Seine-et-Oise. Les fonctionnaires de police s'illustrent également dans la lutte contre le STO en falsifiant les listes des requis, avec l'aide de l'inspecteur du Travail René Joulain. Un service social est mis sur pied pour venir en aide aux  résistants et à leur famille.

Organigramme du groupe Police et Patrie

Police et Patrie n°1, avril 1944

Roger Priou, dit "Priou-Valjean"