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Brassard FFI de Montereau (Seine-et-Marne)

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Gilles Chapin Droits réservés

Détails techniques :

Brassard en toile

Date document : Août - septembre 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Seine-et-Marne - Montereau

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Analyse média

Ce brassard a une forme peu courante. Il s'agit d'un losange en toile épaisse sur lequel ont été cousus deux morceaux de tissus bleu et rouge. Le centre du brassard comprend une croix de Lorraine verte brodée. L'ensemble a été fixé sur ce qui semble être une sangle.

Sur le tampon, on peut lire "IVe République Française - MONTEREAU (S-&-M.) - Le Commandant F.F.I".


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Chef-lieu d'un canton de plus de 16.000 habitants, Montereau en compte 9.300 au recensement de 1936. Au confluent de la Seine et de l'Yonne, la ville représente un centre notable de batellerie. La voie ferrée Paris-Lyon traverse la ville. Au niveau du village de Gouaix-Flamboin y passe un embranchement qui la rattache à celle de Mulhouse. L'ensemble constitue une cible pour les sabotages. L'activité de la ville est surtout industrielle. On y trouve les plus traditionnelles (faïenceries dites de Creil et Montereau avec 800 ouvriers en 1939) comme les plus récentes (sucrerie, machines agricoles et constructions métallurgiques, poutrelles de ciment et béton, câbles électriques et produits pharmaceutiques). Les petits centres, le long de la Seine, comme Cannes-Ecluse, Varennes, et surtout La Grande-Paroisse (société chimique et procédé Georges Claude, centrale thermique) dépendent de Montereau et intéresseront vivement les Allemands. Traditionnellement, depuis le Second empire, le pouvoir surveille Montereau, ville ouvrière. Mais l'action des partis et ligues nationalistes a, depuis les années Trente, quelque peu modifié le paysage politique de la commune dont Charles Baudry est le député-maire. 

La ville a beaucoup souffert des bombardements de la Luftwaffe. Elle a connu cinq attaques depuis le 23 mai 1940 : 55 morts en juin, 45 retrouvés en juillet, d'autres encore en septembre… Le rejet de l'occupant s'illustre ici par des manifestations précoces : les Allemands fusillent, le 19 juin Auguste Rochaix, qui les a accueillis à coup de fusil, les sentinelles de la Kommandantur sont insultées… Des isolés (Georges Félix, Cyrille Boucher, Raymond Lantier, René Dormois) recherchent des contacts. Il semble que les premières activités de résistance consiste en l'aide apportée à l'évasion des prisonniers du Front-Stalag (5.000 hommes dans l'usine Cimenfer). On trouve à la tête de cette action, le chanoine Publier, curé de la paroisse, René Dormois, menuisier, Raymond Lantier, le gendarme Joseph Houel… 300 hommes vont ainsi s'évader jusqu'au départ de novembre 1940 pour l'Allemagne. 

La Résistance à Montereau s'organise essentiellement autour de deux hommes : le vétérinaire Henri Ballot et Jacques Lepesme, mécanicien dentiste.

Henri Ballot a 30 ans au moment où il est démobilisé. Libéré de captivité, il rencontre dans le courant de l'année 1942 son ami le docteur André Delaigue ("Frédéric") qui, contacté lui-même par le docteur Congy, de Brie-Comte-Robert, a fondé un groupe local de Cohors-Libé-Nord, reposant sur des hommes comme le docteur Luthereau, Roger Ragonneau, André Lerouge… Ballot en devient progressivement le chef. Il a trouvé un écho favorable au Scolasticat des oblats de la Brosse-Montceaux. Le groupe possède néanmoins un terrain de parachutage à La Tombe et entrepose des armes au séminaire de la Brosse-Montceaux. Des liens sont noués avec les maquis de l'Yonne.

Jacques Lepesme (33 ans) appartient au mouvement Résistance dont le quartier général se tient alternativement aux domiciles de deux jeunes femmes donnant des cours de langues. Il confectionne de faux documents, recherche des renseignements sur une géographie étendue (port de Brest, radars de Moulins), et étend son groupe (équipe solide à Varennes-sur-Seine avec la famille Dawo) qui comprendra une quarantaine de personnes à la Libération. Mais Lepesme sera arrêté en janvier 1944 et déporté comme onze autres Monterelais qui ne reviendront pas.

S'ajoute un groupe OCMJ, de taille réduite – ils seront vingt à la Libération – animé depuis le printemps 1942 par Paul Payen. Il procède à la distribution de tracts et du journal Libération, feuille ronéotée à Brie, procède à des sabotages à la Station-Magasin (intendance militaire) près de la gare.

Comme partout, il est difficile de donner une image figée de la Résistance à Montereau. Certains membres du mouvement Résistance se rattacheront par exemple à CDLR, voire aux réseaux Buckmaster. Quant à Henri Ballot, le jour où les Allemands investissent le Scolasticat, le 24 juillet 1944, il bascule définitivement dans le maquis de "Jean-Marie" à Courlon (Yonne).

Après le franchissement du Loing par l'armée américaine, les Alliés établissent deux têtes de pont, à Fontainebleau et à Montereau dont les hauteurs (Cuesta et château de Surville) sont tenues par les Allemands. Les Américains du 10e régiment d'infanterie, venus de Nemours et de Montigny, font jonction au mail des Noues avec les résistants de Robert Laissiau ("Bob") du groupe de La Brosse-Montceaux. Quand les fusils mitrailleurs de Laissiau et les chars (depuis Noisy-Rudignon) arrosent Surville, les FFI de Ballot et de Payen, entrés par la route de Marolles, attaquent la colline par le faubourg Saint-Nicolas et le cimetière le 25 août. Les résistants ont perdu trois hommes et comptent de nombreux blessés. Il viennent s'ajouter à trois autres, martyrisés à Surville. 

Une cérémonie franco-américaine à la mairie marque la Libération. La ville de Montereau a été décorée de la Croix de Guerre (11 novembre 1948), remise officiellement le 11 novembre 1949 par le général de Lattre de Tassigny.


Claude Cherrier in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, Aeri, 2004