Allée à la mémoire d’Emma Allègre à Montélimar
Légende :
De nombreuses plaques ou stèles commémorent le souvenir de résistants ou résistantes.
Genre : Image
Type : Plaque
Producteur : photo Claude et Michel Seyve
Source : © AERD Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique couleur d’une plaque de rue montée sur support métallique.
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Montélimar
Analyse média
Plaque de rue aux armoiries de la ville de Montélimar rendant hommage au courageux combat d’une résistante montilienne : « Allée Emma Allègre Résistante (1893-1966) ».
Emma Allègre âgée d’une cinquantaine d’année pendant la Seconde Guerre mondiale, habite alors 13 rue Arc du Pin à Montélimar. C’est dans cette rue tortueuse, étroite et pentue, de la ville médiévale, particulièrement dans son appartement, qu’elle apporte une aide précieuse à la Résistance locale et régionale.
A la demande de Raphaël Marchi, une plaque nominative, matérialisant cette mémoire, est installée par la municipalité de Montélimar (1989-1995) à l’entrée d’un nouveau lotissement de la ville moderne (voie d’accès au lotissement Piallat, à proximité de la route de Rochemaure), matérialise cette mémoire. Elle a été inaugurée le 28 juin 1993.
Auteurs : Claude Seyve
Contexte historique
La délibération du conseil municipal sur une dénomination des rues, datée du 28 juin 1993, a probablement eu l’aval de la majorité comme de l’opposition de l’Assemblée. On ne sait pas dans quelles conditions la plaque consacrée à Emma Allègre a été posée ni si elle a été l’occasion d’une cérémonie. Seules, l’histoire, la mémoire des maquisards qui ont côtoyé la résistante, de la famille largement engagée dans la lutte de libération nationale, nous informent de la personnalité et de l’action d’Emma Allègre.
Raphaël Marchi, dans ses mémoires, fait part de quelques traits du comportement d’Emma Allègre.
"Née en 1883, mère de quatre enfants, elle a activement participé à la Résistance pendant l'Occupation. Elle servait les maquis en matériel, parfois même en nourriture. Elle leur transmettait les ordres reçus de ses supérieurs." "Personne intègre, elle ne fit jamais état de sa personne, de ses services. Ses deux fils, Pierre et Paul, étaient également dans le maquis. Ses deux filles, Jeanne ("Katia") et Antoinette étaient au poste de commandement, soignaient les blessés ou participaient aux diverses liaisons."
Renée Audibert, habitant à Ancône à l’époque, résistante également, l’a bien connue ; elle donne d'autres précisions dans son manuscrit : "Nous avions en ville, 13 rue Arc-du-Pin, une maison qui servait de boîte aux lettres pour les maquisards, de cache pour ceux de passage et de départ pour tous ceux que nous faisions transiter vers les maquis du Nyonsais. Quand je pense à cette brave femme, ce qu'elle a été pour nous tous ! Il fallait le faire. Elle vivait seule, son mari l'ayant laissée. Elle se dévouait sans compter pour la Résistance." Combien de résistants ont transité chez elle ? L’un d’eux par exemple, Émile Bouchet, plus tard rescapé de la fusillade de Valréas (12 juin 1944), se trouvait chez elle alors que la Gestapo interrogeait les voisins sur le pas de la porte ; il réussit à s’enfuir par une toute petite fenêtre de la maison…
Raphaël Marchi évoque par ailleurs "les foulards rouges" que "madame Allègre" a préparé pour la fête du 2 septembre 1944, lorsque les maquis et bataillons Morvan défilèrent dans Montélimar libérée : "Nous avions une allure superbe. Nous étions fiers. Nous avions bien travaillé. Lorsque notre détachement de Sahune passa, avec, autour du cou, les foulards rouges que madame Allègre avait confectionnés, ce fut, du bas au haut de la Grand Rue et jusqu'à la Place d'Armes, un tonnerre d'applaudissements. Et, ne pourront le comprendre..., que ceux qui y étaient."
Ainsi approche-t-on une femme étonnante, dont le rôle est aussi discret et efficace que multiple et risqué. Et pourtant, la mémoire ne lui a réservé jusque-là qu'une place quasi anonyme. À la demande de Raphaël Marchi, une rue de la ville de Montélimar porte désormais son nom : "Allée Emma Allègre". Une plaque explicative, comme il en existe dans la ville, apposée sur sa maison pourrait rappeler la valeur de son combat contre l’oppresseur ; la demande en a été faite en Mairie le vendredi 28 septembre 2007, lors de la présentation par l’AÉRD du dévédérom sur la Résistance dans la Drôme et le Vercors.
Auteurs : Claude Seyve
Sources : Registre des délibérations municipales. Mémoires de Renée Audibert et Raphaël Marchi.