Plaque à la mémoire de Czeslaw Bitner, Montmorency (Val d'Oise)

Légende :

Plaque apposée sur le Mur de la Mémoire du cimetière des Champeaux à Montmorency

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Ville de Montmorency Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

 

Date document : Janvier 2016

Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise - Montmorency

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Contexte historique

Il est né le 21 mai 1902 à Smolensk en Biélorussie russe.

Son père, médecin polonais, avait été déporté en ce lieu par les autorités russes, suite à sa condamnation pour activités patriotiques. Après la mort de son père en 1904, sa mère, accompagnée de ses trois enfants, vient s'établir à Vilnius en Lituanie. Son enfance est difficile, car la famille doit faire face à de nombreuses difficultés matérielles et de subsistance.

En 1918, à seize ans, le jeune Czeslaw  adhère aux groupes encore clandestins de l'Armée polonaise en formation avant la reconstitution de l'Etat polonais indépendant en 1918. Il appartient à la 4e Compagnie d'un bataillon d'écoliers d'autodéfense de la ville de Vilnius. Il sert ensuite dans différentes unités de l'Armée régulière polonaise reconstituée, et dans ce cadre, il participe à la sauvegarde de cette ville contre les bolcheviques.  

En 1920, il vient vivre en France, où sa mère s'établit à Strasbourg, à la suite de son remariage avec un citoyen français. Entre 1922 et 1926, Czeslaw Bitner poursuit ses études d'économie à l'Ecole Supérieure de Commerce de Varsovie. Il rentre ensuite en France, où il s'implique activement dans les groupements de commerçants et d'industriels polonais dans l'Est de la France. De 1933 à 1939, il occupe un poste de direction dans une agence de l'Office de Tourisme polonais « Orbis », puis, en 1939, il  épouse Zofia Wierzbicka, une jeune compatriote de Strasbourg.

A la déclaration de guerre, il est mobilisé en France, et s'implique dans la Commission de recrutement de Polonais, pour la reconstitution d'une Armée Polonaise libre en France.

Lors de la débâcle française, il réussit à se replier en zone Sud pour échapper à la captivité et tenter de s'embarquer vers l'Angleterre. A Toulouse, il est frappé par l'état d'abandon dans lequel se trouvent plusieurs milliers de militaires polonais, en attente vaine devant un consulat déserté par ses fonctionnaires. Ces soldats attendent assistance et consignes afin de se faire évacuer vers l'Angleterre pour y continuer la lutte contre l'occupant.

Avec l'accord des généraux polonais présents (notamment Duch), et l'accord des instances préfectorales françaises, préoccupées par cette concentration d'hommes, il prend l'initiative de la remise en route des services du consulat polonais de Toulouse. Il permet ainsi d'apporter de l'aide aux soldats réfugiés, et de remettre sous contrôle cette concentration d'hommes désorganisés. Après le retour des instances consulaires légales (ces dernières s'étaient réfugiées au Portugal devant l'avance des forces allemandes), il réussit à gagner Londres afin d'y continuer la lutte. Sur place, il s'implique  dans le projet polonais de guerre clandestine dénommé « Action Continentale » agissant dans le cadre du SOE britannique.

A ce titre, il revient en France, le 25 avril 1941, débarqué clandestinement sur une plage de Perpignan par un bateau britannique. Il est chargé de prendre contact avec Aleksander Kawalkowski pour lui remettre une lettre du ministre polonais de l'Intérieur le nommant chef de la Résistance polonaise en France. Cette organisation prend le nom de POWN (Organisation Polonaise de Lutte pour l'Indépendance), et répond au code d'Angelika. Il devient le chef d'Etat-major de Kawalkowski sous le pseudonyme de « Nicolas », et il a la mission de l'organisation territoriale du réseau, de la formation des cadres, ainsi que des liaisons avec Londres.

En février 1943, Czeslaw Bitner est convoqué à Londres pour rendre compte du fonctionnement de l'organisation POWN. Il passe la frontière clandestinement et gagne l'Angleterre sans encombre. Sa mission accomplie, il regagne la France par la même voie, en rapportant à Kawalkowski de nouvelles instructions concernant le fonctionnement de l'organisation sur le plan militaire. Il est alors nommé chef adjoint de l'organisation POWN qui répond maintenant au cryptonyme de Monika.

Il est activement pourchassé par la Gestapo, mais arrive plusieurs fois à lui échapper. Cependant, la traque se resserrant, il finit malheureusement par être arrêté le 13 juillet 1944. Il est incarcéré à la prison de Fresnes où il  est interrogé avec beaucoup de brutalité. Il est condamné à la déportation et acheminé à Compiègne dans ce but. Mais il réussit à s'échapper du train qui le conduisait à destination dans la nuit du 25 au 26 août 1944, puis est recueilli et assisté par les troupes américaines.

Après la Libération, Czeslaw Bitner est nommé Consul Général de Pologne à Lille. En juillet 1945, le Gouvernement français ne reconnaissant plus le Gouvernement polonais légitime en exil à Londres, Czeslaw Bitner remet alors les clés de son consulat aux autorités préfectorales françaises.

Czeslaw Bitner se reconvertit dans l'industrie et fonde sa propre entreprise dans laquelle il s'investit totalement, assisté de son épouse, puis de ses deux fils Marc et Georges.

En parallèle, il est nommé liquidateur national de la « Section civile » du réseau POWN-Monika. A titre bénévole, il s'adonne pleinement à cette fonction, permettant ainsi à des milliers d'anciens combattants polonais de cette organisation de faire reconnaître leurs droits.

Durant toute sa vie, il est resté fidèle à ses convictions, constituant  pour son entourage un exemple de force morale et de sérénité.

Czeslaw Bitner décède à Paris en 1985.


Jean Medrala in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI, 2013