"Aux soldats de la brigade polonaise des Carpathes"

Légende :

Située sur le mur du Souvenir polonais du cimetière des Champeaux à Montmorency (95), cette plaque rend hommage "aux soldats de la brigade polonaise des Carpathes" tués au combat en 1940-1942.

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Philippe Frilley

Source : © Collection Philippe Frilley Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise - Montmorency

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Le 30 juin 1940, la Brigade polonaise du Levant, commandée par le colonel Kopanski, passe au complet, et avec son armement, en Palestine et se met sous commandement britannique afin de continuer le combat contre l'envahisseur allemand. Le général Archibald Wawell, commandant des forces britanniques au Moyen Orient, adresse ses salutations aux soldats polonais et leur transmet ce message : "Je salue la Brigade polonaise et je suis fier de vous avoir sous mon commandement, nous connaissons votre valeur au combat, votre guerre, nous saluons votre présence dans nos forces."

La brigade est installée au camp d'El Latrun situé à mi-chemin entre Jérusalem et Tel Aviv. Les conditions climatiques et la nourriture sont sensiblement meilleures que précédemment. Les 12 et 13 août 1940, la brigade participe à un exercice en Palestine en prévision de la création de l'Armée de Jérusalem. A la fin du mois de septembre, la brigade reçoit des armes et du matériel anglais, et le 30 septembre 1940, elle est transportée en Egypte dans la région d'Alexandrie pour la prestation de serment des jeunes soldats. A cette époque, la situation opérationnelle de l'armée britannique dans ce secteur est extrêmement difficile. 250.000 hommes de l'armée italienne occupe Sidi Barani et se trouvent à 450 km d'Alexandrie. La brigade reçoit la mission de défendre la ville face à l'ouest. La mission est remplie avec efficacité pendant sept mois.

En janvier 1941, la brigade est réorganisée et motorisée, son effectif est porté à 348 officiers et 5.323 sous-officiers et hommes de troupes. Elle change aussi sa dénomination pour devenir « La Brigade Indépendante de Chasseurs des Carpathes ».  Elle est momentanément stationnée en Palestine et perfectionne son organisation. Le 23 mars 1941, l'artillerie de la brigade est embarquée par bateau en rapport avec l'expédition de troupes britanniques sur le front des combats en Grèce. L'insuccès de l'opération en Grèce et la crise sur le front de Libye apportent des changements. A la mi-avril, la brigade reçoit l'ordre de prendre la garnison à la place forte très en avant de Mersa Matruh avec une brigade d'Afrique du Sud. A la fin du mois de juin 1941, la brigade est déplacée au camp fortifié de Sidi Baggusk, où elle reçoit les premiers chars légers.

La Brigade dans la bataille de Tobrouk

Le 22 juin 1941, Hitler rompt le pacte avec Staline et envahit la Russie ; une nouvelle étape de la guerre commence et la brigade reçoit une nouvelle mission. Les Australiens encerclés à Tobrouk, depuis avril 1941, sont épuisés et leur gouvernement demande leur relève. Courant août, la brigade est expédiée par mer à Tobrouk pour remplacer les Australiens. En septembre 1941, la 70e Division Britannique arrive à son tour. Le général Scobbie devient le chef de la citadelle avec les Polonais, les Britanniques, les Tchèques et les Néo-Zélandais. Il compte résister, mais aussi rompre les lignes ennemies pour appuyer l'offensive le jour où elle se déclenchera. 

Les forces ennemies qui encerclent le camp se composent de la 25e Division « Bologna », la 17e Division « Pavia », la 27e Division « Brecia », la région des collines du Meduar tenue par plusieurs régiments allemands. L'Africa Korps commandée par le général Rommel, occupe le fort d'El Agueil, la passe de Mersa Brega, Sidi Omar et Bardia.

Du côté des Alliés, 9.904 hommes assurent la défense de ce camp. Les Polonais assurent la défense sur une ligne de 29 km. Face aux positions allemandes, la défense du camp retranché de Tobrouk provoque un arrêt de la progression de l'ennemi et permet l'organisation de renforts pour l'armée britannique. Pour le commandant de la forteresse : « Ici il n'y aura pas de Dunkerke, ni reddition, ni retraite ».

L'offensive britannique a lieu le 18 novembre 1941, à l'aube. Le 30e Corps blindé débouchant du Fort Maddalena s'avance vers le nord-ouest et dépasse Babr Salem. Le 19 novembre au soir, la 7e Division Blindée approche de Sidi Rezegn, la 22e Brigade avance en direction de Bir El Gobi où se trouve la division « Ariete », la 4e Brigade à droite du dispositif se heurte à la 21e Panzer, le périmètre de Tobrouk n'est plus qu'à 20 km.

A partir du 20 novembre 1941, la mêlée devient confuse. Le long du littoral, le 13e Corps blindée entame sa progression, la division Néo Zélandaise contourne l'ennemi à hauteur de Sidi Omar et se rabat vers le nord-ouest, les garnisons de Bardia, Sollum, fort Cappuzzo sont débordés comme la passe d'Halfaya. Malheureusement, la 7e Brigade blindée est bloquée à la hauteur de sidi Rezegh et El Duda, elle perd 113 chars. Le 22 novembre 1941, la 4e Brigade est écrasée par la 15e Panzer. Au soir du 23, le 30e Corps a son potentiel laminé. Cependant, entre la Via Balbia et le Tirgh Capuzzoe les Néo Zélandais atteignent Sidi Rezegh. 

A Tobrouk, sortit de son réduit, le général Scobie avec sa 70e Division bouscule la Division « Bologna » ennemie et se porte au devant des troupes alliées. Les Polonais stoppent les attaques allemandes et  repoussent toute offensive dans la région de Belhammed. Pendant ce temps, Rommel lance une offensive en direction de Sidi Omar, la résistance de la 4e Division indienne et la pénurie d'essence l'obligent à tourner court au sud de Tobrouk.

Le 26 novembre 1941, les Néo Zélandais enlèvent Sidi-Rezegh et la 70e Division débouchant du réduit s'empare d'El-Douda et fait jonction. L'encerclement de Tobrouk est provisoirement levé. Rommel stoppe ses troupes sur la frontière et revient vers l'ouest par le Trigh-Capuzzo. Puis, du 29 novembre au 2 décembre 1941, les ennemis reprennent la marche vers Tobrouk dans une mêlée complète. Les Néo Zélandais sont obligés de reculer et Tobrouk se retrouve encerclé.

Cependant, à partir du 7 décembre 1941, les troupes allemandes et italiennes entament leur repli vers l'ouest. Les Italiens se replient le long de la côte, l'Afrika Korps s'éloigne par Mechili et le djebel Akhdar. A l'est, les garnisons encerclées de Bardia, Solloum, Alfaya continuent le combat.
Les 9 et 10 décembre 1941, une patrouille d'assaut du 2e Bataillon polonais enlève la colline du Medauar et récupère un important matériel (mitrailleuses lourdes, canons antiaériens, canon antichars). 

Deux colonnes allemandes envoyées pour secourir les garnisons encerclées sont décimées par la 5e Brigade néo zélandaise et la 5e Brigade hindoue.

Le 12 décembre 1941, la brigade fait partie du 13e Corps britannique, commandé par le général John Godwin, et prend la direction d'El Adam pour assurer la défense de l'aérodrome. Ensuite, elle se déplace par route à Acroma où se forme dans la région de Gazala une réserve combattante de l'armée britannique constituée par d'Hindous et de Néo Zélandais. 

Les 14 et 16 décembre 1941 se déroule la bataille de Gazala qui se termine par une victoire des Alliés. La Brigade a fait prisonniers 59 officiers et 1.634 hommes de troupe, capturé 43 canons antichars, 6 canons de 75 mm, 9 canons antiaériens, 38 mortiers, 87 CKM et 8 chars Fiat ansaldo.  

La veille de Noël, la 8e Armée britannique entre dans Benghazi, et les armées allemandes et italiennes battent en retraite jusqu'à la frontière tripolitaine. Néanmoins, la 8e Armée n'a pas réussi à déborder les positions italiennes ni entraver la retraite de l'armée Rommel. 

A partir du 3 janvier 1942, la brigade polonaise occupe une position avancée en Cyrénaïque.
Le 21 janvier 1942, Rommel lance une nouvelle offensive et le 25 de ce même mois, la brigade reçoit l'ordre de défendre Mecheli, où la force polonaise va unir ses efforts avec la Brigade des Français libres. Durant 7 jours, la lutte sera extrêmement difficile sous des tempêtes de sable, puis avec la brigade des Français libres, elle passe dans la région de Gazala où le système de défense de ce secteur est considéré comme une position clé. 

Le 17 mars 1942, la brigade est retirée du front et envoyée au repos à Alexandrie. 

En mai 1942, la brigade est fusionnée avec des troupes polonaises du général Anders arrivées de Russie pour former la 3e Division de Chasseurs des Carpathes, qui sera intégrée au 2e Corps Polonais. 

Les pertes de la brigade pendant la campagne de Libye s'établissent ainsi : 156 tués, 467 blessés et 15 disparus. Au total : 638 soldats dont 60 officiers. 


Jean Hutin, "La Brigade Indépendante de Chasseurs des Carpathes" in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI, 2013.