La prise de Koufra, 2 mars 1941
Légende :
Le capitaine Combes présente au commandant Hous et au colonel Leclerc le fanion de la Compagnia Sahariana di Cufra pris à l'ennemi, Tchad, mars 1941
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Fondation de la France Libre Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Mars 1941
Lieu : Tchad
Contexte historique
Devenu commandant militaire du Tchad en décembre 1940, Leclerc projette d’attaquer Koufra, oasis italienne au sud-est de la Libye, distante de près de 2000 km.
En quelques jours, Leclerc réunit les moyens de transport (une centaine de camionnettes, équipées de mitrailleuses et de mortiers de 81 mm) et les effectifs (350 hommes) nécessaires au raid sur Koufra. Comme Fort-Lamy est à 1 200 km de la frontière italienne (et à plus de 1 500 km de Koufra), il s’installe à FayaLargeau, au nord du Tchad. Le 23 décembre, une première reconnaissance en direction de Koufra est organisée ; la «Colonne du Tchad» (que l’on commence à appeler «Colonne Leclerc ») quitte Faya-Largeau le 27 janvier 1941.
Entre-temps, le 11 janvier, le colonel Colonna d’Ornano, chef de la région du Borkou-Ennedi (nord du Tchad) aura mené un raid sur Mourzouk, l’autre grand poste italien du Sud libyen, à plus de 1 000 km de Fort-Lamy. L’objectif n’est pas de prendre le poste, mais de neutraliser le terrain d’aviation : il est atteint, mais Colonna d’Ornano est tué. Ce raid démontre les immenses possibilités d’une colonne motorisée dans le désert et l’utilité du harcèlement dans la stratégie de conquête saharienne.
Leclerc n’ignore pas que Koufra est bien défendue – entre autres, par la Sahariana di Cufra, une compagnie motorisée qui jouit d’une grande réputation – mais il sait aussi qu’arracher cette position à l’Italie fasciste équivaut à porter un sérieux coup à la domination fasciste en Afrique. Et ce coup, c’est la France Libre qui va le porter – avec le concours de la patrouille néo-zélandaise qui a participé au raid contre Mourzouk.
Leclerc se retrouve finalement seul avec sa colonne, sans appui aérien, sans l’aide attendue des Britanniques. Les affrontements avec la Sahariana di Cufra, beaucoup mieux armée, seront violents, mais, sûr de son affaire, il ne se presse pas. Le siège du fort d’El Tag, qui défend Koufra, dure dix jours ; les coups de main se succèdent et la résistance italienne finit par faiblir. Au matin du 1er mars 1941, la garnison italienne se rend. Koufra est tombée. Leclerc prononce alors quelques mots qui passeront à la postérité sous le nom de « Serment de Koufra » ; il explique que le combat ne s’arrêtera que lorsque le drapeau tricolore flottera à nouveau sur Paris et sur Strasbourg.
Quelques jours plus tard, de Gaulle lui écrira: «Vous venez de prouver à l’ennemi qu’il n’en a pas fini avec l’armée française. Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire.» Si la prise de Koufra passe inaperçue en France – un seul journal annonce que des troupes anglaises ont occupé l’oasis – elle est, en revanche, saluée avec enthousiasme dans tous les territoires de l’Empire ralliés à la France Libre. Il s’agit, commente la BBC, du «premier acte offensif mené contre l’ennemi par des forces françaises partant de territoires français, aux ordres d’un commandement uniquement français ».
Fondation de la France libre, dossier "Les Français libres"