Joseph Guihaire
Légende :
Extrait de Paris aux liens : Témoignages de prêtres, Paris : Le Seuil, 1944
Genre : Image
Type : Dessin
Source : © Archives nationales 72 AJ 61 Droits réservés
Détails techniques :
Dessin imprimé
Date document : 1944
Lieu : France
Contexte historique
Joseph Guihaire est né le 18 novembre 1891 à Saint-Anne-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine).
Novice dominicain au couvent du Saulchoir (près de Tournai en Belgique) le 8 septembre 1911, il y fait profession le 8 septembre 1912. Mobilisé lors de la guerre 1914-1918, il est fait prisonnier en Belgique. Après de nombreux mois de captivité en Allemagne, il est envoyé en Suisse pour des raisons de santé. Après l'armistice, il reprend ses études ecclésiastiques au Saulchoir et est ordonné prêtre à Tournai le 5 août 1923. Il est assigné comme prédicateur à Amiens en 1925, puis à Dijon l'année suivante et enfin au couvent Saint-Jacques, à Paris, en 1932. Entre autres activités, il y poursuit des recherches historiques sur Lacordaire, célèbre prédicateur dominicain et académicien, et publie Lacordaire et Ozanam en 1939. Il n'est pas mobilisé pendant la campagne 1939-1940.
Pendant l'Occupation, il rejoint l'organisation de Résistance La Vérité Française fondé par Jehan de Launoy, dont il était le confesseur avant-guerre, et Maurice Dutheil de la Rochère. Il publie plusieurs articles dans le bulletin clandestin du groupe. A la suite d'une dénonciation, la Gestapo fait une descente au couvent Saint-Jacques le 25 novembre 1941. Après deux heures de perquisitions, les révérends pères Guihaire et Chenault sont emmenés à Fresnes. Leur dossier est transmis au tribunal militaire allemand de la rue Boissy-d'Anglas (Paris). L'accusation reproche au RP Chenault d'avoir reçu des exemplaires du journal clandestin du mouvement et d'avoir critiqué fortement les camps de jeunesse allemands. Quant au RP Guihaire, les accusations allemandes sont plus graves. On lui reproche d'être le conseiller moral de l'organisation clandestine et d'avoir mis à son service son influence de prêtre. On l'accuse également d'avoir publié dans La Vérité Française des articles contre la législation anti-juive du gouvernement allemand et sur la conscience chrétienne face au nazisme.
Le 27 mai 1942, le procureur du tribunal allemand requiert contre le révérend père la peine de mort. Dans son journal rédigé pendant sa détention à Fresnes, Le Père Guihaire relate le déroulement du procès. A la date du 27 mai, il écrit : "Voilà du nouveau ! Qui aurait pu penser cela ! Mes chères sœurs, mon frère Francis, et vous tous pères et sœurs, mes frères et mes sœurs, mes bons amis et mes chers enfants, aviez-vous jamais pensé que votre frère, votre Père et votre ami était un malfaiteur digne de mort ! A cause de vous, en votre nom, au nom de vos prières et de votre affection, j'espère malgré tout un acquittement."
Le 30 mai, Joseph Guihaire est condamné à mort. Il rédige le lendemain un recours en grâce. Le 22 juin, il écrit : "Si je passe par des heures de réel condamné à mort, je suis le plus ordinairement dans l'état d'âme de celui qui va continuer à vivre."
Sa condamnation est suspendue et il est transféré en Allemagne, au camp de Brandenbourg à la fin d'août 1942. Joseph Guihaire y est décapité à la hache le 5 décembre 1942.
Joseph Guihaire a été homologué comme chargé de mission de 2e classe (lieutenant) au titre du réseau Hauet-Vildé. Une plaque commémorative apposée à l'entrée du Couvent Saint-Jacques, rue des Tanneries, rappelle son sacrifice.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense (Vincennes), 16 P 277307, dossier individuel de Joseph Guihaire.
Archives Nationales, F60 573 (dossier de recours en grâce de Joseph Guihaire).
Archives du couvent Saint-Jacques (Paris), Journal de détention du RP Guihaire.
Archives de l’abbé Joseph de la Martinière, Musée de la Résistance, Besançon.
André Duval, "Joseph Guihaire" in Dictionnaire de biographie française, volume 17.