Marcel Brossier
Légende :
Recto : Un sous-officier allemand lit l'avis d'exécution de Marcel Brossier (source non identifiée)
Verso : Affiche allemande annonçant la condamnation à mort et l'exécution de Marcel Brossier (Archives de Rennes 9 Fi 118)
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Source inconnue Droits réservés
Détails techniques :
Photgraphie analogique en noir et blanc
Date document : 1940
Lieu : France - Bretagne
Contexte historique
Marcel Brossier voit le jour à Sainte-Gauburge dans l’Orne le 3 mars 1909. Il est le fils de Gustave Brossier et d’Henriette Mézerais. On peut penser qu’il eut une enfance difficile puisqu’il avait un tuteur, M. Louis Forget. Quand il est convoqué pour passer le Conseil de Révision en juillet 1929, il habite à Vern-sur-Seiche, près de Rennes, où il exerce la profession de mécanicien. Mais Marcel Brossier ne fait pas de service militaire car il est amputé de la moitié inférieure de la jambe gauche.
En 1939, il a 30 ans mais, pour la même raison, il n’est pas mobilisé en septembre de cette année-là. Il ne peut donc pas se battre contre l’Allemagne nazie et pourtant, il enrage quand il voit les armées ennemies envahir la ville de Rennes le 18 juin 1940. Il ne supporte pas de les voir se pavaner dans nos rues et s’installer pour y rester longtemps. Il habite alors au 33 rue Duhamel à Rennes. Il veut faire quelque chose mais les groupes de Résistants n’existent pas encore ou, du moins, il ne les connaît pas.
Il a vu des ouvriers installer des câbles électriques et téléphoniques pour alimenter des installations allemandes. Un soir, il prend des cisailles dans sa poche et, dès qu’il le peut, il coupe un de ces câbles situés entre la rue Duhamel et l’avenue Louis Barthou. Fut-il pris en flagrant délit, s'était-il "vanté" de son acte ou fut-il dénoncé ? Toujours est-il qu’il est arrêté et passe en jugement devant le conseil de guerre de la Feldkommandantur (FK 748) le 12 septembre 1940. Ce tribunal veut faire un exemple car il ne veut pas que ce genre de « sabotage » recommence ; il condamne Marcel Brossier à la peine de mort. Il est fusillé à La Maltière le 17 septembre à 10 heures du matin, comme l'annonce la proclamation (Bekanntmachung) bilingue affichée en ville ce même jour et une autre affiche en noir et blanc superpose les deux versions de la proclamation. Le quotidien l'Ouest-Eclair du 19 septembre affichera la proclamation bilingue en haut de sa page de Rennes mais aussi dans toutes les éditions du journal pour valoir exemple.
Marcel Brossier est le sixième fusillé sur toute la France et le deuxième fusillé en Bretagne pour acte de sabotage après l'armistice, car un ouvrier agricole d"Assérac (Loire-Inférieure), Joseph Trigodet, avait été condamné pour avoir sectionné une ligne téléphonique allemande à l'entrée de son champ et exécuté dès le 6 septembre sur la dune à Assérac, sans "publicité" autre que dans un petit journal local, Le Phare. Ont été fusillés avant eux : Karp Israël, le 27 août à Bordeaux pour s'être livré à des voies de fait contre le tambour-major d'une musique militaire allemande - Louis Frizot, 45 ans, dijonnais, le 31 août à Saint-Apollinaire - Louis Lallier, 25 ans, domestique agricole, le 3 septembre à Épinal, pour avoir coupé un câble - Pierre Roche, 19 ans, le 7 septembre pour un sabotage à Royan..
Brossier fut enterré au cimetière de l'Est à Rennes, mais comme il n’a pas de famille connue, sa tombe sombre dans l’oubli. Bien qu’elle porte la mention « Mort pour la France », sa tombe sera supprimée et ses restes mis dans la fosse commune.