Henri Pergaud

Légende :

Henri Pergaud, membre du comité directeur de CDLL dès septembre 1940

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © SHD GR 16P 466 646 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Henri François Christophe Pergaud est né le 27 février 1907 à Grandfontaine-Fournets (Doubs). Parent de l'écrivain Louis Pergaud, il est le fils de deux instituteurs. Son père, officier, meurt au champ de bataille pendant la Grande Guerre. On ne sait rien de sa jeunesse. Il travaille à la SNCF et consacre tout son temps libre à l'aviation. On ne lui connaît pas d'engagement politique dans l'avant-guerre.
En 1940, il fait partie de l'escadrille d'observation de la 2e division légère mécanique (GAO 4/551). Il se replie au moment de la débâcle et se trouve à Limoges lorsque le maréchal Pétain demande l'armistice. Pour lui comme pour son entourage immédiat, la guerre ne peut être terminée. Ainsi, l'appel du 18 juin 1940, qu'il aurait entendu, ne fait que conforter sa volonté de poursuivre le combat.

Pergaud passe quelque temps à Limoges et rentre à Paris à la mi-août 1940. Il y retrouve un camarade d'escadrille, Henri Pascal, qui connaît Maurice Ripoche et qui informe Pergaud des projets d'action de ce dernier. Pergaud y adhère sans hésiter. Il est nommé membre du comité directeur de CDLL, en septembre 1940 selon une attestation d'André Mutter et du colonel Ginas. Travaillant à la SNCF, à Noisy-le-Sec, il se voit chargé d'agir dans les milieux cheminots dans l'Est du territoire français. Jusqu'à la fin de l'année 1940, il s'efforce d'y nouer des contacts. Au cours de l'année 1941, il parvient à développer un réseau d'agents qui lui transmettent toutes sortes de renseignements concernant notamment le matériel et les effectifs transportés. Il parvient bientôt à élargir ses contacts au-delà de la zone orientale et noue des relations jusqu'au niveau de l'Etat. Il est amené à effectuer de nombreux déplacements qui ne sont pas sans risque. Ainsi, en mai 1942, il est atteint par une balle dans la jambe gauche au moment où il franchit la ligne de démarcation entre Arbois et Lons-le-Saunier. Il draine les informations collectées et les communique, par l'intermédiaire de Henri Pascal et de Georges Savourey, à Maurice Ripoche qui les transmet à Londres par différents canaux.

D'autres missions lui incombent au sein de CDLL. Ainsi se voit-il chargé par Maurice Ripoche de procéder à l'armement du mouvement puis, en 1942, à la demande de Henri Manhès, d'entrer en contact avec des organisateurs des parachutages en France. Il devient l'adjoint de Jean Ayral (alias "Pal") qui sera chargé par Jean Moulin, en avril 1943, de refondre les opérations aériennes en créant en zone occupée un service à l'image du SOAM de la zone Sud. Il se spécialise alors dans la recherche de terrains de parachutages et la formation d'équipes de réception. Il continue néanmoins à être en contact avec le colonel Schimpf, responsable militaire de CDLL. En ce qui concerne la Résistance-Fer, il est remplacé par Bourgeois ("Bayle"), inspecteur au trafic de la SNCF.

Sous les pseudos de "Lateur" ou "Bailly", Pergaud – nommé par Ayral représentant du BCRA – recrute des hommes, recherche des armes et des terrains. Il opère dans l'Eure, la Vienne, la Côte d'Or, le Jura, en Seine-et-Marne… Armel Thomas, résistant de Provins, a rapporté la visite de Pergaud en mars 1943 dans le Provinois (Seine-et-Marne) et le relevé, en plein jour, des coordonnées d'un terrain, terrain auquel une phrase fut associée ("César est toujours debout").
En juillet 1943, Henri Pergaud se voit confier la direction du Bloc Centre (zone Nord) du BOA, initialement commandé par Jean Ayral jusqu'à son arrestation le 28 avril 1943, puis par Paul Schmidt (alias "Kim ") et enfin Lucien Flour ("Berrier"). Son activité au BOA dépasse naturellement ses relations avec CDLL : il travaille avec de nombreuses organisations au sein desquelles il recrute des agents pour les parachutages. Il est ainsi en contact avec le FN, CDLR, l'OCM, le MLN et Libération-Nord. D'après son propre témoignage, le recrutement d'agents auquel il se livre génère parfois des tensions avec certaines formations comme l'OCM, CDLR ou encore les FTP. De nombreux parachutages ont lieu sous sa direction.

Henri Pergaud rejoint Londres le 15 août 1943 pour effectuer un stage d'officier d'opérations ; il demeure dans la capitale anglaise jusqu'à janvier 1944.
Une dizaine de jours après son arrivée, il rend compte de son activité sur le territoire métropolitain. Son témoignage offre une vision assez précise de CDLL. Chargé d'installer une centrale de faux papiers pour Secnord (secrétariat nord de la Délégation générale), il est parachuté en France le 29 janvier 1944.
En relation avec le MLN et le NAP, il renoue également avec ses contacts de CDLL. Il est par ailleurs toujours en liaison avec Résistance-Fer. C'est par son biais que les responsables de cette organisation, qui viennent d'être coupés de Londres à la suite d'une arrestation capitale, peuvent renouer avec Londres. En mai 1944, Henri Pergaud est présent lors d'une réunion présidée par le DMN Jacques Chaban-Delmas visant à une ultime mise au point du Plan vert (cf. Aurousseau).

A la Libération, sous le nom de "Philinte", Pergaud est chargé d'assurer la sécurité des éléments de la France libre dans la Région parisienne et de superviser les corps francs. Le 19 août 1944, il participe à l'occupation de divers bâtiments officiels, notamment le SIPEG et le ministère de l'Intérieur, jusqu'à l'installation des nouveaux pouvoirs. Il est chargé de mission à la Sécurité publique au ministère de l'Intérieur jusqu'au 5 octobre 1944.
Signalons que la Gestapo qui le recherchait activement pour ses activités, procéda à l'arrestation de sa femme qu'elle tortura et assassina.

Après la guerre, Henri Pergaud redevient inspecteur à la SNCF. Dans un témoignage recueilli au lendemain de la guerre par le Comité d'histoire sur l'occupation et la libération de la France, il déplore, lui dont l'activité était trans-organisationnelle, les déchirements survenus entre les résistants au lendemain de la guerre (72 AJ 42).
Henri Pergaud est décédé le 7 novembre 1994 à Besançon (Doubs).

Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur, Croix de guerre, Médaille de la Résistance, Officier de l'Ordre du British Empire.


Notice extraite du DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Auteur : Emmanuel Debonno

Sources et bibliographie :
Archives nationales, 46 Mi 7 (archives du BCRA, interrogatoire de Henri Pergaud le 25 août 1943) ; 3 AG 2 liasse 227 pièce 23
Archives nationales, 72 AJ 42 (CDLL, témoignage du colonel Pergaud recueilli par Mlle Patrimonio, note du colonel Philinte au colonel Dulac au sujet de CDLL-Vengeance).
Archives de l'ONAC de Paris, dossier individuel de Henri Pergaud.
Mairie de Fournets Luisans, service d'état-civil.
Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, tome 3, Paris, Robert Laffont, 1967-1981.
Michel Pichard, L'espoir des ténèbres. Parachutages sous l'occupation, Paris, ERTI, 1990.
Armel Thomas, L'épopée des ombres, Imprimerie Louis-Jean, Gap, 1971.
Note d'André Aurousseau in Revue d'histoire des chemins de fer, "Les cheminots dans la guerre et l'Occupation", hors série, n° 7, AHICF, 2002.