Edmond Trembleau
Légende :
Né le 25 juillet 1881 à Bouzy (Loiret), décédé en 1971 ; combattant de la Grande Guerre ; exploitant agricole ; organise un groupe de résistants à Lorrez-le-Bocage rattaché au mouvement Volontaires paysans et ouvriers (VPO) ; réception de parachutages ; participe aux combats de la Libération du secteur.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Famille Trembleau via Claude Cherrier Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Lieu : France - Ile-de-France - Seine-et-Marne - Lorrez-le-Bocage
Contexte historique
Edmond Trembleau est né le 25 juillet 1881 à Bouzy (Loiret). Son expérience militaire est importante. Il a effectué trois ans de service actif au 20e régiment de chasseurs à cheval, puis a été mobilisé pour la durée de la guerre 1914-1918, d'abord au 8e régiment de chasseurs, puis aux 101e et 409e régiments d'artillerie lourde. Marié avant la Grande Guerre, il a un fils, qui décède en 1928. Un autre est né en 1920. Il choisit alors l'exploitation d'une ferme modeste - la ferme de la Croix-Blanche - parfaitement isolée, près de Paley (commune de Lorrez-le-Bocage). Son républicanisme est net qui le fait adhérer au Parti radical-socialiste qu'il quitte lorsqu'il ne se sent plus en accord avec le dirigeant local, Jacques-Louis Dumesnil, ancien secrétaire d'Etat et maire de Fontainebleau. Il adhère alors à la SFIO. Homme de gauche, pacifiste, il se méfie néanmoins du nouveau régime allemand et s'exaspère de la reculade de Munich. Il ne s'étonne pas outre mesure du basculement de 1939.
En revanche, son patriotisme toujours intact le fait se rebeller face à l'armistice et à l'occupation : il songe à la Résistance dès 1940, année où il devient veuf et atteint la soixantaine. Sa maison est isolée, ses amis, âgés et dispersés. Comment faire ? Comme souvent, le hasard enclenche le mécanisme de l'engagement. Un avion britannique est abattu au-dessus de Montereau en décembre 1942. L'un des aviateurs de la carlingue est recueilli par Gilbert Rolland, habitant de Villemaréchal, et passe dix jours chez "le père Trembleau". Il peut rejoindre une filière d'évasion grâce à Gallet, de Lorrez-le-Bocage. Le STO ouvre d'autres perspectives et les réfractaires commencent à arriver à la Croix-Blanche. Après des contacts avortés avec la Seine-et-Oise, Trembleau rencontre l'équipe de Voulx, rattachée au mouvement des Volontaires et paysans et ouvriers (VPO), celle de Pouvreau et finalement de Pigelet, en présence de Gaillardon. Il y agrège son propre noyau. On parle alors du groupe de Voulx et de ses environs mais il convient de préciser que dix résistants de Paley et six de Villemaréchal ont été recrutés par Edmond Trembleau. Le groupe compte cent résistants à l'été 1944. Trembleau est donc sous les ordres de Pouvreau, si le responsable militaire reste Pau Pigelet.
La ferme de la Croix-Blanche est à l'écart de tout passage. Ses champs constituent un terrain de choix pour des parachutages. Si l'on excepte les opérations prévues le 30 juin et le 4 juillet 1944 et qui n'ont finalement pas lieu, trois parachutages se sont effectivement déroulés à la Croix-Blanche. Il s'agit de ceux du 23-24 juin (à la suite du passage du message : "Ce garçon mange trop"), du 24 juillet ("Gilbert est un grand homme"), du 4-5 août 1944 ("Maurice et Paul sont des braves"). Edmond Trembleau a donné un récit de ces opérations auxquelles il a participé, notant la présence de chacun (Gaillardon, Pouvreau, Esnault...), décrivant le dispositif de protection de la gendarmerie complice. Les armes, entreposées dans sa grange, sont ensuite réparties par Gaillardon entre les agents de Lorrez, Voulx, Paley, Villeniard ou encore Levelay. Trembleau évoqua également par la suite un poste émetteur installé dans sa ferme à partir du 5 juin 1944 et qui fut déplacé. Il s'agit en fait du poste d'"André" de l'opération "Sussex". Le parachutage du 5 août est d'ailleurs à destination de l'équipe Sussex. Pour l'anecdote, il apporte à cette occasion de la ficelle en sisal pour la moisson de Trembleau !
Le 11 août 1944, le groupe de Voulx prend le maquis dans un bois près de Saint-Ange-le-Vieil. Trembleau a dix hommes sous ses ordres. Le 18, des résistants de Villebéon et de Lorrez commandés par l'adjudant de gendarmerie Verrier, sont en difficultés au Bois-Brazot : un groupe de quarante hommes avec cinq fusils mitrailleurs vient les soutenir, attaquant de part et d'autre de Villeflambeau sur la route 219, entre Lorrez et Voulx. Des combats ont également lieu le 22 août à Creilly, au cours desquels Trembleau est blessé à la cuisse, et le 23, au bois de la montagne (dispositif d'arrière-garde allemand).
Décédé en 1971 à l'âge de 90, Edmond Trembleau est inhumé à Paley.
Décorations : Croix de guerre avec étoile de bronze (citation à l'ordre de la brigade), Médaille de la Résistance.
Claude Cherrier in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.
Sources : Archives de l'ANACR, rapport de Trembleau sur les parachutages (10 pages manuscrites), rapport sommaire d'activité (deux pages dactylographiées), rapport d'activité du groupe de Voulx (huit pages dactylographiées signées par Pouvreau et Soutan), listes diverses d'effectifs (pour Paley et Villemaréchal).