Benjamin "Nath" Taich
Légende :
Benjamin "Nath" Taich, créateur de la section marseillaise de l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE).
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Coll. Clément Taich Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille
Contexte historique
Benjamin Taich, "Nat", naît le 27 avril 1910 à Dombrovica en Pologne. Il fait ses études à Vilno, grand centre de culture yiddish. Membre du parti communiste, il est contraint d'émigrer pour échapper à la prison. Il arrive à Paris en 1931. Communiste, immigré clandestin, le statut de réfugié politique lui est refusé. En 1933, il s'établit à Nîmes et devient marchand forain. Il s'engage dans l'armée française fin 1938 en espérant devenir citoyen "de la patrie des droits de l'homme". Son régiment, le 99e RIA, combat en Lorraine. Malgré une blessure, son engagement n'est pas reconnu d'autant que le gouvernement de Vichy revient sur les naturalisations accordées après 1927.
De retour à Nîmes, Nat Taich par l'intermédiaire de Samuel Farber Cynamon (Schmulek), un militant communiste qui a fui Paris après les premières rafles, adhère au comité de solidarité juif dont la direction est à Marseille. Nat Taich distribue tracts et journaux et essaie de sensibiliser les Juifs au danger qu'ils courent. Au début de 1943, après avoir failli être arrêté en possession de tracts fournis par Rose Korzec, Nat Taich quitte Nîmes et entre en clandestinité.
Au printemps 1943, Nat Taich, Albert Lévine et Roger Godchot créent la section marseillaise de l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE) qui rassemble toutes les organisations illégales juives communistes et un premier groupe de combat. La mission des groupes de combat juifs est de lutter contre tous ceux qui participent aux persécutions antisémites et de détourner les Juifs de l'UGIF considéré comme un organe de collaboration. Ainsi en juin 1943, Nat Taich participe à la destruction du siège de l'organisation collaborationniste « Jeunes pour l'Europe nouvelle ». Le 31 décembre, il dirige le groupe de combat qui investit le siège central de l'UGIF à Marseille et détruit tous les fichiers des Juifs assistés et du personnel. Inlassablement, Nat Taich enjoint les Juifs qui restent encore à Marseille de passer dans la clandestinité et de confier leurs enfants aux réseaux de sauvetage. Par ailleurs, Nat Taich est chargé de rappeler à ses camarades les consignes de vigilance.
Les groupes de combat de l'UJRE sont liés aux FTP-MOI pour l'action armée générale (par exemple attaque de miliciens, sabotage de la voie ferrée Marseille-Nice en mai 1944). A la Libération, Nat Taich participe activement aux combats de la place Castellane. Le colonel Simon, chef régional FFI qualifie ainsi Nat Taich « résistant de la première heure, dynamique, courageux, entraîneur des hommes ». Il épouse Bella Hais, Hélène, résistante FTP-MOI. Avec elle et Manu-Lipman Sterenzy, il participe à la fondation de la section marseillaise du MRAP. Il apporte dans les écoles son témoignage sur les valeurs de la Résistance. Il reste membre du parti communiste jusqu'à son décès survenu à Marseille le 19 juillet 2002.
Auteur : Sylvie Orsoni
Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 560679 (dossier individuel Benjamin, Nat, Taich)
David Diamant, Les Juifs dans la résistance française 1940-1944 (avec armes ou sans armes), Paris, Roger Maria Editeur, 1971.
Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, Paris, éditions Tirésias, 2011.
Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Christian Oppetit (dir.), Marseille, Vichy et les nazis, le temps des rafles, la déportation des juifs, Marseille, Amicale des déportés d'Auschwitz et de Haute-Silésie, 1993,p.41-43.
Jacques Ravine, La résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.