Les « Darus » en 2007
Légende :
Les anciens du Maquis Pierre réunis à Saint-Pons de Condorcet en 2007 autour de leur ancien chef, le colonel Pierre Challan Belval.
Genre : Image
Type : Photo
Producteur : cliché Jacques Bourdongle
Source : © Jacques Bourdongle, archives personnelles Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique couleur.
Date document : septembre 2007
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Condorcet
Analyse média
Au cours de la rencontre des anciens du maquis Pierre, de leurs parents et amis, le 22 septembre 2007, à la ferme Gras de Saint-Pons de Condorcet, la joie des retrouvailles se conjugue avec la recherche du souvenir et le maintien d’une mémoire.
C’est notamment, comme ici, le moment de la photographie. En ce jour d’automne 2007, le cliché de Jacques Bourdongle, l’un des principaux organisateurs, donne à reconnaître, de gauche à droite, François Paris (Gilbert), Jeannine Rolland, Jean Challan Belval, Jean Eustachy, Jean Rolland (Yves), Michel Aubert, Gisèle Vallot, Charles Charpenel dit Charlot, Raymond Chauvin, le colonel Challan Belval, l’abbé Pierre Lambert.
En arrière-plan, apparaît la maison – occupée actuellement à Lucienne Gras (autrefois appartenant à Stanislas, son beau-père, puis à Marcel son mari récemment décédé), qui accueille les Darus. Le groupe s’est écarté des tables où se déroule le repas – dans la cour de la ferme, à l’ombre du mûrier – pour se rassembler, le temps de la photo, devant la façade dont on aperçoit une fenêtre, une porte et un arbuste.
Le choix de ce lieu n’est pas anodin. Stanislas Gras fut l’une des sept victimes qui périrent lors de la journée sanglante du 19 mars 1944 : trois d’entre elles furent fusillées à l’école de Saint-Pons – un peu plus haut dans la montagne, trois autres contre un mur de la ferme.
Le groupe du maquis Pierre, qui avait établi son camp dans le hameau, se sentant en difficulté d’approvisionnement et en insécurité, s’était déplacé peu de temps auparavant. Les familles rurales, supposées acquises aux maquisards ou du moins de connivence avec eux, furent victimes des représailles sanglantes conduites conjointement par les Allemands et la Milice, du pillage et de l’incendie de leurs fermes. Sans doute l’épisode de Saint-Pons est un drame marquant de l’histoire du maquis Pierre. Il n’est cependant qu’un moment de son histoire, que l’on pourra retrouver ailleurs.
Quelques temps après, la photo accompagne une lettre de liaison aux Darus, à leurs parents et amis. Ce message rend compte de la journée de Condorcet (messe à la chapelle, recueillement au cimetière et devant la plaque commémorative des 7 martyrs du 19 mars à l’école de Saint-Pons, apéritif, repas, commentaires et messages marquants, hommages aux disparus).
Il annonce également la prochaine réunion, s’efforçant de maintenir le ciment qui soude ces hommes et ces femmes, unis depuis leurs luttes de maquisards.
Auteurs : Michel Seyve et Claude Seyve
Contexte historique
La rencontre du 22 septembre 2007 a débuté par une messe à la chapelle de Saint-Pons, célébrée traditionnellement par Pierre Lambert, curé à La Chapelle-en-Vercors et ancien du maquis Pierre. Pierre Challan Belval, de son côté, a évoqué le souvenir de ses frères d’armes disparus.
Puis les participants se sont retrouvés au cimetière jouxtant la chapelle pour se recueillir sur la tombe de Stanislas Gras.
Enfin, devant la plaque apposée sur la façade de l’école de Saint-Pons, rappelant les noms des 7 martyrs (Docteur Jean Bourdongle, Stanislas Gras, Gustave Long, Bertin Montlahuc, Simon Raspail, Henri Silan, Marcel Silan), un dépôt de gerbes est effectué, suivi du chant de la Marseillaise entonnée par l’assistance – une cinquantaine de personnes –. Une minute de silence est observée.
Pour la première fois, en 2010, en l’absence de Pierre Challan Belval, Jacques Bourdongle, fils du docteur Jean Bourdongle, résistant nyonsais au rôle important, torturé à Nyons, puis fusillé à Saint-Pons, a clôturé les cérémonies du matin précédant le repas. Il a remercié en particulier Patrick.Coullet, maire de Condorcet, qui témoigne chaque année du soutien de la commune à cette journée : elle est en effet consacrée pour une grande part à la mémoire du maquis Pierre ainsi qu’au massacre du 19 mars, intimement lié à son histoire et à celle de Condorcet.
Cet épisode de Saint-Pons de Condorcet a impressionné Louis Aragon : l’écrivain s’en est servi de « pilote » pour une partie de sa nouvelle de Le droit romain n'est plus. Cet écrit a été publié à plusieurs reprises depuis 1945.
Auteurs : Michel Seyve et Claude Seyve
Sources : Jacques Bourdongle, archives personnelles. La nouvelle Le droit romain n’est plus de Louis Aragon a été publiée dans le recueil Servitude et Grandeur des Français (La bibliothèque française, 1945), dans Œuvres romanesques croisées, tome 4 (Robert Laffont, 1964), dans Le Mentir vrai (Gallimard, 1980), dans la collection La Pléiade, tome 1 (Gallimard, 2000).