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Fanion du corps-franc du maquis de Lasalle

Genre : Image

Type : Fanion

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Fanion en tissu.

Date document : sans date

Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard

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Analyse média

A l'avers, sur fond bleu, une croix de Lorraine rouge a été cousue dans un losange blanc (cela rapelle quelque peu le pavillon des Forces navales françaises libres). 

Au revers l'inscription brodée : 
" FFI
Maquis de Lasalle
Corps franc"


Contexte historique

Le 4 août 1943 se constitue officiellement le maquis de Lasalle (Armée secrète) qui va devenir, numériquement, le plus important maquis du Gard après sa fusion avec le groupe des maquisards réchappés d'Aire-de-Côte et le maquis d'Ardaillers du pasteur Olivès. Même si les chiffres avancés sont difficiles à prouver puisque selon les sources, on évoque 1 000 puis 2000, voire 2 500 hommes en juin 1944 ; il est incontestable qu'il y a là la plus forte concentration maquisarde réalisée dans le Gard.

A l'origine, Lasalle (située, au pied du Mont Liron, à moins de 30 km d'Alès) a vu se former de petits groupes de réfractaires au STO. En juillet 1943, les survivants d'Aire-de-Côte rejoignent le groupe de Lasalle. L'hébergement est naturellement incertain, aléatoire, temporaire.... Le ravitaillement, problématique pour tout le monde, est, tant bien que mal, organisé en liaison avec d'autres résistants.Toute une chaîne de solidarité se met en place.

La sécurité conditionne tout le reste : dans ce but le maquis se dote de son propre corps franc (une douzaine d'hommes) qui accomplit des missions spécifiques extérieures à Lasalle, avec le concours de deux femmes agents de liaison, Cécile Vuillemenot, une infirmière, et Rose Frenkiel, une pharmacienne : elles ont pu établir des communications avec des résistants de Toulouse et Montpellier et jouent de surcroît un rôle médical de premier ordre compte tenu de leurs professions d'origine. Par la suite, ce corps franc aida les maquisards de Bir Hakeim à s'emparer d'un stock de vêtements aux usines Paulhan de Saint-Jean-du-Gard, ce qui explique d'ailleurs l'équipement tout à fait exceptionnel dont les maquisards de Lasalle ont pu disposer. Le 15 janvier 1944, le raid du maquis, dans cette usine spécialisée dans la fabrication de produits à usage militaire, a rapporté 1980 shorts kaki, 1640 toiles de tente, plus des bleus de travail et des tenues de forestiers.

C'est encore ce corps franc qui encadre, le 1er février 1944, le défilé des maquisards à travers Lasalle, le dépôt d'une gerbe au monument aux morts et les chants patriotiques sous les acclamations de la population. Ce geste, traité avec lyrisme, vanté, ne fait pourtant pas l'unanimité chez tous les résistants, en particulier chez onze maquisards qui reprochent cet aventurisme.

Les Allemands considérent que les forces de Vichy sont complices ou impuissantes à rétablir l'ordre dans cette région des Basses Cévennes ; en effet les brigades de gendarmerie, dont de plus en plus de membres font défection, gagnent le maquis (mouvement qui prend une grande ampleur après le débarquement du 6 juin). Les Allemands mettent sur pied des unités spéciales, "les commandos de chasse", très mobiles, frappant par surprise et disparaissant ensuite. Le 10 mai 1944, Robert Francisque est la première victime de ces opérations coups de poing ; il est tué et le château de Malérargues incendié ; le même jour deux maquisards sont capturés avec pour conséquence l'arrestation de Jean le Serbe et de ses camarades. Le 11 mai, les Waffen SS interviennent au hameau des Horts, près de Soudorgues suite à une trahison. Le 18 mai, les SS reviennent à Lasalle et arrêtent des auxiliaires du maquis dont Jean Paulhan, l'industriel de Saint-Jean-du-Gard, complice des maquisards. Le 16 juin, c'est l'engagement du Château de Cornély, considéré parfois comme le fait d'armes le plus important et le plus glorieux du maquis de Lasalle avant le débarquement du 15 août : 21 morts et 68 blessés pour les Allemands, un mort (le gendarme Marceau Favède) et deux blessés du côté des maquisards.

Le 12 juillet, pour des raisons évidentes de sécurité, le maquis de Lasalle quitte la région de la Salindrenque pour gagner l'Espérou dans le Massif de l'Aigoual : c'est d'ailleurs là que se réalise pleinement la fusion avec le maquis d'Ardaillers et se concrétise l'appellation de maquis Aigoual-Cévennes. Quelques jours plus tard, le 22 juillet, le commandant d'aviation Colas "Matignon" désigné par la DMR (délégation militaire régionale commandée par le colonel Picard et en relation permanente avec Alger) arrive à l'Espérou, apportant la validation des statuts du rassemblement Aigoual-Cévennes : cette confiance des autorités d'Alger et finalement des Alliés explique les importants parachutages d'armes dont ce maquis va exceptionnellement disposer. On estime qu'à la fin juillet un millier d'hommes peuvent être équipés ; cela explique aussi la décision des Alliés de lui affecter une mission Jedburgh connue sous le nom de code Minaret, parachutée à l'Espérou le 25 juillet 1944. C'est à partir de cette période que Aigoual-Cévennes entreprend des actions plus vigoureuses contre les forces allemandes, comme on l'a rappelé plus haut : citons pour mémoire les opérations à Pont d'Hérault, au Vigan puis contre des colonnes allemandes en repli, les "colonnes dites de Toulouse et de Rodez". 


D'après Claude Emerique, "Le maquis de Lasalle" in CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI.