Liste des membres du groupe Bayard (Yonne)
Légende :
Liste établie d'après le registre du commandant Paul Herbin, communiquée par Dany Charpy, président de l'amicale des anciens de groupe Bayard. Cette liste comporte environ 1200 noms accompagnés des matricules et de la date d'engagement au sein du groupe.
Type : Liste de noms
Source : © Collection Dany Charpy Droits réservés
Détails techniques :
Document excel mis au format pdf.
Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne
Contexte historique
Bayard est un groupe de Résistance remarquablement bien implanté à Joigny. Ce groupe, créé au cours de l'hiver 1940-1941, est indissociable de son fondateur, Paul Herbin (" Hubert "). Formé à partir d'un noyau familial solide (sa femme Emilie, sa fille Jacqueline et son fils Guy participent à la lutte) et d'amis proches comme Roger Varrey et Henri Pannequin, le groupe Bayard s'élargit rapidement. Au printemps 1941, il compte une trentaine de membres qui double un an plus tard. Enraciné dans toutes les couches sociales, le groupe Bayard est indépendant et strictement jovinien.
Les deux premières années, les activités du groupe Bayard consistent en de petits sabotages et en des actions de propagande. Herbin cherche à développer l'esprit de résistance au sein de la population jovinienne.
Début juillet 1943, Herbin est contacté par un membre du réseau Jean-Marie Buckmaster, probablement Pierre Argoud. Il entrevoit la possibilité d'obtenir des armes. A la fin de l'été 1943, Jean Marot organise une rencontre entre Paul Herbin et Pierre Vauthier. Ce dernier, membre de Libération-Nord, persuade Herbin d'accepter l'affiliation à un mouvement reconnu du Conseil national de la Résistance. Bayard est ainsi doublement affilié. Il se structure. Un comité directeur est formé. Il dispose également d'une antenne au dépôt de Migennes, laquelle, en contact avec les FTP, participe le 28 septembre, au sabotage du " tour à roues " et des " fours à réguler ". Néanmoins, Herbin parvient à sauvegarder l'autonomie de son groupe dont il entend demeurer le chef incontesté.
Au cours du printemps 1944, une terrible répression démantèle Bayard sans cependant le détruire. Le groupe est menacé dans son existence. La volonté et l'énergie d'" Hubert " font prendre au groupe jovinien un nouveau départ. Il le réorganise. " Hubert " rencontre Henri Frager (" Paul ") en mai et juin 1944. Ce dernier, venu installer le PC de son réseau dans l'Aillantais, lui demande d'augmenter ses effectifs. Herbin rétablit également le contact avec Libération-Nord par l'intermédiaire de son nouveau responsable dans l'Yonne, Gaston Vée. A la veille du Débarquement, Bayard est une organisation clandestine qui affirme regrouper 807 hommes et 34 groupes de sabotage placés sous le commandement d'un état-major dont la hiérarchie bien établie reflète le caractère très militaire de son organisateur, le commandant Herbin. Le groupe Bayard, qui bénéficie de nombreux parachutages réceptionnés sur le terrain des Miniers placé sous la responsabilité du corps franc des frères Caselli, peut organiser des attaques contre des convois allemands en repli, comme par exemple celle du 24 juillet 1944 au lieu-dit la Mardelle David.
Pour préparer la libération du département, le groupe Bayard est organisé en quatre compagnies auxquelles s'ajoutent les corps francs. Toutes ces compagnies forment la 4e demi-brigade de l'Yonne placée sous l'autorité du commandant Herbin. Cependant des problèmes surgissent. " Hubert " refuse de reconnaître l'autorité du colonel Sadoul (" Chevrier "), chef départemental des FFI, et de Jean Chapelle (" Verneuil "), qu'il juge trop jeune. Bayard n'intègre donc pas l'état-major FFI. Le 17 août 1944, " Hubert " réunit les maquisards du groupe Bayard sur les hauteurs qui dominent la vallée du Vrin. Les quatre compagnies et le corps franc entrent en action contre la Wehrmacht. Le 22 août 1944, les membres de Bayard entrent dans Joigny où aucun combat n'a lieu car les troupes allemandes ont déjà évacué la ville. Herbin est nommé commandant de la place.
Après la libération du département, les maquisards du groupe Bayard s'intègrent dans le 3e bataillon de la 4e demi-brigade de l'Yonne qui est dissoute le 26 octobre pour former le 3e bataillon du 1er régiment des volontaires de l'Yonne. Le 7 novembre, les membres du groupe Bayard quittent Joigny sous la conduite du commandant Jacques Adam.
Le prestige retiré des ces quatre années de combat est indéniable pour les membres du groupement Bayard et en particulier pour Paul Herbin. Il permet à la liste intitulée Résistance Unie, dirigée par Herbin, d'être élue dès le premier tour aux élections municipales à Joigny en avril 1945. Parallèlement, afin de perpétuer le souvenir de Bayard, ses responsables décident de transformer le groupe en amicale. Depuis cette date, quatre présidents se sont succédé : Paul Herbin de 1945 à 1947, Emilie Herbin de 1947 à 1975, Henri Pannequin de 1975 à 1989 et Serge Caselli de 1989 à 2003. Au début des années 1990, un musée mémorial a été créé à Joigny à la mémoire d'un groupe ayant exercé, localement, une influence incontestable.
Thierry Roblin, " le groupe Bayard ", in CD-ROM La Résistance dans l’Yonne, AERI, 2004.