"XI novembre - Laval a eu sa journée", La Vérité, 15 novembre 1940

Légende :

Page 4 du journal clandestin La Vérité du 15 novembre 1940 évoquant la manifestation du 11 novembre 1940

Genre : Image

Type : Presse clandestine

Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés

Détails techniques :

Journal ronéotypé format in-4° (270 x 210)

Date document : 15 novembre 1940

Lieu : France

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Analyse média

Editée clandestinement depuis la fin août 1940, La Vérité, « journal bolchévik léniniste », est le journal des « comités pour la IVInternationale » puis du Parti ouvrier internationaliste (POI). C’est Marcel Hic, qui tente de regrouper les militants et groupes trotskystes dispersés, qui en assure la parution jusqu’à son arrestation en 1943 et sa déportation à Buchenwald puis Dora où il meurt. C’est Marcel Hic qui rédige en juillet 1942 des « thèses sur la question nationale ». David Rousset lui dédie L’Univers concentrationnaire.

Ce numéro 6 qui est daté du 15 novembre 1940, soit quatre jours après la manifestation des étudiants et lycéens, donne peu de précisions. Il est probable que l’article ait été sinon rédigé, du moins inspiré par Marcel Bleibtreu, étudiant en médecine, proche de Marcel Hic, qui avait manifesté le 11 novembre. Dans un texte ultérieur Marcel Bleibtreu explique : « internationaliste convaincu, je passe outre la symbolique réactionnaire et chauvine de la date, et décide de saisir l’occasion, probablement unique, de défier dans la rue le nazisme triomphant », ce qui correspond à l’esprit de l’article.

Les informations de La Vérité - sans doute fabriquée le 13 ou le 14 – apparaissent toutefois comme bien moins vagues que d’autres bruits qui circulent. Il n’y a pas de morts qui soient évoqués dans l’article, juste le « sang de la jeunesse », ce qui renvoie aux blessés, ni d’autres lieux de détention des étudiants que ceux de la Santé ou du Cherche-Midi (évacuée en juin 1940, les autorités d’occupation vont l’utiliser après leur arrivée comme lieu de détention d’opposants et de résistants). C’est que Marcel Hic, qui travaille à l’agence Havas (ancêtre de l’AFP), y dispose d’informations de première main, et il peut ainsi annoncer prudemment « le bruit » d’une fermeture de l’Université de Paris et les mesures à l’encontre des étudiants, que l’Oeuvre rend publique le 16 novembre.

La Vérité exprime une tonalité anti-occupant autant, sinon plus, qu’anti-vichyste, conforme à l’orientation du moment du POI qui, sans renoncer à ses objectifs révolutionnaires, accorde une grande place au mouvement national de lutte contre l’occupation. Ce qui lui est reproché par l’autre organisation trotskyste, le Comité communiste internationaliste. Les deux partis fusionnent en 1944 avec La Vérité comme journal.


Robi Morder