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Conditions de l'immatriculation et obligations des hommes engagés

Légende :

La reconnaissance du statut de résistant a nécessité la création de règles strictes pour éviter les abus.

Genre : Image

Type : Note de service

Source : © Fonds Albert Fié, archives compagnie Pons Droits réservés

Détails techniques :

Imprimé recto-verso sur feuille de papier 21 x 27 cm.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Le document précise les conditions d'immatriculation et les devoirs des hommes engagés dans les FFI (Forces françaises de l'intérieur). Son origine est indéterminée (état-major FFI de la Drôme ?).

Le tapuscrit est une circulaire envoyée aux chefs de corps afin de clarifier la situation des résistants engagés dans l'action après le débarquement de Normandie.

Le document présente plusieurs parties : l'explication de la nécessité de l'immatriculation, une classification des résistants, les circonstances de l'immatriculation, les devoirs de ceux qui rejoignent les FFI.

Dans une introduction, il est précisé l'urgence de l'immatriculation afin de faire du Résistant un soldat bénéficiant des lois de la guerre.

Un des intérêts du document est de préciser la définition du résistant selon son action. Trois catégories sont mises en place.

Le volontaire est celui qui est le plus engagé dans l'action. Il est totalement pris en charge par la Résistance. S'il est célibataire, il ne touche pas de solde. Par contre, soutien de famille, marié, marié avec enfants, il perçoit une solde. Dans la compagnie Pons, le célibataire recevait une certaine somme d'argent que l'on peut qualifier de solde. Mais cette particularité n'était guère appréciée par le commandement. Dans leur grande majorité, les volontaires sont les plus anciens des résistants. Ils peuvent être entrés dans la clandestinité depuis 1941.

Le semi-sédentaire est moins impliqué. Tout en possédant armes et brassard, il demeure chez lui, prêt à répondre à un ordre de mobilisation. Une précision concerne les permissions agricoles, rappelant que la Drôme est un département à forte activité agricole et que les battages approchent.

Le sédentaire ne dispose pas immédiatement de ses armes tenues en réserve. Sa carte FFI, son brassard sont conservés par l'administration de la Résistance. Il doit être prêt pour répondre à une « levée en masse ». Cette expression rappelle volontairement le souvenir de la levée en masse de 1792. L'allusion à la Révolution française, à la patrie en danger, caractérise parfaitement l'esprit de la Résistance en juin 1944. Il est interdit au sédentaire de s'affilier à d'autre organisme, au risque de diviser la Résistance. C'est un souci d'unité qui transparaît dans cette recommandation.

Tout un paragraphe est consacré aux différentes entrées dans des groupes résistants. On perçoit qu'un certain désordre régnait avant la mise en place d'une codification. Il est précisé que les plus anciens résistants pourront monter en grade et auront une certaine priorité sur les nouveaux arrivants. Cela sous-entend que le commandement s'attend à un afflux de nouvelles recrues, celles de la dernière heure.

La dernière partie évoque les règles de vie des résistants qui sont celles d'une armée traditionnelle : discipline, propreté. La touche nouvelle est celle de l'acceptation d'une « discipline amicale et persuasive », différente de celle qui, en général, régnait dans l'armée. Les difficultés pour constituer l'armée nouvelle ne sont pas éludées : ravitaillement déficient, armement insuffisant. Mais l'espoir, dans cette armée levée rapidement, est grand. Elle doit participer à la libération de la France aux côtés des Alliés. Le rôle de ces derniers est ainsi bien souligné. Implicitement, la Résistance reconnaît les limites de sa puissance.

En conclusion, la circulaire insiste sur les devoirs de celui qui s'est engagé dans les FFI, future armée devant aider les alliés à libérer la France. Mais la constitution d'une armée régulière se heurte à de nombreuses difficultés dont le Résistant doit avoir conscience.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

La note traduit la volonté du commandement de mettre de l'ordre dans l'organisation de la Résistance, de comptabiliser les Résistants, surtout ceux qui ont gagné le maquis depuis le débarquement de Normandie. Un tri pourra être ainsi opéré entre les différentes catégories de prétendants au titre de Rrsistant.

La définition du résistant est nécessaire pour une bonne marche des unités et surtout pour le transformer en soldat bénéficiant des lois de la guerre. Avec son brassard, succédané de l'uniforme, le Résistant n'est plus un « terroriste », un hors-la-loi. Il doit être protégé par les conventions internationales. Malheureusement, cette protection est plus théorique que réelle. Il y a eu débat entre les instances de la Résistance pour savoir s'il était judicieux d'établir la liste des hommes des unités avec le risque qu'elle ne tombe entre les mains des occupants qui ne reconnaissaient pas le statut du résistant. Le considérant toujours comme un terroriste, il l'exécutait. La Milice avait un comportement semblable. Brassard, immatriculation, liste des hommes pouvaient donc se révéler dangereux pour la sécurité des maquisards.

Cette note d'état-major est riche d'enseignements à un moment clef de la Résistance, au lendemain du 6 juin 1944, à l'époque où il lui est nécessaire de s'organiser pour encadrer les hommes qui résistent depuis plusieurs mois et pour accueillir ceux qui affluent.


Auteur : Alain Coustaury
Sources : archives compagnie Pons.