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La bataille de Levie

Légende :

Patriotes de Levie au combat et plaque évoquant la citation de la ville de Levie

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ANACR Corse-du-Sud Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France - Corse - Corse du Sud - Levie

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Analyse média

Du 15 au 17 septembre 1943, les derniers jours qui précèdent la venue des secours de l'opération Vésuve, une dure bataille oppose trois protagonistes dans l'Alta Rocca : les patriotes du Sartenais, l'une des régions les plus accidentées et boisées de Corse, des Italiens récemment ralliés à la cause des Alliés et, face à eux, des Allemands, débarqués de Sardaigne, qui cherchent à s'emparer des cols ouvrant la route d'Ajaccio avec l'appui de Chemises noires.


Hélène Chaubin

Contexte historique

Une action stratégique décisive

Les patriotes, appelés à prendre les armes par la direction du Front national, depuis le 9 septembre 1943, ne disposent encore que du secours incertain, mais qui va se révéler précieux, de forces italiennes munies de batteries d'artillerie et d'une compagnie d'infanterie. Ce n'est pas sans répugnance que le général Ticchioni, qui les commande, agit contre ses alliés de la veille et surtout contre les Chemises noires.
Les Allemands sont dans la première phase de leur campagne en Corse : la 90e Panzer Grenadierdivision a pour mission de faire route de Bonifacio à Bastia, mais le général Von Senger und Utterlin n'a pas encore pris la mesure de la Résistance locale, ni du comportement italien et, pour lui, s'emparer de la base d'Ajaccio, le seul accès aux secours venus d'Afrique du Nord, serait du plus haut intérêt. Son autre objectif est d'atteindre Quenza où la Stürmbrigade SS Reichsführer a placé un dépôt important de matériel et de carburant.

Depuis le 10, la garnison de Quenza subit les assauts des  patriotes. Un convoi est attaqué à San Gavino di Carbini par des hommes qui comptent ceux du commandant Pietri. Le 13 septembre, les Italiens reçoivent l'ordre de combattre les Allemands. Il y a, à Levie, une garnison italienne qui dispose d'une batterie de 75. Il faudrait plus. Mais le général Ticchione, qui a son PC à Zonza, choisit de se replier sur Aullène avec DCA et pièces anti-chars. Le 15 septembre, une forte colonne allemande avec des véhicules blindés, des canons d'assaut et des camions transportant 3000 hommes,  part de Porto-Vecchio, se dirige vers Carbini et Levie, avec pour objectif les cols de la dorsale situés aux environs de 1000 mètres. Elle ne passe pas par l'Ospedale réputé bien défendu par les résistants, mais par la route stratégique. Les Chemises noires sont en tête.

Les Corses sont dirigés par le lieutenant de Peretti, un jeune officier de Tirailleurs en congé, dont les qualités tactiques et le courage sont pour beaucoup dans le succès final. Le convoi, arrêté d'abord au tunnel d'Usciolu, retardé par les barrages de pierres déversées sur la route entre le col de Bacino et Orone, est harcelé par les tirs des maquisards. Un avion de reconnaissance allemand incendie le maquis. Les Allemands passent le tunnel dont la destruction à la dynamite avait été prévue mais non encore réalisée et l'artillerie italienne détruit trois de leurs camions. Mais ils progressent jusqu'à Carbini, à 8 km de Levie. Enfin, le matin du 16 septembre 1943, les patriotes font sauter le pont de Rajo, à moins d'1km de la ville, ce qui stoppe l'avance des engins motorisés ennemis.
Un affrontement entre les Corses conduits par de Peretti, soutenus par des grenadiers italiens, entraine la perte de dix hommes du côté italien. Un bataillon italien venu en renfort de Pianottoli fuit sous les tirs de mortier des Chemises noires. Les patriotes, insuffisamment armés, se replient au-dessus du Pianu de Levie. Des bombardiers allemands font un raid sur la ville, dans l'après-midi du 17septembre 1943, après le retrait des Allemands qui n'ont pas réussi à réparer le pont de Rajo et ont été dissuadés par l'importance de la Résistance locale. Pendant leur retour, ils détruisent deux ponts sur le Fiumicicoli et endommagent le tunnel d'Usciolu, en-dessous du col de Bacino. Le lieutenant de Peretti estime à 250 morts les pertes allemandes, à 10 celles des Italiens, à 11 celles des patriotes. Une femme de 73 ans a été tuée lors du bombardement allemand sur Levie le 17 septembre. La colonne allemande aurait perdu 27 camions. La région du Sartenais est considérée comme celle où se trouvait la plus forte densité de patriotes. Le Comité d'arrondissement du Front national de Levie, dont faisaient partie Ange Stromboni et le futur maire de la Libération, Trajan de Peretti, ont rempli une mission qui a valu la citation de Levie à l'ordre de l'armée.


Hélène Chaubin, "la bataille de Levie" in CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.