Eugène d’Hallendre
Légende :
Eugène d’Hallendre, membre du mouvement Voix du Nord et responsable régional de l’Organisation civile et militaire (OCM).
Au verso : fausse carte d’identité d’Eugène d’Hallendre datée de 1940
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Musée de la Résistance de Bondues Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : 1940
Lieu : France - Hauts-de-France (Nord - Pas-de-Calais) - Nord - Bondues
Contexte historique
Né à La Madeleine le 21 août 1898 et fusillé le 27 décembre 1943 au Fort de Bondues (Piquet n° 18).
Cheminot.
Domicilié au 1 rue de Marquette à La Madeleine.
Epoux de Lucienne Augustine BUYSSE
Durant sa jeunesse, Eugène d’Hallendre fréquente la même école que Léon TRULIN, jeune résistant belge fusillé par les Allemands à la Citadelle de Lille durant le Grande Guerre. Par la suite, il suit des études pour devenir mécanicien. Très patriote, il est engagé volontaire en 1916 dans la marine puis l’aviation, et participe à l’occupation de la Rhénanie. Il poursuit ses activités militaires comme officier de réserve. En 1922, Eugène d’Hallendre entre aux Chemins de Fer du Nord et y reste jusqu’à la fin de sa carrière. C’est un citoyen actif : militant CGT, socialiste puis radical-socialiste, il est élu au Conseil municipal de La Madeleine.
En 1940, Eugène d’Hallendre refuse l’armistice et s’oppose à toute collaboration. Dans un premier temps, il refuse de travailler pour l’occupant puis il met au service de la Résistance sa profession, ses compétences et ses relations.
Parce qu’il est cheminot dans le service d’entretien et de réparation des voies ferrées, Eugène d’Hallendre circule facilement entre son domicile situé à La Madeleine et son lieu de travail à Arras. Il parcourt de ce fait toute la région. La rédaction de son 1er tract a lieu le 1er décembre 1940 (il est opposé au Maréchal Pétain depuis l’entrevue de Montoire). Gaulliste, il écoute régulièrement la BBC et rédige des tracts antiallemands et anti vichystes : 24 tracts paraissent du 1er décembre 1940 au 4 septembre 1941 et sont diffusés dans les trains et les gares. Ces tracts, tapés à la machine, sont signés de son numéro de matricule dans l’armée : 63675.
Renseignement :
Eugène d’Hallendre poursuit des activités de renseignement dès le début de l’occupation, sans savoir que ses informations aboutissent chez Jules NOUTOUR, co-fondateur du journal Voix du Nord, qui les transmet au réseau Gloria SMH.
Activités diverses : Recherche de terrains d’atterrissage, Faux papiers. Avec Voix du Nord : Eugène d’Hallendre obtient des stocks de papier des Établissements Béghin, et après les avoir entreposés chez lui, les livre au réseau Voix du Nord. Il distribue les journaux clandestins : d’abord Les Petites Ailes puis La Voix de la Nation, Défense de la France et La Voix du Nord.
Évasion : À la fin de l’année 1941, Eugène d’Hallendre apprend l’arrestation de François DUPREZ. En se renseignant sur celui-ci, il apprend qu’il avait mis en place un réseau d’évasion, et que Mme Valentine PLOYART de La Madeleine héberge des pilotes. Il établit donc des contacts avec DE LA OLLA de Pat O’Leary, puis avec le réseau Comète. Afin de les aider, il trouve un deuxième refuge pour les pilotes à Arras chez Mme Rolande WITTON ; ainsi qu’à la frontière belge chez les BRICOURT, des douaniers. Eugène d’Hallendre crée pour Comète la ligne « Bruxelles – San Sebastian » qui permet à 30 pilotes de s’évader (sur les 150 du réseau Comète).
OCM : En juillet 1942, Eugène d’Hallendre est contacté par Roland FARJON qui lui demande d’implanter le mouvement OCM dans le Nord. SCAILLEREZ, DELASSUS et D’HALLENDRE rencontrent FARJON à Arras. Eugène d’Hallendre exige une preuve du rattachement du groupe OCM Nord à la France Libre. La BBC confirme l’appartenance du mouvement à la résistance gaulliste par un message envoyé les 11, 12 et 13 juillet 1942 : « Les 4 amis d’Arras se sont rencontrés ». Le 6 avril 1943, Eugène d’Hallendre reçoit les instructions du Général DE GAULLE par l’intermédiaire d’André DEWARIN, dit « Passy », chef du BCRA, venu chez lui à la Madeleine. Il est annoncé lors de cette réunion que le débarquement aura lieu à la fin de l’année 1943 dans le Nord : les membres du groupe Nord sont pris dans l’opération Fortitude. Le mouvement OCM est organisé en 3 réseaux : coups de main, sabotage et évasion. Eugène D’HALLENDRE est chargé de la direction du réseau évasion. OCM se sert de la Voix du Nord comme journal de liaison. Son fils Edgard D’HALLENDRE, de son côté, est chargé de former des groupes d’étudiants coordonnés à ceux de Paris.
Arrestation : Pour les Allemands, l’OCM est le réseau le mieux armé et le mieux organisé. Les membres du mouvement tombent suite à l’action conjuguée de plusieurs agents infiltrés : d’une part, le commissaire BAILLARD et son secrétaire SCHERRER; d’autre part, Marcel DÉNÈQUE, qui avait été condamné puis gracié suite à la dénonciation de Léon TRULIN en 1915, BESSON et enfin MARONGIN (qui a aussi trahi Geneviève de GAULLE). Harold COLE qui a démantelé le réseau Gloria SMH concourt également à leur arrestation par ricochet. Eugène d’Hallendre et sa famille sont arrêtés le 20 juillet 1943 par la Feldgendarmerie qui les soupçonne « de menées gaullistes ».
Condamnation : Son épouse Lucienne d’Hallendre est condamnée à 3 ans de travaux forcés et est envoyée à Gross-Rosen. Edgard d’Hallendre doit être envoyé à Hertogenbosch mais il n’y arrive jamais car la citadelle de Huy, où il est incarcéré, est libérée par les Américains. Eugène d’Hallendre est condamné à mort et fusillé le 27 décembre 1943 au Fort de Bondues. Il est inhumé au cimetière de La Madeleine.
Biographie communiquée par le Musée de la Résistance de Bondues