Actions de deux groupes du détachement Marat contre les troupes d'occupation à l'hôtel Splendid et une maison close, 3 janvier 1943
Légende :
Note de la police de Sûreté au sujet des attentats commis à Marseille le 3 janvier 1943
Genre : Image
Type : Rapport
Source : © Archives nationales 19880042-28-4 Droits réservés
Détails techniques :
Note dactylographiée
Date document : 11 février 1943
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Analyse média
La police de Sûreté fait une rapide synthèse des deux attentats qui se sont déroulés à Marseille le 3 janvier 1943. Elle passe sous silence la présence de la commission d'armistice italienne lors du banquet offert par son homologue allemande à l'hôtel Splendid, bel établissement situé boulevard d'Athènes. Cet attentat est réalisé par le détachement Marat. Hélène Taich apporte les grenades et les introduit par l'arrière de l'hôtel situé rue des Dominicaines. Basil Serban les lance dans la salle de banquet. Fernand Rothenberg et cinq autres militants couvrent leur retraite. L'explosion fait deux victimes, le maître d'hôtel français et la femme d'un employé du consulat allemand. La note ne mentionne pas les blessés au nombre de huit ou neuf.
Au même moment, Lev Tchernine et l'Italien Mano placent une bombe dans une maison close réservée aux soldats allemands dans le même quartier rue Lemaître. Les blessés sont plus nombreux. Les pistes évoquées en page deux n'aboutissent pas. Le délai écoulé entre l'attentat et cette note montre que malgré les enquêtes et les rafles, les auteurs des attentats sont toujours en liberté. Sans grande originalité, la note retient les pistes gaullistes ou communistes et remarque que deux attentats simultanés n'ont pu être effectués par un seul individu.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources et bibliographie :
Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, Paris, éditions Tirésias, 2011.
Robert Mencherini , Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Christian Oppetit (dir.), Marseille, Vichy et les nazis, le temps des rafles, la déportation des juifs, Marseille, Amicale des déportés d'Auschwitz et de Haute-Silésie, 1993, p.41-43.
Basil Serban, Du détachement « Marat » à l'Etat-major de la Zone Sud, PACA-Libération de Marseille.
Contexte historique
La Main d'oeuvre immigrée (MOI) est créée par le Parti communiste en 1932 et comprend une section yiddishophone. Comme toutes les organisations liées au parti communiste, la MOI est interdite le 1er octobre 1939. A Marseille, aux militants déjà implantés avant guerre comme Avram et Choura (Sifra) Haham s'ajoutent des réfugiés de la zone Nord, Albert et Bella Levin, Hélène Taich par exemple et d'anciens des Brigades internationales (Basil Serban, Léon Tchernine). Cette force militante permet la création dés septembre 1940 du Secours populaire (Solidarité en zone Nord) qui aide les réfugiés et les internés, diffuse la presse clandestine en français et en yiddish.
Les militants MOI de Marseille, conformément aux directives du parti communiste, basculent une partie de leurs effectifs dans les Francs-Tireurs et Partisans( FTP). Le premier groupe de FTP-MOI est constitué à Marseille au cours de l'été 1942. Il rassemble des immigrés de toutes origines et prend le nom de Marat en hommage au révolutionnaire français. A partir de l'automne 1942, il commence ses actions. Les attentats du 3 janvier 1943 sont parmi les plus notables réalisés par le détachement Marat. Ses conséquences sont de grande ampleur. Le général Mylo, commandant la place de Marseille proclame l'état de siège mais ne peut obtenir du préfet Rivalland qu'il lui livre des otages et qu'il mette la police française sous les ordres de la police allemande. Le préfet Rivalland est relevé de ses fonctions le 8 janvier. Les attentats fournissent aux autorités allemandes un prétexte pour réaliser à partir du 22 janvier des rafles massives dans toute la ville. Le centre ville est bouclé. Le quartier de la rive nord du Vieux-port est vidé de ses habitants et sera plus tard dynamité. Plus de 2 500 personnes, hommes, femmes, enfants sont conduits à la prison des Baumettes. Le 24 janvier, un convoi de 1642 personnes dont la moitié sont juives quittent Marseille pour Compiègne. Les Juifs sont exterminés à Sobibor.
Basile Serban et Fernand Rothenberg sont pris dans les rafles. Basile Serban qui a le réflexe de se mettre avec les non juifs a la vie sauve. Fernand Rothenberg meurt en déportation.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources et bibliographie :
Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, Paris, éditions Tirésias, 2011.
Robert Mencherini , Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Christian Oppetit (dir.), Marseille, Vichy et les nazis, le temps des rafles, la déportation des juifs, Marseille, Amicale des déportés d'Auschwitz et de Haute-Silésie, 1993, p.41-43.
Basil Serban, Du détachement « Marat » à l'Etat-major de la Zone Sud, PACA-Libération de Marseille.
David Diamant, Les Juifs dans la résistance française 1940-1944 (avec armes ou sans armes), Paris, Roger Maria Editeur, 1971.