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Le codage: un travail ingrat et harassant

Légende :

Mode d'emploi du système de codage Playfair

Genre : Image

Source : © Collection Jean-Louis Rolland Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : sans date

Lieu : France

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Analyse média

Le code Playfair, utiisé au début de l’occupation, est la reprise du chiffre de campagne de l’armée britannique pendant la 1ère guerre mondiale. Il a l’avantage de ne laisser aucune trace : il suffit de connaître par cœur un ou des mots-clés permettant de confectionner une grille de chiffrage de 25 lettres (par exemple le début d’une poésie…). Mais la grille unique rend facile le décryptement de messages multiples utilisant la même. Il faut donc en changer très souvent.

En 1942, les Britanniques passent au système dit « à double transposition », mélangeant les lettres du message en clair suivant deux clés numériques successives. Ce système, d’abord très compliqué parce que nécessitant que l’agent mémorise des données (un nombre secret et une table de conversion de chiffres en lettres), est rapidement amélioré sous le nom de « code A-Z : les clés numériques sont imprimées sur un mouchoir de soie donné à l’agent au moment de son départ ; après l’utilisation d’une clé, celui-ci doit brûler le bout de mouchoir correspondant. Mais le code A-Z n’est sûr qu’avec des messages longs (plus de 100 lettres) et paraît vulnérable aux premiers ordinateurs, apparus cette année-là,

Courant 1943, les Alliés franchissent un cap décisif en mettant au point un système mathématiquement indéchiffrable, le one-time-pad, basé sur une idée simple : les clés ne sont utilisables qu’une seule fois et aussi longues que le message à chifffrer. Elles forment une suite aléatoire de groupes de lettres, donnée à l’agent sous forme de quelques feuillets micro-filmés numérotés et contenant chacun 1000 groupes. Pour crypter un message, on le rapproche d’une portion équivalente des groupes de lettres microfilmées : chaque correspondance entre deux lettres permet de déterminer une 3e lettre (celle du message crypté) grâce à une grille alphabétique personnelle de conversion que l’agent possède par ailleurs sur un mouchoir en soie. Une fois le chiffrage effectué, la portion du feuillet micro-filmé correspondant est brûlée. Et de nouveaux feuillets micro-filmés sont parachutés à l'agent lorsque son stock est épuisé.


Bruno Leroux

Source: Pierre Lorain, Armement clandestin. France 1941-1944, chez l'auteur, 1972, p. 52-70

Contexte historique

La formation des opérateurs radios parachutés leur permet de transmettre par morse au minimum 100 lettres à la minute. Crypter ou décrypter un message de cette longueur leur demande dix à quinze minutes…C’est dire le caractère ingrat et répétitif de leur travail, qui s’accumule rapidement lorqu’ils ne disposent pas d’un(e) chiffreur(se) pour les aider.

Car si les renseignements « non urgents » peuvent transiter massivement par les voies aérienne (atterrissages nocturnes) et terrestre (par les Pyrénées, surtout), les émissions radio clandestines sont indispensables pour transmettre tous les autres : ainsi les renseignements militaires tels que les mouvements des troupes d’occupation, et plus généralement toute information affectant la survie ou le développement des groupes résistants et qui nécessite une réaction immédiate de Londres.


Bruno Leroux

Source:  Pierre Lorain (voir ci-dessus), p. 22-23