Insigne du 1er régiment de fusiliers marins
Genre : Image
Type : Insigne
Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés
Détails techniques :
Insigne métallique
Date document : 1943
Analyse média
Le projet d'insigne du 1er Régiment de Fusiliers Marins (RFM) a été dessiné au cours de l'été 1943 par les lieutenants de vaisseau Barberot et Le Bourgeois. Ce projet visait à associer la marine et la cavalerie puisque le régiment devait devenir une unité de reconnaissance blindée. Les auteurs du projet choisirent donc un motif représentant un hippocampe. Initialement, ils imaginèrent un insigne avec un seul hippocampe mais l'insigne manquait d'esthétique. C'est en pliant en deux le papier sur lequel figurait le dessin que le lieutenant de vaisseau Barberot découvrit que l'insigne serait parfaitement équilibré avec un hippocampe de chaque côté. La première maquette de l'insigne fut confiée à un sculpteur du Caire puis l'insigne y fut fabriqué. En 1944, la maison Augis à Lyon réalisa un insigne en alliage léger (récoalium) peint, puis en métal émaillé. A la même époque, un autre modèle, sensiblement différent, fut réalisé par la maison Hermès à Paris.
Depuis la dissolution du régiment, au moins deux retirages ont été fabriqués : l'un par la maison FIA (successeur d'Augis, marquage au verso FIA LYON), l'autre par la société Drago (marquage au verso Drago Noisiel-Marne-la-Vallée). Enfin, en 1988, lorsqu'il fut décidé que le personnel appartenant aux compagnies de fusiliers marins et à l'école des fusiliers marins porterait un béret bleu foncé, un nouvel insigne très semblable vit le jour. Ce nouvel insigne était en fait la reprise de l'insigne du 1er RFM dans lequel le sabre d'abordage et le pistolet de mousquetaire avaient remplacé la croix de Lorraine. Le choix du motif de l'écu était lié à la symbolique des origines de la spécialité de fusilier "mousquetaire des vaisseaux du Roy". L'ancre symbolisait la Marine. Sa fabrication fut confiée à la maison BALME qui en confectionna 7 000, dont cinq en argent massif, jusqu'en juillet 1989. Le dos de l'insigne comporte le nom du fabricant et un cartouche pour recevoir un numéro. Seul un nombre réduit de ces insignes fut numéroté (environ 150). Dans la Marine, où les filiations et les héritages de traditions sont quasi-inexistants, ce choix offrait l'avantage de lier les fusiliers marins d'aujourd'hui à leurs glorieux anciens. Malheureusement, il semble que cette façon de voir les choses n'ait pas été partagée par tous et une circulaire du 21 septembre 1990 vint prescrire l'abandon de ce modèle.
Renseignements communiqués par Serge Le Coustour, Commissaire en chef de 1ère classe de la marine (H)
Contexte historique
En juillet 1940 est crée, sur décision de l'amiral Muselier (commandant les FNFL), le 1er bataillon de fusiliers marins (1er BFM), commandé par le lieutenant de vaisseau Détroyat. Son effectif est de 250 hommes. Après quelques semaines d'entraînement au camp d'Aldershot, le Bataillon embarque à Liverpool à destination de Dakar (opération Menace) dans le but de rallier l'Afrique occidentale française à la France libre. Après l'échec de cette tentative, le 1er BFM débarque à Douala au Cameroun avant de participer activement aux opérations de ralliement du Gabon et à la prise de Lambaréné en novembre 1940.
L'unité organise ensuite la défense de Port-Gentil et de Brazzaville au Congo, prenant en charge l'administration générale du secteur, la levée et l'instruction de troupes africaines pour la France libre. Le 23 avril 1941, au terme d'un long périple qui l'oblige à faire le tour de l'Afrique, le bataillon arrive au camp de Qastina en Palestine où se regroupent les forces terrestres françaises qui se préparent à entrer en Syrie aux côtés des forces britanniques. A partir du 13 juin, le 1er BFM prend part aux opérations jusqu'à la prise de Damas le 20. Le bilan est lourd : les pertes s'élèvent à 40 % des effectifs engagés et le commandant Détroyat est tué (le lieutenant de vaisseau des Moutis le remplace), Amyot d'Inville et Touchaleaume sont blessés.
Promu capitaine de corvette, Amyot d'Inville prend à son tour le commandement du bataillon qu’il transforme en unité de Défense Contre Avions (DCA), équipé dans un premier temps de matériel récupéré en Syrie. Le bataillon est ainsi chargé de la défense aérienne de la 1ère Brigade française libre du général Koenig, intégrée à la VIIIe Armée britannique. Le 1er BFM participe à tous les combats, en Libye et en Égypte ; Halfaya (janvier 1942), Bir-Hakeim (mai-juin 1942), El Alamein (octobre 1942 ). A Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin 1942, durant quinze jours de combats ininterrompus, les fusiliers tirent 47 200 obus de DCA, abattent 7 avions allemands et détruisent de nombreux véhicules de l' Afrika Korps. Le bataillon reçoit pour ces faits d’armes une citation à l'ordre de l'Armée.
Le 24 septembre 1943, le 1er Bataillon de fusiliers marins ayant gonflé ses effectifs avec des volontaires provenant de la marine d'Afrique du Nord (en particulier radios et mécaniciens), il devient le 1er Régiment de fusiliers marins (1er RFM), unité blindée de reconnaissance de la 1ère DFL. Le commandement est confié au capitaine de corvette Hubert Amyot d'Inville. Après un entraînement soutenu, le 1er RFM débarque à Naples au sein de la 1ère DFL, le 22 avril 1944. Il s'insère dans le plan de bataille qui va entreprendre de rompre le front allemand qui barre toute l'Italie au sud de Rome, dès le 12 mai 1944. Après les violents combats sur le Garigliano, le RFM (qui est en avant-garde de la Division sur trois axes) combat brillamment à Montefiascone et Radicofani. Il compte 61 tués, dont Amyot d'Inville et 140 blessés.
Débarquée en Provence, à Cavalaire, le 16 août 1944, sous le commandement du capitaine de corvette Pierre de Morsier, l’unité combat pour la libération de Toulon et d’Hyères, puis remonte la vallée du Rhône, pénètre dans Lyon évacuée par les troupes allemandes, puis atteint Autun. Il fait la jonction avec le 1er régiment de marche de spahis marocains (débarqué en Normandie avec la 2e DB) à Châtillon-sur-Seine le 12 septembre. Ce fait est considéré comme l'une des jonctions entre les troupes alliées de Normandie et celles de Provence.
Il participe ensuite activement à la campagne des Vosges puis d’Alsace avant d’être envoyé avec la 1ère DFL sur le front de l’Atlantique (poche de Royan) mais il est rappelé en urgence sur le front de l’Est suite à la contre-offensive de Von Rundstedt en décembre 1944. En janvier 1945, les fusiliers marins se distinguent à nouveau en Alsace avant de poursuivre leur marche victorieuse vers le Rhin.
Retirée du front d'Alsace, la Division est affectée au détachement de l'armée des Alpes en avril 1945. En août 1945, le 1er RFM est remis à la disposition des autorités navales.
Entre octobre 1940 et mai 1945, l'ensemble 1er BFM/1er RFM à perdu 195 hommes dont 12 officiers, parmi lesquels 2 de ses commandants. 200 Croix de guerre, 70 Médailles militaires, 32 Légion d'honneur et 31 Croix de la libération ont été décernées à ses hommes.
Le drapeau du 1er RFM compte 5 citations à l'ordre de l'armée obtenues pour 1939-1945 avec attribution de la Croix de la Libération, de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre. Le drapeau, la mémoire et la tradition du 1er Régiment de fusiliers marins sont aujourd’hui confiés à l'Ecole des fusiliers de Lorient.
Sources :
Col Bleu n°2994 du 9 juin 2012, page 32.
Georges Fleury, Les Fusiliers Marins de la France libre, Grasset, 1987.
Site Internet du musée de l'Ordre de la Libération