Décoration de René Robert

Légende :

René Robert décoré, en 1966, de la médaille militaire, de la Croix de guerre avec palme, par Charles Lahmery, alias « Bozambo », devant le monument aux morts de Romans-sur-Isère.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : inconnu

Source : © Collection Lucienne Robert Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : 1966

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

Les décorations sont remises à l’occasion de manifestations patriotiques, vraisemblablement le 8 mai 1966.

La médaille est épinglée par Charles-André Lahmery (pseudonyme « Bozambo »), « Bozambo » est né en 1921 à Lyon. Au départ de Geyer qui prend le commandement des maquis du Vercors en décembre 1943, « Bozambo » devient le chef du maquis de Chambaran, installé près de Saint-Christophe-et-le-Laris. L’action de ce maquis est très importante dans le nord de la Drôme, nombre d'actions de récupération de matériel, de guérilla, de sabotages divers. Son maquis qui devient l'ossature de l'AS puis des FFI en Drôme-Nord, acquiert une grande popularité au sein de la population. En juin 1944, il passe sous le commandement de Vuchot (Noir). Le maquis « Bozambo » participe activement aux combats de la libération du département de la Drôme avant le 1er septembre 1944, à la libération de Beaurepaire et de Vienne. Après cette date, il appartient à la 2ème demi-brigade alpine, est dirigé sur la frontière italienne, puis en Alsace où il rejoint l'armée de De Lattre de Tassigny.
« Bozambo », officier de la Légion d'honneur, fut l'un des fondateurs de la Fédération des unités combattantes et des FFI de la Drôme dont il fut le président. Il est décédé le 13 avril 2001.

Sur la photo, à la droite de René Robert, on reconnaît Lucienne Robert, son épouse.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

René Robert, militant communiste, syndicaliste, résistant, a connu plusieurs camps en France et en Allemagne durant la guerre. Après 1946, il a été un des responsables de la FNDIRP.

René Robert est né le 21 mai 1907 à Romans. Il est mécanicien-ajusteur dans une grande entreprise, l'EGTM (installation et entretien des centrales hydrauliques notamment).

En 1938, on le trouve membre de l'association "les Amis de la Nature", association issue du mouvement déclenché par le Front populaire pour organiser les loisirs des travailleurs, avec Aimé Arsac, son futur beau-frère.

Pour la visite du Président de la République, Lebrun, à Montélimar, le 2 avril 1939, une liste est établie par le préfet de la Drôme "d'éléments communistes qui devront faire l'objet d'une surveillance particulière" à cette occasion, tous militants à Romans ou Bourg-de-Péage. On les retrouvera, en grande majorité, presque deux ans après, parmi les internés du camp de Loriol-sur-Drôme.

Il est mobilisé dans la marine à Toulon. Le 9 novembre 1939, au cours d'une permission, René Robert épouse Lucienne Clot. Il est ensuite muté à Cherbourg, à Dunkerque, puis en Angleterre. Les marins français sont d'abord bien accueillis par les Anglais, mais ils sont internés dans un camp après la "bataille" de Mers-El-Khébir (3 juillet 1940). Il revient à Toulon le 7 août 1940 et est démobilisé le 8 août, jour de la naissance de leur fils Alain. Il est de retour à Romans le 12 août 1940.

René Robert reprend son travail dans l'entreprise dirigée par Victor Boiron (résistant) et son activité de militant communiste et de syndicaliste à Romans.
Le 30 novembre 1940, le commissaire de police fait une perquisition à son domicile où il saisit, d'après le rapport de police, un carnet d'adresses de membres du parti communiste, sa carte d'adhérent, une carte de chômeur, ses cartes syndicales (Confédération des métaux) de 1936 et 1940, sa carte de membre du Comité régional, des photos, les Cahiers du bolchevisme.

Arrêté une première fois, le 14 janvier 1941, il est interné au camp de Loriol avec 26 autres militants communistes ou syndicalistes drômois de Romans, Bourg-de-Péage et Valence. Il est libéré le 4 mars suivant. Mais il est arrêté une seconde fois, le 10 octobre 1941, et envoyé au camp de Saint-Paul-d'Eyjaux, en Haute-Vienne, d'octobre 1941 au 18 mai 1942.

En octobre 1942, il peut s'échapper au moment où on venait l'arrêter pour la troisième fois. Il part alors à la ferme d’Ambel, le premier maquis du Vercors.

Il fait partie du 1er bataillon FTPF-FFI de la Drôme du 1er janvier 1943 au 3 avril 1944. Il participe ensuite à des actions dans la région d'Alès, dans le Gard.

Le 3 avril 1944, René Robert est en mission à Avignon. À sa descente du train, il est arrêté par des miliciens et des membres de la Gestapo. Il est enfermé à la prison sous responsabilité allemande. Il y est torturé et condamné à la détention puis déporté au camp de Neue-Bremm. C'est un camp d'extermination pour NN, au régime éprouvant, les hommes étant contraints à des exercices de « gymnastique » pendant des heures et à une ronde infernale dans la cour. Il s'en échappe, avec quatre compagnons, suite à un bombardement de Sarrebruck, sachant qu'ils devaient être envoyés au camp de Mauthausen, et deux d'entre eux peuvent rejoindre les lignes américaines.

Après la Libération, il reprend son travail de mécanicien-ajusteur mais Victor Boiron a été tué par les Allemands, son entreprise est fermée. Il travaille alors dans diverses entreprises comme mécanicien d'entretien.

En 1946, est née leur fille Joëlle.

En 1956, aux Tanneries Gras, il est victime d'un grave accident du travail au cours duquel il perd la main droite. Il a alors 49 ans. Au bout d'un an de rééducation et de formation, il peut entrer au service des Eaux de la mairie de Romans où il reste jusqu'en 1970.

La citation de l’arrêté du 25 février 1966 indique :

« GUERRE 1939-1945 / DÉPORTÉS – RÉSISTANTS / Armée de mer
ROBERT René, Léon, Marius, ex-quartier-maître mécanicien, matricule 0527.2652, caporal des Forces Françaises de l’Intérieur,
"A été déporté en Allemagne pour son action dans la résistance contre l’ennemi au cours de la période d’occupation.
En est revenu grand invalide à la suite des privations et sévices subis.
A bien servi la cause de la Libération."
Ces concessions comportent l’attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme… »


René Robert est aussi chevalier de la Légion d’honneur (arrêté du 9 novembre 1983 signé du Président de la République, François Mitterrand).

Après 1946, il est président de la section locale de la FNDIRP. Il a été membre du bureau régional et national de cette fédération.

Il meurt le 19 août 1992.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Documentation et discussions avec Lucienne Robert. V. Giraudier. H. Mauran. R. Serre. J. Sauvageon, Des indésirables les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale, Valence, Peuple Libre - Notre Temps, 1999, 480 pages. Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.