Contexte historique

En 1941, l'adjudant-chef Henri Richard, prisonnier de guerre, s'évade du camp de La Rochelle et regagne le Lot-et-Garonne. Militaire de carrière, il est affecté au camp de Bias et intègre le réseau de camouflage du Matériel (CDM), commandé par le colonel Mollard.

En 1943, le capitaine Guérin (futur colonel "Beck", commandant des FFI du Lot-et-Garonne), commandant le camp de Bias, charge Henri Richard de mettre sur pied une unité de volontaires. Ce dernier réunit, le 10 novembre 1943, des militaires d'active du camp : Gérard Gaquières, Adolphe Mathieu, Jean Phalippou, Jean Bonnabelle, et un jeune instituteur, Serge Dubois. Leur mission : récupérer et camoufler de l'armement, recueillir des renseignements sur l'ennemi, recruter des volontaires et se tenir prêt à attaquer quand l'ordre en serait donné.

Fin novembre, le groupe est constitué : il comprend 85 volontaires et fait partie de l'ORA-AS (Organisation de Résistance de l'Armée - Armée secrète). Il est appelé groupe A.R. Villeneuve (A.R. signifiant "Armée Reconstituée") et entreprend alors des opérations de sabotage sur les voies ferrées et les lignes électriques du secteur. Au moment du débarquement, le capitaine Richard et son unité gagnent la côte 123, située dans les bois du Lédat, entre Bias et Casseneuil. Ayant vainement attendu un parachutage, ils n'ont comme armes que celles prêtées par un groupe ami sur ordre de "Beck", soit en tout et pour tout 8 mitraillettes Sten et 70 grenades. Pour être moins vulnérables, ils décident donc de se disperser. Deux détachements sont constitués : l'un est confié à Pierre Alcay (remplacé plus tard par Michel Gust), l'autre à Pierre Hostendie.

Á nouveau rassemblée le 20 juillet, l'unité prend le nom de groupe-franc 13 (GF 13), comptant sur ce chiffre pour leur porter chance. Le 23 juillet 1944, à partir de leur base de Sénézelles (au nord de Casseneuil), ils mènent un coup de main sur la Centrale d'Eysses défendue par une compagnie de GMR et parviennent à récupérer lance-roquettes, fusils, fusils mitrailleurs, mitraillettes Sten, grenades, side-cars et camions pour équiper leurs sections et accueillir des volontaires. Ils sont alors environ 200. Ces hommes sont engagés à Tonneins, à Clairac et surtout à Prayssas (combats du "Cornier" le 15 août) et à Colayrac.

Á la libération d'Agen, le 19 août 1944, l'unité occupe la préfecture, la Banque de France et la poste centrale. Son effectif est alors de 290 hommes. Après avoir défilé devant le général de Gaulle à Toulouse, la quasi-totalité des hommes du GF 13 signe son engagement pour poursuivre la guerre. Sur ordre de l'état-major FFI, la 5e section est envoyée sur le front du Médoc. Le reste du groupe est intégré à la brigade légère Garonne (compagnie d'accompagnement du 2e Bataillon) qui rejoint la Première Armée française du général de Lattre de Tassigny. Les hommes du GF13 sont ensuite versés au 4e RTT (Régiment de Tirailleurs Tunisiens), combattent sur le front des Vosges et participent à la libération de Strasbourg et de sa région. Ils ont l'honneur d'être parmi les premiers soldats français à pénétrer sur le sol allemand, à Scheibenhardt, le 19 mars 1945 (2e Bataillon du 4e RTT - compagnie du Capitaine Sahuc). Ils participeront ensuite à la prise de la ville de Stuttgart, pour y fêter l'armistice du 08 mai 1945.

Yves et André Marlas