Place du Père Chaillet, XIe arrondissement parisien

Légende :

Place du Père Chaillet, XIe arrondissement parisien

Genre : Image

Type : Nom de place

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 2014

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Le nom de cette place fut attribué par un arrêté municipal en date du 9 septembre 1980.


Mairie de Paris.

Contexte historique

Né dans une famille de paysans franc-comtois, Pierre Chaillet entre à 23 ans au noviciat de la compagnie de Jésus. Ordonné prêtre en 1931, il enseigne la théologie fondamentale au scolasticat de Fourvière à Lyon. Il poursuit sa formation de jésuite en Autriche, à Rome, puis en Allemagne où il découvre l'Ecole catholique de Tübingen et son chef, Jean-Adam Möhler. Jusqu'à l'entrée en guerre, il s'efforce de faire connaître cette théologie novatrice qui contribuera à l'orienter vers la Résistance spirituelle. Ses voyages en Europe l'ouvrent au drame des Eglises séparées et le rapprochent du père Congar. Mobilisé en 1939, le 5e Bureau l'envoie en mission en Hongrie. En juin 1940, il se refuse à la défaite et rentre en France pour continuer la guerre.

A Lyon, il reprend son enseignement et noue des contacts discrets. Comme chrétien et comme patriote, comme prêtre et citoyen, il s'engage dans un double combat de résistance. Il coordonne des activités d'aide aux Juifs et aux victimes du nazisme dans un organisme interconfessionnel, l'Amitié chrétienne, où il s'associe à l'abbé Glasberg et au pasteur de Pury.
Sa rencontre avec Henri Frenay, au printemps 1941, l'oriente vers la presse clandestine. Il écrit dans Les Petites Ailes et Vérités des chroniques religieuses sous le pseudonyme de "Testis", pour alerter ses lecteurs sur le nazisme, car ses séjours outre-Rhin lui ont révélé le national-socialisme à l'oeuvre. Au lendemain de l'Anschluss, il avait déjà écrit un petit ouvrage, L'Autriche souffrante, pour informer l'opinion française sur le sort de ce pays soumis à la nazification et à la persécution raciale. 

Pierre Chaillet est le fondateur et chef de file du mouvement de Résistance spirituelle Témoignage chrétien. Pour échapper aux censures de Vichy et de l'occupant, il fait le choix audacieux de la clandestinité. Son but : créer une publication pour combattre la Weltanschauung* hitlérienne raciste et néopaïenne et témoigner de la supériorité des valeurs spirituelles : la croix du Christ contre la croix gammée. Les Cahiers et Courriers du Témoignage chrétien ont gagné ce pari.

Maurice Schumann, porte parole de la France libre à Londres, lui adressa cette lettre en septembre 1944 :
« Mon Père, vous avez été notre 18 Juin Spirituel. C’est trop peu dire que nous vous lisions. Tandis que vous portiez Témoignage dans les soutes et les prisons, les pharisiens de Vichy perpétraient le pire des mensonges : d’une main, ils relevaient les autels, de l’autre, ils en éteignaient les lumières... Le jour où un missionnaire de la Résistance m’a mis votre Témoignage entre les mains, j’ai ressenti le même choc libérateur que le soir où, sur le chemin d’une retraite qui paraissait sans fin, la voix du Général de Gaulle était parvenue jusqu’à moi ».


La guerre a fait du jésuite un homme d'action. Après la victoire, il renonce à la théologie et assume diverses responsabilités : directeur jusqu'en 1956 de l'hebdomadaire Témoignage chrétien, fondateur des Cahiers du monde nouveau, président jusqu'à sa mort du Comité des oeuvres sociales de la Résistance (COSOR).

Il a vécu ses dernières années dans le silence et le renoncement. Il décède le 27 avril 1972 à Lyon.

En 1981, Pierre Chaillet a été honoré du titre de « Juste parmi les nations » pour son activité au service du sauvetage des Juifs.

 



Weltanschauung est un terme allemand désignant la conception du monde de chacun selon sa sensibilité particulière. Il associe Welt (monde) et Anschauung (vision, opinion, représentation).


Renée Bédarida, in Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Robert Laffont, 2006.