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Affiche des Chantiers de la Jeunesse

Légende :

Affiche de propagande vichyste intitulée "France toujours, Chantiers de la Jeunesse", éditée par le secrétariat général de l'Information pour la promotion des Chantiers de la Jeunesse française, 1941

Genre : Image

Type : Affiche

Producteur : Secrétariat général de l'Information de Vichy

Source : © Archives nationales 72AJ/1257 et 1260 Droits réservés

Détails techniques :

Document en recto-verso.

Date document : 1941

Lieu : France

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Analyse média

Cette affiche représente un Gaulois protégeant un jeune homme en uniforme des Chantiers de la Jeunesse. L'iconographie choisie révèle le profond désir d'encrer les Chantiers de la Jeunesse - voulus dans le cadre de la révolution nationale du maréchal Pétain - dans la droite lignée de l'histoire millénaire du pays. Symboliquement, l'affiche représente le passage de témoin entre le peuple gaulois, enraciné sur le territoire français, et la jeunesse de 1940, dont il est attendu qu'elle se montre digne des premiers chefs guerriers de la Gaule.

L'affiche, visible au verso, dépeint un jeune homme en uniforme des Chantiers de la Jeunesse, présentant le salut, et renvoyant à l'idée de l'ordre et de la discipline. L'uniforme des Chantiers devait en outre permettre de susciter prestige et fierté chez celui qui l'endossait, favorisant ainsi un fort esprit de corps. 

L’esprit de résistance et de revanche au sein des groupements se développa progressivement de manière variable selon les circonstances, et plus encore, selon les orientations de leur encadrement. En Afrique du Nord, sûrement protégée par la mer Méditerranée, en métropole aussi, du moins chez une grande part des cadres et des jeunes.

L’expérience des Chantiers mérite que l’on y porte intérêt, à condition toutefois de la replacer dans le climat de contraintes exceptionnelles que l’on a peine à imaginer 75 ans plus tard.


Auteurs : Guy Giraud et Paulina Brault

Contexte historique

Des Chantiers de la Jeunesse Française (CJF), certains ne retiennent qu’une création de Vichy, donc un système collaborationniste comme il y en eut beaucoup d’autres. Ils y voient un habile procédé de mainmise sur la jeunesse française au nom de la « Révolution Nationale » prônée par Vichy. Les CJF ne concernent que la zone non-occupée, soit, une bonne partie des jeunes gens.

À l’inverse, d’autres font ressortir la part prise par les cadres et les jeunes des Chantiers dans la constitution des maquis en France, ainsi que dans la structure et le recrutement des formations militaires créées en Afrique du Nord après le débarquement allié de novembre 1942, en somme une sorte de « vitrine légale » de la Résistance.

Le général Joseph de la Porte du Theil, polytechnicien, commandant la 13e division militaire à Clermont-Ferrand, est convoqué à Royat, où s’est installé le ministère de la Guerre. On l’informe de ce qu’une partie des contingents de 1939 et 1940, appelés dans les dépôts de l’armée du 8 au 10 juin, dans l’attente de leur affectation, soit dans les tous derniers jours de la débâcle, se trouvent depuis complètement abandonnés et livrés à eux-mêmes. Il s’agit donc de regrouper et de reprendre en main ces hommes qui n’ont reçu aucune instruction militaire, qui se trouvent dans le plus grand désarroi matériel et moral, et dont le comportement commence à inquiéter le commandement. L’idée était de procéder ultérieurement à leur démobilisation. Le général De la Porte du Theil dispose alors de toute latitude concernant la méthode et les moyens à employer.

Ce dernier présente son plan, dans lequel ces hommes seront regroupés, puis disséminés dans des unités de 200 personnes environ. Le plan soumet l’idée de les faire « camper en pleine nature, au milieu des bois, à l’abri de toute cause de trouble ou d’agitation » et de les occuper à travers de grands travaux d’intérêt général.
Ce plan est accepté. L’état-major de l’armée met au point un décret qui prévoit la création d’un service national au profit des jeunes. Ce service national sera rattaché au ministère de la Jeunesse et de la Famille pour éviter toute ambiguïté. Après de nombreuses péripéties, le projet est finalement adopté par le Conseil des ministres, beaucoup plus par lâcheté que par conviction. Cette mesure permit d’éliminer ainsi un problème fâcheux.

Le 30 juillet, un décret est signé stipulant que les hommes incorporés en juin 1940 et relevés de leurs obligations militaires seront aussitôt transférés pour une durée de 6 mois dans des groupements constitués sous l’autorité du ministre de la Jeunesse et de la Famille.

Les Chantiers furent articulés au sein de six régions, dont cinq en zone libre et la sixième en Afrique du Nord. Chaque région devait comprendre entre huit et dix groupements d’environ 2 000 hommes, soit l’effectif d’un régiment d’infanterie. Au fur et à mesure de leur désignation, les chefs de groupement s’en allèrent prendre leur commandement munis d’instructions, rédigées par leur général en une matinée, sous le titre de « Note de base ».

- Le groupement est un organe administratif et de commandement, responsable de la vie matérielle, de l’instruction et du moral des troupes. En leur sein sont regroupés les différents services, les magasins, les ateliers et l’infirmerie-hôpital. Les chefs de groupement ont sous leurs ordres une dizaine de groupes d’environ 130 à 150 hommes, soit une grosse compagnie d’infanterie, disposant chacun d’un camp, qu’il faudra créer de toutes pièces dans une zone isolée et très souvent montagneuse. Le nombre d’appelés par groupement est de l’ordre de 1 500 environ.
- Le groupe est articulé en une dizaine de patrouilles d’une quinzaine d’hommes chacun.
- La patrouille est le pion de base. Elle constitue l’élément indissociable au sein duquel sont également partagés le travail, la détente et le repos. Le plus souvent elle sera commandée par un appelé ayant fait un stage de qualification.

Trois principes sont à la base de l’entreprise éducative et paramilitaire des Chantiers :
  -  La formation morale, le culte de l’honneur et la pratique de la vie en commun ;
  -  La formation virile par le travail et la culture physique ; 
  -  La vie en plein air par un contact intime avec la nature. De nombreux cadres ont une expérience du scoutisme.

La méfiance initiale des Allemands vis-à-vis de cette institution va progressivement s’étendre au gouvernement de Vichy, qui craignait un appui en faveur de la Résistance, et se concrétiser au vu du rôle joué par les Chantiers d’Afrique du Nord lors du débarquement allié de novembre 1942. L'occupant soupçonnait en effet leur concours à un débarquement allié par la Méditerranée (groupements de Provence), la participation à des évasions par l'Espagne (groupements des Pyrénées), et l'aide aux maquis (groupements des Alpes). Il est également à noter une série de contrôles musclés opérés par la Wehrmacht vers le 20 septembre 1943 dans les trois quarts des groupements des Chantiers.

 

Questions :

Dans quelles conditions les Chantiers de la Jeunesse française ont-ils contribué tacitement, par la ruse ou par la force, à l'équipement du maquis ?

Quelle fut l'attitude des Italiens et des Allemands à l'égard des Chantiers de la Jeunesse ?

À la dissolution des Chantiers, dans quelle proportion le personnel a-t-il rejoint le maquis ?

 

Pour en savoir plus :

Les Chantiers de la Jeunesse et le Vercors Résistant (G. Giraud)


Auteur : Guy Giraud

Sources : 

Archives nationales - Page Internet

Article « Les chantiers de la Jeunesse de 1940 à 1944 »in FARAC info, n° 371, 1er octobre 2002.

Laurent Battut (AMCJF), « Les chantiers de la jeunesse en région Ain, Dauphiné, Savoie », in Actes du colloque Les militaires dans la Résistance, Avon-les-Roches, Editions Anovi, 2010, pages 83 à 106

Joseph de La Porte du Theil, Un an de commandement des Chantiers de la jeunesse, Paris, Editions Sequana, 1941.

Archives départementales de la Drôme.