Analyse média

Photographie de Raymond Daujat, avec son jeune fils Daniel, prise peut-être dans le jardin de sa maison, chemin de Géry, à Montélmar.

Contexte historique

René Ladet rend un hommage particulier à ses camarades résistants qui furent des auteurs d’actions de sabotage de voies ferrées, dans son ouvrage Ils ont refusé de subir. L’un d’entre eux, Raymond Daujat, en est un exemple.

À Montélimar, le 9 décembre 1943 : "quatre résistants, écrit-il, sont désignés pour faire dérailler un train de permissionnaires allemands, à deux kilomètres au sud de la gare de Montélimar. Ils posent leurs bombes contre les rails. [Survient] une ronde qui les oblige à enlever rapidement leurs explosifs et à les remettre en hâte, après le départ de la patrouille. Le train arrive avec une certaine avance et déraille sur les rails coupés par l'explosion. Mais les quatre résistants n'ont pas le temps de quitter les lieux.
Raymond Daujat, qui ferme la marche, s'aperçoit trop tard que le dernier wagon bascule dans le vide, au bord du ballast. Le wagon vient l'écraser. Les trois rescapés peuvent rejoindre leur domicile sans encombre. Ils pleurent leur chef et ami, membre de l'Armée secrète, comme eux".
Le corps mutilé de Raymond Daujat est découvert le lendemain matin.

Raymond Daujat est né en 1910 dans le Jura, gérant d'une coopérative de graines. Il est domicilié chemin de Géry à Montélimar, et laisse une veuve et un fils, Daniel.

Le 14 novembre 1944, le colonel Maurice J. Buckmaster écrit de Crest à Madame Daujat :
"... Les Anglais, alliés de la France, sont fiers d'avoir été associés avec lui, qui a tellement contribué à la victoire de nos armes et à l'entente de nos deux pays, qui seule assurera une paix durable."

Le lieutenant-colonel Douglas Vetch écrit à Daniel en mars 1945 : 
"Cher petit Daniel,
Il faut que, lorsque tu seras grand, tu saches combien ton père s'est sacrifié pour ta mère, pour toi et pour la France.
J'ai fait sa connaissance en novembre 1942 ; je l'ai enrôlé dans notre petit noyau de Résistance, en même temps que le docteur Jeune, lui aussi mort pour la patrie.
Ton père fournissait une aide précieuse aussi bien en renseignements qu'en cartes d'identité à tous ceux qui voulaient se soustraire au STO pour les Boches, ainsi qu'en cachant des étrangers [...]. Il faisait le nécessaire pour ravitailler le maquis, et avec moi, nous étions les premiers à installer dans la région des postes de transmission de TSF, afin de donner au commandement allié des renseignements pour les parachutages [...]. Ton père a été tué, dans la nuit du 9 décembre 1943, alors qu'il avait pour mission de faire sauter un pont au passage d'un train de permissionnaires boches...".
 
Raymond Daujat est le premier responsable du réseau Buckmaster. C'est, pour le réseau et le pays résistant, une bien grosse perte. Il est remplacé dans ses responsabilités par Raymond Crozier. Ce dernier était accompagné par Paul Ogier et Louis Brunel, dans l'exécution du sabotage évoqué. Trente à quarante Allemands, dont un colonel et un général, trouvent la mort dans ce coup de main.

Cadavre de Raymond Daujat