Plaque en hommage à Maurice Bourdet
Légende :
Plaque apposée à l'initiative du mouvement Ceux de la Résistance devant le domicile des époux Bourdet au 17 bis rue Mademoiselle à Versailles
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Geneanet Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleurs
Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Versailles
Contexte historique
Avant la défaite, Maurice Bourdet était speaker au Poste Parisien et sa voix était extrêmement populaire en France. Il avait un bureau au Ministère de l'Information et y fréquentait régulièrement Paul Reynaud. Au moment de la débâcle, Bourdet suivit le gouvernement ; il parla à la radio à Tours puis à Bordeaux. Il se trouvait près du maréchal Pétain lorsque celui-ci s'adressa aux Français le 17 juin 1940. Marie-Magdeleine Rasky, de son vrai nom Javurek Hrazky, est un artiste penitre née le 16 août 1897 à Alger. Avant-guerre, elle parcourt le monde pour exposer ses oeuvres.
L'armistice conclue, le gouvernement installé à Vichy, M. et Mme Bourdet revinrent en zone nord. Ils s'installèrent à Versailles où ils possédaient deux hôtels particuliers, rue Mademoiselle et rue Pilatre du Rozier. Leur maison devint rapidement un lieu de réunion clandestin pour le mouvement Combat. Les premiers contacts que Maurice Bourdet et sa femme eurent avec la Résistance organisée furent François de la Noé et Jacques Dhont. Ces derniers présentèrent Robert Guédon aux Bourdet. Robert Guédon organisait alors un groupe important en Normandie et un autre à Paris, branche nord du mouvement Combat dirigé par Frenay. Pendant toute une période, Guédon et Dhont venaient à Versailles tous les jeudis. C'était le moment où paraissaient les Petites Ailes et Véritas. Pour ces journaux Maurice Bourdet écrivait des articles. Guédon lui demanda de concevoir une radio qui émettrait clandestinement et où Maurice Bourdet parlerait. Il fut à ce sujet en rapport avec Elisabeth et Paul Dussauze.
A cette époque, le groupe reçut les plans d'un engin nouveau fabriqué pour les avions (bombe électrique, précurseur du V1). Mme Bourdet utilisa alors ses relations avec des tchèques réfugiés à Londres, et en particulier le président Bénès, qu'elle avait bien connu pour transmettre les plans aux alliés. Mme Bourdet était en effet apparentée à de grandes familles tchèques. Elle écrivit une lettre au Président Bénès où elle lui rappelait des souvenirs communs qui devaient authentifier celle-ci à coup sûr et lui demanda de transmettre sa lettre au gouvernement anglais. La lettre fut envoyée par trois voies différentes (France, Belgique, Espagne). Les lettres parties de France et de Belgique arrivèrent à destination.
En février 1942, une vague d'arrestations démantèla le mouvement combat en zone Nord. Guédon et Dhout rejoignirent la zone sud. Les Bourdet établirent ensuite le contact avec Jacques Lecompte-Boinet, fondateur du mouvement Ceux de la Résistance, et travaillèrent en étroite liaison avec lui, se rencontrant régulièrement à Sèvres et à Versailles. Maurice Bourdet trace des plans en vue de réaliser une radio clandestine, donnent des directives, multiplie les voyages. Peu à peu il construit un réseau radiophonique couvrant l'ensemble du territoire et fut bientôt prêt à déclencher une offensive radiophonique. Le projet ne put cependant aboutir. En effet, le 15 février 1944, Maurice Bourdet fut arrêté et interné à Fresnes avant d'être déporté à Neuengamme où il mourut le 14 novembre 1944.
Sa femme décida de poursuivre la lutte et maintint le contact avec Lecompte-Boinet. Elle donna son nom à son groupe de résistants versaillais "Marie-Magdeleine". Jacques Lecompte-Boinet envoya Pierre Commin à Mme Bourdet pour prendre en main CDLR en Seine-et-Oise. Mme Bourdet mit à sa disposition sa maison de la rue Mademoiselle et les services de sa domestique, Marie. Le 17 rue Mademoiselle devint le PC de CDLR en Seine-et-Oise. Mme Bourdet s'installa dans son hôtel particulier au 1bis rue Pilatre du Rozier. Elle cacha aussi des réfractaires et des parachutistes à son domicile et assura leur ravitaillement.
En août 1944, Serge Lefranc s'installa aussi au 17 rue Mademoiselle. Mme Bourdet établit différents PC dans divers cafés de Versailles et notamment dans un petit café derrière les halles, et dans celui de Suzanne Viaux, au coin du boulevard de la Reine et de la rue des Réservoirs. Joseph Léonard, futur préfet de Seine-et-Oise, installa également son PC chez Mme Bourdet. C'est à cet endroit que se tinrent les réunions entre Commin, Lefranc et Léonard.
Le jour de la prise de la mairie. Marie-Magdeleine fut acclamée par la population présente. Le Maire et le conseil municipal qui s'étaient enfermés dans une salle de la mairie furent invités par Marie-Magdeleine Bourdet à céder leur place.
Madame Bourdet devint présidente d'honneur du Comité local de libération de Versailles et maire honoraire de la ville. Elle reprit ses activités artistiques après-guerre et obtint de nombreux prix et récompenses (lauréate de la Schroeder American Institute; grand Prix internationale de la ville d'Alger en 1961; Médaille d'argent de la Ville de Paris en 1964...). Elle est en outre titulaire de la Légion d'Honneur, de la croix de guerre 1939-1945, de la médaille de la Résistance avec rosette et de plusieurs décorations étrangères.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Archives nationales, 397 AP 6 (témoignage de Marie-Magdeleine Bourdet recueilli par Marie Granet)
Marcel Petit, Histoire de l'occupation et de la libération de Versailles, Corbeil, Editions de l'Avenir, 1946.
Notice biographique de Madeleine Rasky parue dans le Who's who, 1965-1966.