Victor Bardach dit Jan Gerhard

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Coll. André Magne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France

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Contexte historique

Victor Bardach, dit Jan Gerhard (ou Jean), naît le 17 janvier 1921 à Lwow en Pologne, en Galicie orientale. Après des études secondaires, il devient élève officier en 1939. Son destin bascule lorsque, le 1er septembre 1939, Hitler envahit la Pologne et s’empare de sa partie occidentale, selon les accords prévus par le Pacte germano-soviétique. La défaite est rapide, l’unité militaire de Gerhard se replie en Roumanie.

Apprenant qu’une armée polonaise est en cours de reconstitution en France, il parvient à passer en France via la Hongrie, la Yougoslavie et l’Italie. Il rejoint les Polonais regroupés à Coëtquidan. Lors de l’attaque allemande contre la France le 10 mai 1940, il combat avec la 1e Division de Grenadiers polonais (Division Lorraine) dans les Vosges. Blessé à Gérardmer le 23 juin, il est emprisonné au Stalag XVII, à Keisersteinbruch près de Vienne en Autriche.

Début janvier 1941, il apprend que le gouvernement de Vichy a demandé le rapatriement des prisonniers de guerre français hospitalisés. Parlant français, il réussit à se glisser dans un contingent de Français rapatriés vers la France. Dès son arrivée, en février, il est hospitalisé à Lourdes. Pris en charge par la Croix Rouge polonaise, puis démobilisé, il est assigné à résidence à Montpellier.

Sur place, sous le nom de Jean Halpern, il organise un groupe de jeunes membres ou proches du parti communiste polonais (KPP), dont deux officiers polonais démobilisés, Léon Geist et Henri Epstein, ainsi que Rozman et Kamilia Chylinska. Ce groupe est en liaison avec le Parti communiste, plausiblement via sa section juive. Il est aussi en relation avec un réseau qui fait passer des enfants juifs en Suisse. Gerhard participe à plusieurs sauvetages.

Peu après le 11 novembre 1942 et l’invasion de la zone dite libre, Jean Gerhard est envoyé à Toulouse. Il utilise des papiers au nom de Marc-André Verheggen, citoyen suisse, exerçant la profession de représentant. Il est mis en contact avec la 35e brigade FTP-MOI en cours de constitution sous le commandement du Polonais Marcel Langer. Après l’arrestation de celui-ci, le 6 février 1943, il le remplace. Il devient commandant militaire régional puis commandant militaire de l’Inter-région 35 comprenant six départements.

Sous son impulsion, la 35e brigade multiplie les actions : attentats contre des militaires allemands, sabotages de matériels, installations, voies de communications. Les policiers, les fonctionnaires de Vichy, les partis politiques partisans de la collaboration, sont visés aussi. Pour la période février-mai 1943, la 35e Brigade revendique 88 actions en Haute-Garonne et 71 en Lot-et-Garonne.

En mars 1944, Jan Gerhard est muté dans le nord de la France pour prendre le commandement des détachements polonais des FTPF.

Au début de 1945, il est nommé commandant du 19e Groupement d’Infanterie Polonaise (19e GIP) intégré à la 1ère Armée Française du général De Lattre de Tassigny. Il participe à la campagne d’Alsace et à la campagne d’Allemagne. Après la Victoire, le 19e GIP rejoint la Pologne. Il défile en armes à Varsovie le 18 novembre 1945.

De retour en Pologne socialiste à la fin de la guerre, Jan Gerhard est envoyé en 1947 combattre des nationalistes ukrainiens. De 1948 à 1950, il suit une formation à l'école de guerre de Moscou et revient en Pologne avec le grade de colonel C'est à son retour que les ennuis commencent pour lui. Comme d'autres de ses anciens camarades, il est une des victimes du stalinisme et de la guerre froide qui s'installe. Arrêté le 29 août 1952, accusé d’être un agent français, il est libéré et réhabilité en 1954. Il est élu député à la Diète polonaise après la libéralisation de 1956. Il devient romancier et directeur de revue. Mais en 1971 il est assassiné dans son appartement de Varsovie : le crime n'a jamais été élucidé, là encore des zones d'ombre subsistent. La Pologne d'alors connaît une recrudescence d'antisémitisme et le bruit a couru qu'il était prêt à faire des révélations sur les massacres d'ouvriers de Gdansk et de Gdynia en 1970.


Auteur : André Magne

Sources et bibliographie:
Service Historique de la Défense (Vincennes) : GR 16 P 252565 (dossier individuel).
Archives Nationales : 72 AJ 73, dossier n° 9 
Jean-Yves Boursier, La guerre de partisans dans le sud-ouest de la France 1942-1944 - La 35e Brigade FTP-MOI, Paris, L’harmattan, 1992.
Michel Goubet, « Bardach Victor (Jan Gerhard) », CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009