Mojsze "Maurice" Feld
Légende :
Maurice Feld dans les années 1930
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Mémorial de la Shoah / Coll. Micheline Brodfeld Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Années 1930
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris
Contexte historique
Juif polonais, Maurice Feld est né le 27 septembre 1924 à Varsovie (Pologne), fils de David Feld et Ita Berger et frère de Charles Feld. La famille émigre en France au milieu des années 1920. Ses parents travaillent dans la confection ; ils obtiennent la nationalité́ française, tout comme Maurice, en 1934. Maurice adhère très jeune aux Pionniers rouges, tandis que son frère aîné Charles est membre du Parti communiste. En 1942, il s’engage dans la Résistance et prend des responsabilités à Lyon au sein du Front national puis du Mouvement national contre le racisme (MNCR) dont il est l’un des cofondateurs.
Souhaitant devenir ajusteur, Maurice entre en apprentissage en octobre 1939 aux usines Renault à Billancourt ; il y reste jusqu’en octobre 1940. Au club sportif du Xe arrondissement de Paris, il côtoie Samuel Tyszelman qui le fait entrer dans les Jeunesses communistes. Tyszelman lui remet des tracts que Feld est chargé de distribuer ou coller sur les murs.
Le 18 octobre 1940, une perquisition au domicile de la famille Feld entraîne la découverte de matériel de propagande communiste. Alors que son père est interné au camp de Châteaubriant et sa mère aux Tourelles (Paris XXe), Maurice est envoyé en détention préventive au Dépôt puis placé en liberté surveillée en février 1941 du fait de son âge. En novembre 1941, son beau-frère, Georges Ghertman, responsable politique des Jeunesses communistes des IVe et Xe arrondissements, chez qui il vit désormais, le fait entrer au sein de l’Organisation spéciale (OS) où il prend le pseudonyme de Jacques.
L’essentiel de son activité, résolument tournée vers la lutte armée, s’effectue avec Maurice Feferman. Selon David Diamant, ils sont rattachés au groupe d’action commandé par Georges Tondelier. C’est avec son ami Feferman qu’il attaque, le 2 novembre décembre 1941, un médecin auxiliaire allemand, boulevard Magenta. Le même mois, le binôme vole des explosifs dans une carrière à Saint-Maximin (Oise). Le 14 décembre 1941, ils organisent un attentat à l’explosif contre l’hôtel Imperator occupé par les Allemands, 70 rue Beaubourg à Paris (IIIe arr.) qui échoue. Il prend part également, avec Maurice Feferman, Louis Coquillet et Marcel Bourdarias, à un attentat contre une permanence du RNP, 11 bis rue de la Procession (15e), le 3 janvier 1942.
C’est par l’intermédiaire de son amie, Sylvia Brodfeld, identifiée et filée par les inspecteurs de la brigade spéciale (BS) 2 depuis le 25 avril 1942, que Maurice Feld et Maurice Feferman sont localisés. La tentative d’interpellation qui a lieu le 9 mai 1942, rue du faubourg Poissonnière, débouche sur une fusillade durant laquelle Maurice Feld est blessé et ceinturé alors que son camarade se blesse grièvement en tentant de se suicider d’une balle dans la tête. Il meurt à l’Hôtel-Dieu quelques heures plus tard. Lors de son interpellation, Maurice Feld est trouvé en possession de faux-papiers au nom de Potier Alain et d’un revolver enrayé.
Interrogé, probablement torturé par les policiers français de la BS2, il reconnaît tous les faits qui lui sont reprochés, indique l’heure et l’endroit de son prochain rendez-vous, Isidore Grinberg, qui est interpellé.
Détenu à l’hôpital de l’hôtel-Dieu, Maurice Feld est livré aux autorités allemandes le 11 mai 1942 et interrogé par la Gestapo. Incarcéré à la prison de la Santé, jugé et condamné à mort par le tribunal allemand du Gross Paris qui siège rue Boissy-d’Anglas dans le VIIIe arrondissement de Paris le 7 aout 1942, il est exécuté au stand de tir du ministère de l’Air le 22 août 1942. Son nom est gravé sur la plaque du ministère des Armées à Paris.
Auteur : Guillaume Pollack
Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 219 964
Archives de la Préfecture de Police, Paris : GB 150, GB 178, GB 101.
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds David Diamant.
David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance, Paris, éditions renouveau, 1984.