Place d'Estienne d'Orves, Paris IXe

Légende :

Place d'Estienne d'Orves, Paris IXe

Genre : Image

Type : Nom de place

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 2014

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Anciennement place de la Trinité, elle prend en 1944 le nom du résistant français Honoré d'Estienne d'Orves (1901-1941), fusillé par les Allemands au mont Valérien. En 1994, l'étendue de la place est élargie au square de la Trinité.


Page Wikipedia consultée le 7 octobre 2014.

Contexte historique

Erigé en héros de la Résistance française aux lendemains de son exécution, le 29 août 1941, Honoré d'Estienne d'Orves est né le 6 juin 1901 à Verrières-le-Buisson (Seine-et-Oise) dans une famille aristocratique provençale de tradition catholique, et dont plusieurs membres ont servi dans la "Royale".

Elève de Polytechnique, il fréquente quelque temps Antoine de Saint-Exupéry, dans le cercle d'amis de sa cousine, Louise de Vilmorin. En 1921, il choisit d'entrer à l'Ecole navale et accomplit son instruction maritime comme enseigne de vaisseau de 2e classe sur la Jeanne d'Arc, à bord duquel il parcourt et découvre le monde.

Dans les années trente, de retour sur la terre ferme, Honoré d'Estienne d'Orves, tout en préparant le concours d'entrée à l'Ecole de guerre navale, participe aux Equipes sociales, groupe de réflexions confessionnel catholique engagé dans la vie sociale. Marié en 1929 à Eliane de Lorgeril, il est, en 1939, père de quatre enfants.

Lorsque la Seconde guerre mondiale éclate, d'Estienne d'Orves est affecté à Toulon, puis il part sur le croiseur Duquesne basé à Alexandrie, dans l'escadre de l'amiral Godfroy. C'est là qu'il apprend la défaite et la signature de l'armistice ; refusant l'un et l'autre, il décide de quitter son escadre et rejoint en septembre 1940 le général de Gaulle, à Londres. Il est nommé chef du 2e Bureau de l'état-major de la France libre et obtient le grade de capitaine de corvette dans les Forces navales de la France libre (FNFL).

Impatient d'agir en France même, "Châteauvieux" (son nom dans la clandestinité) quitte l'Angleterre et débarque clandestinement sur les côtes bretonnes le 22 décembre 1940. Avec deux compagnons, Jan Doornik et Maurice Barlier, il met sur pied un des premiers réseaux de renseignement en France, le réseau Nemrod.
Honoré d'Estienne d'Orves, hébergé par un couple de Nantais, les Clément, parcourt alors la Bretagne et se rend plusieurs fois à Paris afin d'organiser son réseau et de recruter des volontaires. Trahi et dénoncé par son radio, il est arrêté le 21 janvier 1941 à Nantes par la Gestapo avec d'autres membres du réseau Nemrod, qui est rapidement démantelé. D'abord transféré avec quelques-uns de ses camarades à Berlin, il est finalement renvoyé en France et incarcéré à la prison du Cherche-Midi puis à Fresnes ; pour briser l'isolement et soutenir l'espoir de ses compagnons de captivité, il y organise clandestinement des discussions de cellule à cellule. Il rédige également des cahiers et envoie à sa famille de nombreuses lettres à travers lesquelles transparaissent sa foi et ses sentiments religieux, son optimisme aussi. La veille de sa mort, il écrit à sa sœur : "Maintenant, je vais dormir un peu. Demain matin nous aurons la messe. Que personne ne songe à me venger. Je ne désire que la paix dans la grandeur retrouvée de la France. Dites bien à tous que je meurs pour elle, pour sa liberté entière, et que j'espère que mon sacrifice lui servira. Je vous embrasse tous avec mon infinie tendresse. Honoré "
Il s'entretient régulièrement avec l'aumônier de la prison, l'abbé Franz Stock, qui apporte à Honoré d'Estienne d'Orves ainsi qu'à ses camarades Jan Doornik et Maurice Barlier, un soutien spirituel.

Le 13 mai 1941 s'ouvre le procès du réseau Nemrod devant la cour martiale allemande de Paris ; d'Estienne d'Orves, prenant sur lui l'entière responsabilité des faits, cherche à disculper ses compagnons. Après plusieurs jours de débats, Honoré d'Estienne d'Orves, accusé d'espionnage, est condamné à mort ainsi que Maurice Barlier, Yan Doornik et les Clément. Transféré à la prison de Fresnes, à la suite des attentats communistes de l'été 1941, et en dépit des démarches entreprises à Berlin pour obtenir une grâce, les condamnés sont exécutés au Mont-Valérien le 29 août 1941, à l'aube.

Aux lendemains de l'exécution, l'affiche allemande apposée sur les murs de Paris faisant état de la condamnation de d'Estienne d'Orves côtoie celle annonçant l'exécution de cinq communistes. Quelques-unes de ces affiches sont fleuries, et l'hommage ainsi rendu inspirera à Louis Aragon son célèbre poème La Rose et le Réséda, dédié aussi à Gabriel Péri et à Guy Môquet.
Nommé Compagnon de la Libération, Honoré d'Estienne d'Orves est inhumé à Verrières.



Cécile Vast, "Honoré d'Estienne d'Orves", in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.


Etienne de Montety, Honoré d'Estienne d'Orves. Un héros français, Paris, Perrin, 2001.
Honoré d'Estienne d'Orves (Rose et Philippe), Honoré d'Estienne d'Orves. Pionnier de la Résistance, Ed. France-Empire, 1985, 2001.