Premiers engagements dans la France libre

Légende :

Liste manuscrite des engagés de la "légion des volontaires commandés par le général de Gaulle", 1940

Source : © Service historique de la Défense Droits réservés

Détails techniques :

Liste manuscrite

Date document : sans date [juin-juillet 1940]

Lieu : Angleterre - Londres

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Contexte historique

Cette liste manuscrite reprend les noms, prénoms et grades des engagés volontaires dans la France libre. Il s'agit ici de la deuxième page de la liste commençant avec le numéro 12, Roger Durif. Les deux pages suivantes sont également présentées dans cette notice. 
Comme le souligne le document, la signature de l'ibntéressé vaut acte d'engagement provisoire en attendant la signature de l'acte d'engagement individiduel définitif. 

Voici quelques parcours individiduels de ces engagés de la première heure. 

Robert Durif
Né le 25 mai 1899 à Chantilly (Oise), instituteur à Paris, Robert Durif rallie la France libre le 26 juin 1940. Affecté au bataillon de marche n°1 le 8 octobre 1940, il participe aux campagnes du Gabon et d'Erythrée. Dirigé sur la Palestine en août 1941, il rejoint le BM7 en mai 1942. En février 1943, il est mis à disposition de l’Office des céréales planifiables du Levant.
Décorations : Médaille de la Résistance, Croix de Guerre, médaille coloniale, médaille de Syrie, médaille des évadés, médaille commémorative des services volontaires dans la France Libre.

René Cassin a évoqué son parcours dans son ouvrage Les Hommes partis de rien (Plon, 1974) : "J'ai eu, déjà, l'occasion de relater la belle attitude du capitaine Durif qui, le bras fracassé le 13 mai 1940 sur la ligne Maginot, avait été un des premiers à partir pour l'Angleterre, afin de conti¬nuer la lutte. Je l'avais perdu de vue dès le débarquement à Plymouth. Mais ce que j'appris par la suite avec admi-ration, c'est qu'à peine arrivé sur le sol anglais, il avait en trois jours galvanisé la jeunesse et commencé à consti¬tuer une compagnie. Autorisé à se rendre à l'Olympia (music-hall de Londres) où étaient concentrés d'autres mili¬taires hésitants, il avait recruté de nouveaux volontaires, si bien qu'au 20 juillet, il était à la tête d'une unité de 600 hommes. Celle-ci entraînée au camp Delville (Aldershot) fut la première prête et sous le nom de « première compagnie de marche européenne », s'embarqua à bord du Westenrland ; après l'insuccès de Dakar, elle fut dirigée sur Braz¬zaville. C'est là encore et à Léopoldville que le commandant Durif suscita par son exemple l'admiration des Français ral¬liés et des anciens combattants belges. Avant de gagner l'Est Africain où il devait prendre part à la campagne contre l'Erythrée italienne, il coopéra au ralliement du Gabon."

Yves Semin
Né le 18 octobre 1915 à Bourges (Cher), Yves Semin signe son engagement dans la France libre le 29 août 1940 et est affecté à la Compagnie de marche du corps expéditionnaire. En juillet 1941, il est muté à la compagnie de commandement de la 3e brigade puis en avril 1942 aux Troupes spéciales du Levant. Le 15 avril 1942, il prend le commandement de la Compagnie spéciale de chars avant de rejoindre le bataillon de marche n°4 le 10 septembre 1942. De décembre 1942 à mai 1945, il sert à la section sénégalaise du QG Sud-Syrie.

William Bechtel
Né le 1er octobre 1894 à Epinal (Vosges), ingénieur chimiste, William Bechtel détruit sa propre usine de produits chimiques à Igny (Seine-et-Oise) le 13 juin 1940, veille de l’entrée des Allemands dans Paris, afin qu’elle ne tombe pas entre les mains ennemies. Il y était mobilisé comme affecté spécial. Chargé d’un service de sabotage à l’arrière des lignes ennemies dans la région Rennes-Laval, il est arrêté par les Allemands à Morlaix, réussit à s’enfuir et à gagner l’Angleterre en barque de pêche le 27 juin 1940. Intégré à la Légion dès sa formation avec le grade de sous-lieutenant, il signe son engagement définitif le 24 septembre 1940. Affecté au Bataillon de Marche n°2 de l’Oubangui-Chari, il prend part à la campagne de Syrie, aux opérations de l’Euphrate, puis à la campagne de Libye (Bir-Hacheim). Le BM2 étant mis au repos à Madagascar, il se porte volontaire en octobre 1943 pour une mission clandestine en France. Après un stage en Angleterre, Bechtel est parachuté près de Châteauroux le 9 avril 1944 dans le cadre du plan Sussex. Il réussit à faire parvenir au Commandement allié des renseignements très nombreux et très importants qui permirent notamment la destruction par l’aviation d’un important dépôt d’essence à Rouen et d’un train de V1 en gare de Formerie. La mission qu'il dirige est qualifiée par le commandement anglais de "first class". Blessé grièvement (fracture du col du fémur), il a continué à diriger un réseau de renseignement jusqu’à la libération de Rouen. Aussitôt sorti de l’hôpital, Bechtel est volontaire pour l’Indochine où il intègre le commando Conus et prend part à de nombreuses opérations.

Décorations : Légion d’Honneur, médaille militaire, Médaille de la Résistance avec rosette, Military Cross, croix de guerre avec trois citations à l’ordre de l’Armée, Médaille du Levant.

Hervé Autret
Né le 19 septembre 1914 à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), Hervé Autret rallie la France libre le 1er juillet 1940 et signe son engagement individuel à Delville camp le 28 août 1940. Affecté au 2e RTM, il rejoint le BM6 en 1942. Autret est démobilisé à Brest le 14 mars 1945.

Roger Lor
Né le 23 novembre 1914 à Chaillon (Meuse), engagé le 1er juillet 1940 dans les FFL, affecté à la compagnie de commandement du corps expéditionnaire le 22 août 1940. Muté trois jours plus tard à la compagnie de transmission. Roger Lor est tué en Syrie le 23 juin 1941 (Mort pour la France).

Maurice Gouvernet
Né le 14 juin 1909 à Blois, il rallie la France libre le 29 juin 1940 et est incorporé aux FFL le 1er juillet 1940 avec le grade de sergent. Il signe son engagement définitif le 29 novembre 1941. Le 2 août 1940, il est affecté à l’état-major de la 1ère Brigade. Gouvernet participe à l’expédition de Dakar. A compter du 15 janvier 1941, il est détaché au service armement puis le 1er octobre 1943 à la mission de liaison. Entre janvier et mai 1945, il sert à la Direction des Etudes et Fabrication d’armement. Démobilisé le 8 janvier 1946.

Marcel Degron
Né le 24 mars 1905 à Roanne (Loire), comptable, Marcel Degron rejoint la « légion de Gaulle » le 1er juillet 1940 au grade de caporal ; il est affecté à la 3e compagnie de marche. Du corps expéditionnaire. Il décède à Douala (Cameroun) le 30 décembre 1943.

A signaler également dans cette liste, la présence de futurs Compagnons de la Libération, tel Henri Karcher. 
Refusant la défaite, le 24 juin, de Saint-Jean-de-Luz, Henri Karcher embarque pour l'Angleterre sur le Castle Nairn en se camouflant sous une fausse identité polonaise, entraînant avec lui plusieurs camarades. Engagé dans les Forces françaises libres, Henri Karcher refuse d'être affecté au Service de Santé et, avec le grade de sergent, prend part à l'expédition de Dakar. Rapidement promu aspirant, il est affecté au Bataillon de marche n° 1 sous les ordres du commandant Delange et participe à la campagne du Gabon en novembre 1940. Promu sous-lieutenant, il combat en Syrie en juin 1941, prenant le commandement d'une compagnie dont le chef a été abattu par l'ennemi ; lui-même est grièvement blessé par balle peu après, le 15 juin 1941 au Djebel El Kelb. Malgré la guérison imparfaite de sa blessure, il est affecté comme lieutenant au Bataillon de marche n°5 (BM 5) de la 1ère Division française libre, avec lequel il participe à la campagne de Libye et notamment aux combats d'El Alamein en octobre 1942. De nouveau hospitalisé en Algérie, le lieutenant Karcher rejoint la 2e DB du général Leclerc en mai 1944 en Angleterre. Il sert alors en qualité d'officier adjoint au capitaine Sammarcelli, commandant la 3e Compagnie du Régiment de marche du Tchad (RMT). Il débarque avec son unité, le 1er août 1944 en Normandie. Très rapidement, le 11 août, il est blessé à nouveau au combat à Doucelles par des éclats de mortier. Il refuse de se laisser évacuer. Chargé avec sa section, le 25 août 1944, de prendre l'Hôtel Meurice, Q.G. du général von Choltitz, commandant la Place de Paris, il prend le commandement du détachement après la blessure du capitaine Branet ; il entraîne ses hommes à l'assaut tout le long de la rue de Rivoli et dans les jardins des Tuileries, sous le feu des mitrailleuses et des chars qui défendent l'Hôtel. Il pénètre le premier dans le hall après avoir personnellement abattu un mitrailleur allemand. Il fait prisonnier la garnison comprenant une soixantaine d'officiers d'Etat-major et une centaine d'hommes. Il se porte ensuite immédiatement dans le bureau du général von Choltitz qui lui remet ses armes. En septembre 1944, Henri Karcher est affecté au Gouvernement militaire de Paris en qualité d'aide de camp du général Koenig. Il reçoit ses galons de capitaine en avril 1945 puis, le 17 novembre 1945 le général de Gaulle lui décerne la Croix de la Libération Démobilisé en juillet 1946, il reprend ses activités chirurgicales à Paris.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources
Service historique de la Défense : Autret Hervé - 16P 24009 / BECHTEL William – 16P 42483 / Degron Marcel – 16P 165684 / Robert Durif – 16P 204846 / Maurice Gouvernet – 16P 266163 / Roger Lor – 16P 376 595 / Yves Semin – 16P 544500
Site de l'ordre de la Libération
René Cassin, Les Hommes partis de rien, Plon, 1974
Site francaislibres.net