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Analyse média

Louis Aragon et Elsa Triolet ont séjourné à Saint-Donat-sur-l’Herbasse du 1er juillet 1943 au début septembre 1944, se faisant des amis, produisant des œuvres. Les traces qu'ils y ont laissées sont encore vives. C’est ce qu’a voulu faire revivre cette quinzaine de mémoire.

Le recto de l’invitation présente une des très rares photos d’Elsa Triolet et de Louis Aragon, souriants, devant la maison où ils ont vécu pendant plus de 14 mois à Saint-Donat. Elsa, jupe sombre et veste claire, a, comme souvent, ses cheveux tressés. Louis, en costume sombre, a les mains dans les poches comme le décrivent souvent les témoins.

Au verso, les différentes manifestations de la quinzaine sont présentées :

- L’exposition, Aragon ou l’écriture faite homme, du 1er au 16 décembre 2000 à la Médiathèque Simone de Beauvoir de Romans avec un vernissage, le premier jour, en présence notamment de Jean Ferrat, président de la SALAET, de Pierre Dartout, préfet de la Drôme, d’Henri Bertholet, maire de Romans, de Jean Albertini et Jean Sauvageon, administrateurs de la SALAET.
- Une causerie-dialogue, le 5 décembre, avec la participation de Jean Albertini, agrégé de Lettres classiques, secrétaire général adjoint de la SALAET, de Lyon, et Daniel Bougnoux, professeur à l’Université Stendhal de Grenoble, éditeur de l’œuvre romanesque d’Aragon dans la collection La Pléiade.
- Une soirée-mémoire, le 13 décembre, consacrée au séjour du couple d’écrivains à Saint-Donat avec les témoignages de Mady Chancel, Michel Lémonon, Michel Bret, Pierre Lenoir et René Montlahuc et la projection du film de Pierre Seghers et Bernard d’Abrigeon, Quand l’orage a passé, Aragon, Elsa et Matisse, aimablement restauré par l’INA. Ce film n’avait pas été projeté depuis son passage à la télévision en 1972.

Cette manifestation organisée par les membres locaux de la SALAET avait obtenu la participation de plusieurs associations locales ou départementales : la FOL Drôme, l’AUED, Les Amis de la Résistance (ANACR), l’Amicale Laïque de Romans, la Compagnie de l’Œil Nu et ACCÉS-Université Populaire, le soutien de la ville de Romans, du Conseil général et de Mémoire de la Drôme.

Contexte historique

Le séjour de Louis Aragon et Elsa Triolet à Saint-Donat en 1943-1944 était assez méconnu. Les membres de la région de la SALAET ont proposé des manifestations variées qui ont attiré énormément de curieux.

Les manifestations proposées ont permis de découvrir ou d’approfondir la connaissance des deux écrivains. Les photos de l’album en rendent parfaitement compte.

L’exposition, « Aragon ou l’écriture faite homme », conçue par Jean Albertini, montre la vie et l’œuvre de Louis Aragon, l’homme aux multiples facettes, écrivain, poète, auteurs de nombreux articles, directeur de journaux, homme politique. Elle avait été complétée par des documents locaux. Son vernissage a rassemblé, à la médiathèque Simone de Beauvoir, de Romans, un public très nombreux. Il était rehaussé par la participation de Jean Ferrat et du préfet Pierre Dartout, tous les deux fils de déportés dans les camps de concentration nazis.

Le dialogue entre deux grands connaisseurs de l’œuvre d’Aragon, Jean Albertini (décédé en 2006) et Daniel Bougnoux a été d’un haut niveau et a passionné une assistance découvrant, pour certains, sa richesse, sa diversité, son ampleur. Aragon a souvent été comparé pour le XXe à Victor Hugo pour le XIXe.

La soirée-mémoire du 13 décembre a battu les records d’assistance. Les participants ont rempli les gradins, les escaliers, la scène elle-même a accueilli ceux qui ne trouvaient plus de places dans la salle. Ceux qui ont connu, côtoyé, travaillé avec Aragon étaient là et ont égrené leurs souvenirs de façon vivante et passionnante. L’histoire a pris vie à travers ces témoignages !

La soirée s’est terminée par cet intéressant film, « Quand l’orage a passé, Aragon, Elsa et Matisse ». Il retrace le parcours de Louis Aragon et d’Elsa pendant la guerre. D’abord, c’est Nice où il fréquente assidûment le peintre Matisse (ce qui donnera, en 2001, « Henri Matisse-roman »). Avec l'occupation italienne le 11 novembre 1942, les deux écrivains fuient la Côte d’Azur, vers Villeneuve-lès-Avignon, chez Pierre Seghers, puis Comps près de Dieulefit, dans la ferme du Lauzas. De là, le 31 décembre, ils rejoignent Lyon où ils sont hébergés pat René Tavernier et le 1er juillet 1943, ils « débarquent » à Saint-Donat dans cette campagne retirée, jusqu’aux lendemains de la Libération. C’est ce périple que fait revivre le film.

Le succès de cette quinzaine montre l’intérêt suscité par ces deux écrivains dans la région où ils ont vécu pendant la période de Résistance et, plus généralement par cette histoire récente qui a fortement marqué la Drôme en particulier et la France plus largement. D’ailleurs, cet engouement s’est manifesté en novembre 2004 quand les mêmes promoteurs ont organisé les « Rencontres de Romans ».