Jean Belloni à la prison de Tarbes
Légende :
Photographie de groupe prise à la prison de Tarbes en juillet 1942
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Association généalogique des familles Bourrée et Lapeyre Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique. Dimensions : 7.6 x 8.7 cm
Date document : Juillet 1942
Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Hautes-Pyrénées - Tarbes
Analyse média
Cette photographie a été prise à la prison de Tarbes en 1942. Jean Belloni se trouve au deuxième rang, complètement à droite. Arrêté le 15 juin 1941, Jean Belloni y est incarcéré depuis le 8 décembre 1942. A sa droite se trouve Germain Marlas, né le 31 juillet 1900 à Penne d’Agenais. Il appartenait au groupe communiste clandestin de Villeneuve-sur-Lot avec Jean Belloni et a été arrêté à Villeneuve-sur-Lot en juin 1941. Jugé par le tribunal militaire de Toulouse, il est incarcéré à Tarbes depuis décembre 1942.
A l’extrémité gauche du deuxième rang se trouve Joseph Stern. Né le 19 avril 1916 à Chisinau, capitale de la Bessarabie, Joseph Stern vit en France avec sa famille depuis 1931. Ingénieur dans l’aéronautique chez Bréguet à Toulouse, il est arrêté en juin 1941 avec deux ingénieurs chimistes et un comptable. Soupçonné d’avoir livré des informations sur l’aéronautique au consulat général d’URSS à Vichy, il est surtout accusé d’avoir favorisé le sabotage des usines françaises travaillant pour le Reich en zone non occupée. Jugé par le tribunal militaire de Toulouse, il est condamné le 21 octobre 1941 à dix ans de travaux forcés. Il est alors incarcéré à la prison de Tarbes. Il sera par la suite transféré à Eysses où il sera fusillé le 23 février 1944 suite à l’insurrection des internés.
Enfin, au premier rang, au centre avec les lunettes, se trouve Victor Michaut. Né le 28 octobre 1909 à Paris, membre du Comité central du parti communiste depuis 1932, Victor Michaut est désigné en juillet 1940 comme responsable politique du parti communiste clandestin pour la zone Sud. Le 28 juin 1941, il est arrêté et, le 23 septembre, condamné aux travaux forcés à perpétuité par la section spéciale du tribunal militaire de Périgueux. Il est alors successivement emprisonné à Limoges, Périgueux, Pau puis Tarbes. Il sera transféré à Eysses en octobre 1943 où il deviendra membre du triangle communiste dirigeant.
Les autres détenus présents sur la photo sont :
Détenus debouts, de gauche à droite : Stern, Fernandez, Anita, Plaque, Vigne Arthur, Marlas, Belloni
Détenus assis, de gauche à droite : Roque, Vedrine, Michaut, Fontbonne
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004.
Collectif, Un instant d’avenir. La vie de Victor Michaut, 1985. Archives de l’Association Généalogique des Familles Bourrée et Lapeyre (AGFBL).
Contexte historique
Jean Arthur Belloni est né à Monclar d’Agenais (Lot et Garonne) le 23 décembre 1896. Son père, Michel, est coiffeur et sa mère, Anne David, est tailleuse de robes. Il reprend le métier de sa mère et devient tailleur d’habits, d’abord chez Galinou puis chez Caminade, grand couturier de Villeneuve. Il n’est pas mobilisable en 1914 à cause d’une infirmité. Le 10 janvier 1920, il épouse Marguerite Varlot qui avait fui Amiens en 1917 à cause des bombardements. De leur union naît Jeannine le 30 avril 1926. Ils résident alors à Villeneuve-sur-Lot. Dans les années 1930, Jean Belloni est trésorier de la cellule communiste de Villeneuve-sur-Lot et de la société sportive « Avant garde Villeneuvoise ».
Dès 1940, il s’engage dans la lutte clandestine en distribuant des exemplaires de l’Humanité. Le groupe de résistants auquel il appartient comprend son ami Gaston Cavaillé ainsi que Germain Marlas, Oswald Demeurs et Jean Delrieu. En mai 1941, suite à la diffusion d’un numéro de l’Humanité portant des accusations à l’encontre du commissaire de police de Villeneuve, une enquête judiciaire est ouverte. Le 15 juin 1941, à la suite d’une dénonciation, la gendarmerie de Villeneuve interpelle Jean Belloni et ses quatre camarades. Il comparaît le 21 juin 1941 devant le Tribunal de Première Instance d’Agen puis est incarcéré du 15 au 18 septembre 1941 à la prison de Toulouse. Il est présenté le 27 septembre devant le Tribunal militaire de Toulouse qui le condamne à cinq ans de travaux forcés le 6 novembre 1941 pour activité communiste. Il est ensuite transféré à la maison d’arrêt de Tarbes le 8 décembre 1942 puis à celle d’Eysses le 15 octobre 1943. Suite à l’insurrection des patriotes détenus dans cette centrale, il est livré avec les autres détenus aux autorités allemandes le 30 mai 1944.
Jean Belloni est déporté le 20 juin 1944 au camp de concentration de Dachau sous le matricule 73070 ; il est affecté au commando des tailleurs. Il est rapatrié de ce camp le 17 mai 1945 mais décède des suites de sa déportation le 10 août 1947 à Amiens. La mention « Mort pour la France » a été inscrite en marge de son acte de décès le 11 avril 1949. Le titre de déporté résistant lui a été attribué à titre posthume par décision en date du 4 février 1986.
Fabrice Bourrée